House Of Cards

CHAPITRE 41

C'était plutôt calme à la maison, pourtant il ne s'agissait pas d'un silence prospère, mais d'un calme considérable avant la tempête. À l'aube du chaos que serait l'arrestation des deux frères russes, plus personne n'osait se faire remarquer. Visiblement, tous étaient occupés à élaborer des stratégies contre leurs confrères. Cadran avait eu le bon soupçon dans son enquête sur Maria ; elle était bien plus qu'utile, peut-être un peu trop. Nilson n'avait clairement pas confiance en la jeune femme. La confiance, c'était bien ce qui manquait aux membres de la Maison des Cartes. Il avait fait part de ses doutes à Axton, mais celui-ci ne trouvait rien à redire sur Maria.

- Sérieusement ?

- C'est juste pour avoir des informations.

Avoir Maria à leurs côtés était plutôt avantageux, mais son rôle serait surtout plus utile si elle renouait avec Paul. Cette idée de Cadran semblait surréaliste pour la jeune femme, et il y avait de quoi. Paul avait pourri sa vie en l'envoyant à ses dépens en prison. Désormais, elle devrait retourner à ses côtés comme si de rien n'était.

Réunis dans l'un des salons de la maison, Maria fixait le blond en attendant qu'il ne désamorce la bombe qu'il venait de poser entre ses mains. Le jeune homme passa nerveusement sa main dans ses cheveux, jetant un regard alarmé à Axton. Le noiraud lui fit bien comprendre que ce n'était pas son problème.

Les bras croisés contre son torse, Axton prit finalement place sur l'un des canapés, laissant Cadran guider cet entretien. Il pouvait être casse-pieds quand il le voulait. Ce fut la pensée de Cadran avant que son attention ne soit dirigée de force vers Maria.

- Il va savoir que c'est un piège.

Paul n'était pas dupe. Le retour inopiné de Maria dans sa vie ne pouvait qu'être synonyme de vengeance. Il fallait être naïf pour penser que cela pouvait marcher. Cadran était naïf, mais il avait confiance en sa naïveté.

- Oui, mais tu pourrais essayer de le convaincre ?

Peu sûr de lui, la voix du blond s'éteignait dans sa gorge alors qu'il tentait désespérément de solliciter la noiraude. Elle plissa des yeux en se pinçant les lèvres. Il est vrai que c'était une bonne actrice, mais de là à berner Paul Kiannov, il fallait être sacrément suicidaire.

Maria réfléchit un moment. Face à elle, Cadran était stressé à l'idée qu'elle refuse. Il avait basé ce plan sur la présence de Maria, et si elle décidait de passer son chemin, ils devraient dire adieu à l'arrestation de Paul.

- Écoute. Soupira-t-elle en s'approchant dangereusement du blond. Je veux bien accepter... mais, s'empressa-t-elle de dire en le voyant déjà tout agité, je ne dois avoir aucun contact avec l'un d'entre vous. Il va essayer de fouiller dans mon passé pour voir ce qui me motive à retourner vers lui.

C'était bien un point auquel il avait pensé, il était sur le coup. Aucun message, aucun appel, aucun contact... il serait bien compliqué de suivre Maria dans cette mission, mais il avait préparé en amont un tas de petits gadgets pour qu'ils puissent tout de même discuter.

- Et si jamais je me fais repérer. Les doigts de Maria virent s'accrocher à la chemise de Cadran avant de venir pincer son torse à travers le tissu. Tu viveras avec ma mort sur ta conscience.

- Si tu fais bien ton travail, personne ne mourra. La main d'Axton vint taper doucement celle de Maria. Il avait quitté son canapé pour rejoindre le duo, sa fidèle expression sérieuse au visage. Il gardait en tête les réticences de Nilson, d'où son attitude plutôt froide envers Maria.

L'asiatique observait d'un air mauvais Axton, elle le devisagea avant de croiser ses mains contre sa poitrine, un sourire narquois glissant sur ses lèvres.

- Je ne t'aime pas toi.

- Suis je censé en avoir quelque chose à faire ? Répondit il sans attendre, ce même sourire narquois aux lèvres.

Maria roula des yeux en detournant le regard, fusillant cette fois ci Cadran. Elle prit le temps de lui répéter toutes les conditions à suivre pour que cette filature soit crédible.

- Tu ne comprends pas, c'est une vipère !

Les yeux roulant de Paula virent se posèrent sur Nilson. Elle le poussa légèrement alors qu'elle portait dans ses mains un plat de patate encore fumantes. La brésilienne se déplaça dans la cuisine en soufflant sur le plat afin de le refroidir. Pas très loin, Kaia coloriait ses dessins. Paula jeta un furtif coup d'oeil à sa fille avant de poser le plat sur le plan de travail. Dans son dos, Nilson suivait ses pas venant même empiéter son espace personnel.

- Nilson.

- Ça sent bon. Dit il par dessus l'épaule de Paula, elle le repoussa agacée mais il persista. Le noiraud prit une fourchette avant de prendre une bouchée du gratin, un peu trop chaud pour son palais.

- Bien fait, maintenant laisse moi.

- je ne la sens pas.

C'était le seul discours dont Paula avait le droit depuis qu'ils avaient fait un debriefing avec les garçons. Enfaite, Nilson n'avait que la Maison des Cartes à la bouche. Rien d'autres, ça en devenait lassant pour la mère de famille. Déjà qu'elle était obligée de passé ses journées dans ce manoir, ridiculeusement immense, elle devait aussi supporter les conversations ennuyantes de Nilson.

Elle l'aimait, ce n'était pas le problème mais il ne semblait pas avoir compris le principe de " vacances ". Depuis qu'il avait prit du temps pour lui, il n'avait pas arrêté de ramener la maison des cartes sur le sujet. Paula préférait échanger sur des sujets plus communs comme la cuisine, leur fille ou des séries. Leur centre d'intérêt étaient bien différents, c'était pour cela qu'elle l'avait quitté dans un premier temps.

- On va passer à table, Kaia va te laver les mains.

La petite fille leva les yeux vers sa mère avant d'hocher la tête en sa direction, abandonnant très rapidement ses coloriages. Paula observa sa fille quitter la pièce puis elle se concentra sur Nilson, son front froissé par l'agacement.

- Je ne comprends pas, pourquoi tu t'en soucis encore ?

- Parce que ce genre de personnes, on ne peut pas leur faire confiance. Il rappliqua en piquant une seconde fois dans le gratin, Paula lui donna une tape pour qu'il arrête.

- Tu ne l'as connais pas, peut-être qu'elle est gentille ! Elle tenta mais Nilson semblait mitigé. Paula souffla en entourant ses mains autour de la nuque de l'homme. Ne juges pas sans connaitre.

Elle avait peut-être raison. Nilson ne connaissait pas Maria comment pouvait il la juger ainsi ? Il avait seulement peur des répercussions que cela pouvait avoir si il s'avérait que ce n'était qu'un espion. Ils étaient si proche de la fin que le portugais en devenait paranoïaque. Heureusement que Paula était là pour le raisonner, il aurait continué de débattre pendant des heures.

- Bien. Mais je garde un oeil sur elle.

- Tu devrais y retourner. Déclara Paula.

Il était surpris d'entendre ses mots de la part de la noiraude, notamment car c'était elle qui lui avait conseillé de partir. Il en avait eu envie sur le moment mais avec du recule, il était desireux de rentrer à la Maison.

Les iris bleutés du jeune homme se posèrent sur Paula, il inclina la tête sur le côté, un demi sourire aux lèvres.

- Mais.. tu es sûre ?

- On va s'en sortir, mais tu dois être sur place. Si tu as besoin de moi, tu m'appelles.

Il hocha la tête, peu certain d'avoir besoin de la jeune femme et pourtant.