Chapitre 5 - (1. + bonus)

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CHAPITRE 5

Partie 1 + bonus

Le moment est venu pour moi de raconter mon histoire. Et je n'ai pas hâte du tout. J'aimerais me fondre dans le sol pour échapper à mon destin. Je suis si effrayée de parler de ce qui me hante depuis 336 jours...

J'ai le choix entre la vérité, triste et destructrice, ou un mensonge monté de toutes pièces. Mais il m'a fait confiance, il a joué le jeu, alors je lui dois bien ça, non ?

-      Qu'est-ce qu'il t'arrive ? me demande-t-il tandis que je dépose notre vaisselle sale dans l'évier.

-      Rien.

-      Menteuse.

Je ne réponds pas et me contente d'essuyer mes mains mouillées dans un torchon. J'aimerais savoir comment il fait pour toujours décrypter ce que je pense.

Je ne sais pas vraiment par où commencer mon récit. Tout n'est qu'un tourbillon noir dans ma tête, semblable à une feuille entièrement griffonnée au stylo noir, froissée, puis jetée dans le feu.

Je sais qu'il ne me jugera pas, du moins, pas à voix haute. Il ne pourra s'empêcher de penser au fond de lui que je suis encore plus folle que ce qu'il croyait, suite à la dernière fois. Mais importe, j'en ai assez de tout garder pour moi.

-      Tu n'as pas envie de me parler ? demande-t-il en se rapprochant de moi.

Je m'adosse au comptoir et détaille son visage du regard.

En fait, je me rends compte qu'il n'est pas seulement mignon, mais qu'il est vraiment beau. Ce n'est pas le genre de beauté éphémère que l'on pourrait croiser n'importe quand, n'importe où. Des gens beaux, il y en a des tas.

Lui, c'est différent. Il est simple, il n'a pas les yeux d'une couleur complexe. Il a le visage bien proportionné, des lèvres qui ne demandent qu'à être embrassées, et un regard peu amical, presque aussi sombre qu'une nuit d'hiver. Mais une nuit où tout irait bien, dans un monde où je serais vivante, pour de vrai, sans chagrin m'obstruant le cœur.

C'est vrai, il n'a rien de particulier. Mais je sais que dans vingt, trente ou cinquante ans, il sera toujours aussi attirant.

Je lance un regard dans sa direction. Ses yeux sont rivés sur mon visage. Il m'encourage à parler d'un signe de tête. Et moi, je reste pétrifiée sur le carrelage froid de la cuisine.

-      Diana ? Tu es sure que tu vas bien ?

Je me retiens de lever les yeux au ciel. Non, je n'en suis pas sure. Ou plutôt, si. Je suis sure que je vais mal. Ah ça oui, je le sais par cœur. Après tout, à quoi je m'attendais ? A m'assoir tranquillement sur une chaise et à déblatérer sur chaque chagrin qui me cloue au sol et qui m'ôte toute envie de vivre ? Bien sûr que je n'y arriverais pas. Je ne suis pas comme lui, moi. Je ne suis pas capable de parler de ce qui me fait mal.

-      Je suis désolée, dis-je en me prenant la tête entre les mains. Je suis tellement désolée.

-      Diana, souffle-t-il en faisant un pas dans ma direction.

Il tend la main vers mon corps mais je me décale rapidement. Je ne veux pas qu'il me touche. Je ne veux pas qu'il sache, je ne veux pas qu'il m'aide. Je ne veux pas, je ne veux plus. Je n'ai jamais voulu. J'ai juste besoin qu'il quitte ma maison. J'ai tellement l'habitude qu'elle soit vide que j'ai l'impression que je vais étouffer s'il reste plus longtemps.

-      J'ai... je..., bégayé-je.

Mes mains se mettent à trembler et mes jambes semblent s'être transformées en coton.

365 Jours avant la Mort - [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant