CHAPITRE 36

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Les cris.

Il n'y avait que cela qu'elle pouvait entendre. Malgré la musique des écouteurs qu'elle avait enfoncé dans ses oreilles, elle continuait de les entendre. Recluse dans sa chambre, la jeune fille lisait son livre en espérant faire passer ce moment. Elle ne voulait supporter une énième dispute qui pourrait affecter son coeur.

Lilith était âgée de neuve ans. Ces cheveux naturellements noirs étaient attachés en une petite couette qu'elle avait fait elle-même, sa mère n'ayant nullement envie de s'occuper d'elle.

C'était ainsi et elle en avait l'habitude. Sa mère, Betsy, n'était qu'une vulgaire mégère qui refusait royalement de reconnaitre la jeune Elizabeth comme étant sa fille. Elle était agacée de devoir la garder sous son toit et payer pour ses besoins. Lilith n'eprouvait aucun sentiment affectif envers elle, Betsy Morrigan n'était que sa babysitter. Enfin, c'était un grand mot, elle enfermait Lilith dans sa chambre et lui ramenait un vieux sandwich une fois sur deux.

Le petit corps amaigri de Lilith témoignant de son manque de nourriture. Elle arrivait à se procurer en cachette des petits gateaux de temps en temps mais il ne suffisait pas à rassasié la petite.

— Elle vient avec moi. Entendis Lilith en reconnaisant la voic de son père, Kenny Morrigan.

Elle vivait avec sa mère car ses parents étaient séparés bien avant sa naissance. Elle le voulait les week-ends mais cela ne semblait pas suffir à son père. Il voulait sa garde. Betsy s'en fichait de Lilith mais elle refusait de la donner à Kenny, elle voulait le voir souffrir.

Le juge m'a donné la garde d'Eli, elle reste avec moi.

La jeune Lilith se demandait pourquoi ses voix étaient aussis distinct. Elle retira son casque et éteignit son MP3 avant de se rendre compte que les voix se trouvaient desormais derrière sa porte. Elle rangea son livre. Livre qu'elle avait volé dans la bibliothèque de sa mère. Si elle venait à le voir, elle se prendrait sûrement des coups.

Elle venait de recouvrit le livre de son cousin quand la porte s'ouvrit brusquement dévoilant ses deux parents. Betsy était une femme assez petite et pottelée, avait une chevelure noire bouclée. Son accoutrement démontrait bien la femme qu'elle était. Un vieux t-shirt délabré qui était remplie de tâches d'huile et de nourriture. Lilith salivait en voyant la tâche de Ketchup sur le haut de sa mère.

Elle avait terriblement faim.

— Mon amour. Kenny enjambant les jeux qui trainaient au sol et prit sa fille dans ses bras. Elle le calina en retour enfouissant sa tête dans sa nuque.

Betsy regardait la scène les mains sur les hanches. Elle grogna avant de taper du pied signalant sa présence. Bien qu'elle soit plus âgée que Lilith, elle avait toujours ressenti de la jalousie envers elle. Car Lilith avait su capturer le coeur de Kenny et pas elle.

Tu rentres avec papa. susurra son père faiblement avant de la soulever afin de la porter hors de sa chambre. Regarde comment elle est légère comme une plume. Tu lui donne à manger ?

Bien sûr, elle mange beaucoup même. Hein Eli, tu aimes les petits plats de maman ? Betsy se lova contre Kenny, il la repoussa de suite. Elle caressa les cheveux de Lilith avant de tirer discrètement dessus.

humun, les plats de maman sont très bons. Peu convaincu par son mensonge, Betsy tira de nouveau dessus. Vraiment très bons.

Il n'empêche qu'elle vient avec moi.

— Non.

Mais Kenny n'écoutait déjà pas. Il était plus fort que Besty et il la poussa afin d'emmener sa fille hors de cette maison de malheur. La maison de Besty était dans un état déplorable, elle était dans un bordel pas possible. Les sachets de fast-food s'accumulaient dans la cuisine. La poubelle était remplis. L'odeur était insupportable. Lilith froissa son nez, à force de rester dans sa chambre — qui était parfaitement rangée et colorée — elle n'avait jamais remarqué cette odeur jusqu'à aujourd'hui.

Une fois dehors, la porte s'ouvrit sur une vielle voiture rouge. Lilith plissa les yeux en voyant un homme sur le siège passager. Sa vue se detailla laissant ainsi apparaitre un jeune homme asiatique. Le cure dent qui tenait entre ses dents fut rapidement projeter au sol. Il sortit agilement la voiture avant d'ouvrit la porte arrière.

Tiens, c'est mon ami Sean. Va avec lui, j'arrive.

Quand ses pieds rencontrèrent le sol, lilith hésita. Son père lui offrit un regard rassurant avant de lui souffler à l'oreille qu'il avait des bonbons pour elle. Elle fut de suite charmer et accourut vers la voiture ravissant son père. Il devait éloigner son bébé de ce monstre.

Salut Minimoys !

— Je m'appelle Élisabeth.

— C'est un joli prénom mais je trouve qu'il ne te va pas.

Betsy m'appelle Eli, tu peux m'appeler Eli.

Sean réfléchi avant de regarder les parents de la petite qui était encore en train de se disputer. Besty en larmes; fausses larmes, donner de légers coups à Kenny qui la maintenait fermement. La scene aurait pu être touchante s'il ne s'agissait pas de Besty. Sean augmenta le volume de la radio. Il passait une chanson sortie en 2003, une chanson peu connu en États-Unis car c'était une musique française. Sean Yamamoto était originaire du japon mais il avait majoritairement vécu en France.

Il s'agita au rythme de la musique amusant Lilith qui le trouvait ridicule.

Je sais, Lilith.

— Lilith ?

— C'est le titre de la musique... Lilith ça te va !

— Ce n'est pas le nom d'une démone.

Ça tombe bien, être un ange c'est devenu démodé dans ce monde cruel.

C'est vrai. Elle ne l'avait pas compris étant petite mais maintenant elle savait ce que voulait dire Sean. Il ne faisait pas allusion au Monde basique dans lequel elle avait grandi mais plutôt au Monde sordide dans lequel Kenny et lui baignait. Un monde bien trop mesquin qui engouffra Lilith à la minute même où son père ferma la portière de la voiture.

Les cris n'ont jamais cessé. Ils ont fait naitre les pleurs, la souffrance et la douleur. Parce que les cris sont ancrés en Lilith comme elle est marquée par les coups de la vie.

Ses pupilles s'ouvrirent légèrement quand elle sentit une larme couler sur sa joue. Malgré son lourd sommeil, elle parvint à sentir le goût salé de son unique larme qui trouva rapidement refuge dans sa nuque. Elle ne prit la peine de l'essuyer et se retourna dans son matelas. Desormais, elle faisait face au cadre fissurer. À la vue de celui-ci, elle emit un sourire desireuse de retourner à cette époque. Celle où tout semblait plus facile.

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