Chapitre 21

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       Le lendemain, lorsque je suis sur le chemin du lycée et que je me rapproche considérablement de la grille, un tas de questions se pressent dans ma tête. J'ai mal dormi cette nuit. Je pensais trop, c'était insupportable. J'aurais voulu sortir de mon corps et partir pour un endroit plus tranquillement. Et pourtant, j'étais bloquée dans ma personne, les yeux rivés sur le plafond, immobile sur mon lit. Je ne savais pas, et encore maintenant que je marche dans la rue, je ne sais pas comment réagir vis-à-vis de Luke. J'ai espéré qu'il m'envoie un message pour excuser sa conduite, mais mon portable aurait aussi bien pu rester éteint toute la soirée : ça m'aurait évité d'attendre impatiemment un signe de sa part. A la limite, j'aurais préféré qu'il me reproche quelque chose, qu'il fasse la liste de mes défauts et me dise tout ce qui cloche chez moi. Mais non, silence radio. Et c'est très frustrant lorsque la personne qu'on aime le plus nous ignore, c'est à ce moment qu'on se rend compte qu'on est réellement dépendant d'elle.

Bien avant de traverser la dernière rue qui me sépare du lycée, je remarque que Luke est adossé à la barrière, le regard dans le vide. Je m'approche et fais comme si je ne l'avais pas vu, mais au moment de passer devant lui, il semble reprendre ses esprits et me lance un grand sourire, comme si rien n'avait changé entre nous. Je me concentre de toutes mes forces pour résister à ce sourire de dieu grec. Bon sang, il ferait tomber n'importe qui...

-      Salut, comment tu vas ? me lance-t-il.

-      Hum... On se connaît ?

Son regard change aussitôt. Peut-être qu'il n'a pas encore mesuré l'ampleur des dégâts de sa bêtise, peut-être qu'il ne sait pas à quel point je boue au fond de moi. D'ailleurs, en me réveillant ce matin, j'étais tellement énervée que je me sentais bien. Ça faisait si longtemps que je n'avais pas ressenti quelque chose, et d'être enfin actrice de ma vie, et de savoir que les choses pouvaient encore me faire réagir, c'était très agréable. Comme si l'on annonçait à un malade qu'il était guérit d'une partie de sa douleur.

Il rigole et me tape doucement sur l'épaule.

-      Alors ? Tu vas bien ? insiste-t-il.

Je ne réponds pas et pince les lèvres, fermée à toute conversation. Je dois rester sérieuse et ne pas craquer.

-      Qu'est-ce que t'as, Diana ?

-      Excuse-moi, mais vraiment, je ne vous reconnais pas.

-      Diana, qu'est-ce que tu me fais ?

J'accélère le pas et passe devant lui pour éviter tout conflit. Mais lorsqu'au bout de quelques mètres il ne m'a toujours pas retenue, je doute sérieusement qu'il le fasse un jour. Je me retourne. Lui n'a pas bougé. Il m'observe, ses yeux plantés dans les miens. Peut-être qu'il cherche quelle bêtise il a faite. S'il savait que la seule qu'il n'ait jamais commise était de m'avoir parlé ce fameux jour, en classe.

–       Diana, est-ce que tu vas m'expliquer ce qu'il se passe ou bien tu comptes me laisser mariner deux heures comme ça ?

–       Je ne devrais même pas te parler, tu sais ?

Il fronce les sourcils et se rapproche en deux enjambées. Il est si près de moi que je peux sentir son souffle chaud sur mon visage.

–       Dis-moi, tranche-t-il d'une voix grave et à la fois sensuelle, provoquant un frisson dans tout mon corps.

Je ne résiste pas et cède.

–       Pourquoi est-ce que tu as fait comme si je n'existais pas, hier, chez toi ? Tu agissais comme si je t'embêtais, comme si tu ne voulais pas de moi ; plus de moi.

365 Jours avant la Mort - [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant