32 - MIRABELLE

56 12 54
                                    

Comment osait-il ?

Mirabelle claqua la porte de sa chambre avec toute la force dont elle était capable. Sa colère l'aveuglait au point d'abandonner toute mesure et elle se moquait bien de ce que pourraient penser les autres clients de l'auberge.

Vous préférez vous voiler la face plutôt que de prendre le moindre risque.

Vous avez peur.

Le souffle court, elle colla son front contre le battant en crispant ses poings. L'envie de casser quelque chose courrait dans ses veines. Si elle avait encore eu le moindre contrôle sur la magie, elle aurait projeté son pouvoir sur tous les globes de la ville et les aurait fait exploser un à un. De la rage pure avait remplacé son sang, et faute de flux, elle ne savait pas très bien contre quoi la diriger.

Un mouvement à la périphérie de son champ de vision la fit sursauter. Une main se plaqua contre sa gorge et la repoussa violemment contre le mur. En un battement de cil, toute sa rage s'évanouit remplacée par une terreur froide.

— Comme on se retrouve, susurra une voix mauvaise contre son oreille.

Elle écarquilla les yeux et ouvrit la bouche, à la recherche d'oxygène tandis qu'un homme vêtu de noir comprimait sa trachée.

Son visage grisâtre la sondait avec une expression impassible, dénuée de la moindre émotion. À travers le brouillard paniqué qui envahissait son esprit, son nom s'imposa à elle.

Pierre de Villiers. Le secrétaire du recteur.

L'assassin du haut mage.

Elle rua contre sa poigne, et accrocha ses ongles contre sa main gantée.

Une sensation de fourmillement grimpa le long de ses membres. Des larmes affleurèrent à ses yeux alors que le flux prenait peu à peu le contrôle de son corps pour mieux l'immobiliser.

— Je sais que tu n'as plus une once de magie en toi, n'essaye même pas de lutter, petit oiseau. Je vais te poser une question. Une question très simple. Si tu chantes trop fort, je te promets de faire céder ton cœur minuscule avant que quiconque n'ait le temps de voler à ton secours. Tu as compris ? Hoche la tête.

Elle obéit, le corps tremblant.

— Bonne fille.

Il relâcha doucement la pression sur sa gorge et elle aspira une grande goulée d'air.

— Où est le cristal ?

— Au fond de la mer.

Aussitôt, l'homme resserra sa prise et cogna sa tête contre le mur. Des étoiles dansèrent dans son champ de vision.

— N'essaye pas de mentir. Je le sens. Il est quelque part ici.

Mirabelle ouvrit de grands yeux.

— Où est-il ?

— Je... je ne sais pas.

Dans le silence qui suivit, des claquements résonnèrent sur les marches de l'escalier.

Pas Antoine, pria Mirabelle incapable de réprimer l'angoisse qui remontait jusque dans sa gorge étranglée. Pas lui...

— Je devrais peut-être poser la question à ton ordinaire... Qu'en penses-tu ? Est-ce qu'il chante mieux que toi ?

Son regard s'écarquilla de panique. Elle hoqueta tandis qu'un sourire mauvais fendait le visage de son agresseur.

— C'est bien ce que je pensais.

Les Accords ÉlectriquesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant