365 Jours avant la Mort - [Terminée]

Chapitre 7

"I've got a war in my mind"

Cette phrase tourne dans ma tête tandis que nous marchons le long des rues désertes à cette heure de la journée. Les voix dans mon esprit semblent s'être calmées pour un moment. Je ne me pose pas de questions sur ce qui m'arrivera lorsque je rentrerais chez moi ce soir et que je serais seule, sans personne pour sécher mes larmes. Pour l'instant, cela m'est égal, et j'essaie d'en profiter.

Luke se racle la gorge pour attirer mon attention et je tourne la tête dans sa direction. Il s'est arrêté sur le bord de la route et m'observe attentivement.

-      Tu sais, Allison adorait les chansons de Lana Del Rey, commence-t-il. Et certaines de ses paroles me reviennent parfois en tête. Par exemple, je me souviens qu'elle disait: "I'm tired of feeling like I'm fucking crazy" (1). Et ça me fait un peu penser à toi.

(1) Ride (album : Paradise (2012))

-      Ah ? Pourquoi ?

Ses yeux se plissent lorsque son visage se fend d'un doux sourire.

-       Ça signifie qu'elle est fatiguée de faire comme si elle était putain de folle. Alors qu'elle ne l'est pas. Et toi, tu fais comme si tu étais putain de triste, alors que tu ne l'es pas.

Mon sang se glace dans mes veines. Pourquoi est-il si méchant, tout d'un coup ? Qu'est-ce que j'ai dit de mal ? Qu'est-ce que j'ai fait qui ne lui a pas plu ?

-      Pourquoi est-ce que tu dis ça ?

-      Parce que c'est vrai

-      Non bien sûr que je suis triste, je le suis bien plus que tu ne le penses. Après tout, tu ne peux pas savoir ce que je ressens, toi !

Il ouvre de grands yeux et croise les bras sur sa poitrine, toujours souriant.

-      Tu penses que je ne comprends pas à quel point tu te sens mal ? J'ai perdu ma copine Diana ! Et, bon sang, je ne saisis pas ta logique. C'est insensé, la façon dont tu vis. Tu ne peux pas avoir envie de mourir juste parce que ton ami s'est tué pour rejoindre sa mère. Il l'a retrouvé, maintenant. Il n'a plus besoin de toi.

Ma gorge se sert à son tour et les larmes me montent aux yeux. Mais je fais tout pour les retenir. Je ne veux pas qu'il pense que ce qu'il me dit m'atteint en plein dans le cœur, comme une flèche.

Je suis désolé de la façon dont je t'annonce les choses, Diana. Mais regarde : est-ce que moi je me suis tuer après la mort d'Allison ? Non. Alors s'il-te-plait, crois-moi lorsque je te dis que tout cela est ridicule.

J'avale difficilement ma salive et tous mes sanglots par la même occasion. De quel droit me dit-il toutes ces méchancetés.

-      Tais-toi. Tais-toi. Tais-toi, Luke, je t'en prie. Tu ne sais pas de quoi tu parles, je te le jure. Tu ne le connais pas, tu ne la connais pas, tu ne me connais pas, tu ne connais personne dans cette histoire. Je t'en supplie, ferme-la et arrête de dire des choses comme celles-là.

Il pousse un soupir et cesse de parler, dans un dernier élan d'espoir pour me ramener à la raison. Il secoue la tête et reprend sa route. Je le suis de quelques pas.

Pourtant, il ne résiste pas bien longtemps à la tentation.

–       Tu sais quoi ? me questionne-t-il d'un ton sec.

Je secoue la tête. Je voudrais juste qu'il m'écouté et qu'il se taise, une bonne fois pour toutes.

–       Tout ce que tu fais, c'est une dépression. Tu es en dépression, Diana. Et tu ne peux pas le nier, simplement parce que tu le sais au fond de toi.