Aliénor et les garçons - Romance - TERMINÉ

Chapitre 6✅

Quelques gouttes de sang commencent à perler le long de mes doigts et le serveur près de la porte accourt dans ma direction.

— Mademoiselle, vous allez bien ?

Je regarde mes mains. Je ne me suis jamais blessée aussi bêtement.

— Ça va. Je vous remercie.

Il me tend une serviette et ramasse le reste du verre brisé. Je reste là quelques instants à tamponner ma peau. L'air frais me fait du bien, malgré l'alcool qui prend peu à peu possession de moi. La soirée reprend son cours et je flâne parmi les invités à répondre des choses dont je ne pense pas le moindre mot. Antoine semble très occupé de son côté. Je continue à boire, le champagne est délicieux et c'est comme s' il apaisait les craintes qui me consument face à mon destin.

Puis vient le moment de prendre place à table. Je fais partie de la table d'honneur, celle face à toutes les autres. Antoine me rejoint peu de temps après, je ne lui accorde même pas un regard quand il s'assoit à mes côtés. Je fais comme lui, chacun pour soi. C'est d'ailleurs la première fois que je me fâche ainsi avec lui.

Néanmoins, il essaye d'entamer la conversation. Je n'écoute pas et me contente de répondre après une nouvelle gorgée de champagne :

— Plus tard !

Je ne le regarde toujours pas et ce dernier n'essaye pas d'en dire plus. L'entrée nous est servie, puis le plat. Si le reste de la salle discute avec allégresse durant le repas, ce n'est pas notre cas. D'ailleurs, ni lui ni moi ne mangeons beaucoup. En revanche, je continue de boire, tout me parait plus simple ainsi.

Le tintement d'un verre me sort néanmoins de ma trans. C'est Christian, le père d'Antoine qui s'apprête, si je ne m'abuse, à faire un discours. Génial.

Quand les convives sont à sa merci, il débute :

— Chers amis, chers collègues, mes chers enfants. Je suis ravie de vous avoir tous réunis ce soir et je vous remercie pour votre présence, dit-il en baissant la tête. C'est un honneur pour moi et la famille Valmont d'unir ce soir nos enfants et nos entreprises. Aliénor et Antoine nous comblent de joie. Ils sont trop timides pour montrer leurs émotions, mais je sais à quel point ils sont enthousiastes. Depuis longtemps, nous rêvions de réunir nos deux familles et par la même occasion, nos deux entreprises. Grâce à nos enfants, c'est enfin le cas. Merci à vous donateurs et donatrices. Nous espérons une belle montée en puissance pour nos entreprises et pour vos actions, ajoute-t-il avec une touche d'humour dans la voix. En l'honneur d'Antoine et de sa chère compagne Aliénor, je porte un toast et je vous souhaite à tous de passer une excellente soirée.

Les invités applaudissent ou lèvent leurs verres en notre direction. Je souris de façon carnassière. Un discours plus mensonger, tu meurs. Je me retiens de rire. Antoine se lève soudain et lui aussi prend la parole. Tiens, ça non plus, je ne le savais pas. Bizarrement, on ne m'a pas demandé de parler. A-t-on peur que je ne sois pas à la hauteur ?

Malheureusement pour Antoine, je n'écoute rien de ce qu'il dit. Je crois entendre vaguement une sorte de déclaration d'amour, suivie de quelques chiffres sur les rentabilités des entreprises. Je continue malgré tout de sourire niaisement. J'espère ne pas ressembler à une folle, car mon sourire est vraiment exagéré.

— Dans deux minutes, nous allons ouvrir le bal, j'espère que tu es prête, me souffle Antoine dans l'oreille.

Il ne manquait plus que ça !

— Oh génial ! Je suis ravie de l'apprendre, je réponds hilare.

La salle se plonge trop vite dans une ambiance intimiste et Antoine me fait signe de le suivre. Encore un peu consciente du rôle que je dois tenir, je le suis vers la piste de danse, ma main dans la sienne.