Chapitre 11 - part. 1

495 49 0
                                    

        Je m'avance lentement vers ma mère, curieuse de savoir de quelle manière elle réagira lorsque je lui dirais qu'elle sera seule pour Noël. Même si elle n'est pas d'une compagnie incroyable, ni même tout juste agréable, j'ai toujours passé les fêtes avec elle.

–       Maman ?

Elle ne lève même pas la tête, le nez plonger dans sa tasse de thé fumante. Elle marmonne un petit « hum » discret et tourne la page du journal.

–       Je ne serais pas là pour fêter Noël.

Sa main se fige au-dessus de sa tartine et elle lève enfin les yeux vers moi.

–       Comment ça, tu ne seras pas là ?

–       J'ai été invité chez un... chez un ami.

Alors que je m'attends à ce qu'elle s'énerve et m'interdise de sortir, elle éclate d'un rire tonitruant en balançant sa tête en arrière.

–       Qu'est-ce qu'il y a de si drôle ?

Elle essuie une larme qui perle au coin de son œil et me lance un regard moqueur.

–       Parce que tu as des amis, toi, maintenant ?

Je soupire et saisi un paquet de biscuits dans le placard. Inutile d'arriver en retard en cours à cause de ma mère qui n'en a vraisemblablement rien à faire de mon absence.

Je me sers un verre d'eau que j'avale rapidement et jette mon sac sur mon épaule.

-      Tu sais maman, je n'étais même pas obligée de te prévenir. J'aurais simplement pu te poser un lapin, et tu m'en aurais voulu.

Elle lève les yeux au ciel et heureusement pour elle qu'il y a cette force invisible qui retient mes nerfs de craquer. Alors je ne m'attarde pas plus et quitte la maison. Sur le chemin qui me mène au lycée, je me pose tout un tas de questions. Est-ce que cette relation calamiteuse avec ma mère serait de ma faute ? Serait-ce moi, dans l'histoire, qui gâcherait tout ?

Une main sur mon épaule coupe court à mes réflexions. Je sursaute violement et fais volte-face. Luke se tient devant moi, hilare.

-      Bah quoi ? demande-t-il en voyant mon visage, dénué de sourire.

-      Je t'ai déjà dit d'arrêter de me faire peur.

Il  lève ses mains dans un signe d'innocence et je rigole.

-      Vraiment désolé.

-      C'est rien. Ne t'en fais pas.

Je me retourne et poursuit mon chemin mais il attrape fermement mon bras et m'attire à lui. Je manque de trébucher et me retrouve contre son torse, ses bras enroulés autour de moi.

-      Je suis désolé pour hier, murmure-t-il dans mes cheveux.

Je frissonne lorsque son souffle entre en contact avec ma peau et ferme les yeux. Je me détache lentement de lui et me force à croiser son regard.

-      Merci pour ton invitation.

Il sourit et passe son bras autour de mes épaules tandis que nous continuons notre chemin. Voilà comment faire de ma journée quelque chose qui vaut un peu plus la peine d'être vécue.

Dans le couloir, nous croisons Caitlyn et son inséparable bande de petits chiots apeurés. Bizarrement, lorsque je suis avec Luke, je n'ai pas peur de ce qu'elles pourraient me dire ou me faire. En fait, je n'ai même pas peur de ce qu'elles pourraient penser de moi. Je me sens invincible. Inatteignable.

Les jours suivants se déroulent de la même manière. Luke et moi faisons connaissance à petite vitesse, mais je suis heureuse d'avoir un ami, si je puis dire, à mes côtés. Je suis contente qu'il soit là pour moi, et mine de rien, il me fait de la compagnie. D'ailleurs, en ce moment, entre ma mère qui ne m'adresse plus que des regards noirs et Caitlyn qui cherche tous les moyens pour approcher Luke, ce dernier constitue à peu près la seule personne que j'arrive à supporter. Je n'ai pas l'habitude d'être sur les nerfs, mais je me suis découvert un côté possessif. Au début, je ne comprenais pas vraiment ce qu'il se passait, cette sensation au fond de moi chaque fois que Caitlyn approchait Luke, comme si l'on touchait un bien qui m'étais précieux. C'est surement le cas, d'ailleurs.  Je me surprends à me dire qu'il ne s'agit en rien de jalousie, mais je ne suis pas dupe envers moi-même. Je sais bien que si le voir si proche d'une fille – et pas n'importe laquelle – me dérange, c'est que quelque part, il est important pour moi.

-      A quoi tu penses ?

Je tourne la tête vers lui, un sourire sur les lèvres.

-      A rien.

Il penche la tête sur le côté et lève les yeux au ciel.

-      Pourquoi tu mens ?

Je pouffe de rien et avance légèrement dans la file d'attente. Voilà une semaine qu'il insiste pour m'emmener au cinéma. J'ai fini par céder, me disant que ce ne serait pas si catastrophique. Et il est bien clair entre nous que ça n'a rien d'un rendez-vous amoureux. Juste une sortie entre ami, voilà tout.

-      Allez, dis-moi à qui tu penses.

-      Je me disais que Noël approchait à grands pas.

Je sais que c'est mal de mentir. Ma mère me le disait toujours. Mais parfois, ça sauve certaines situations.

-      Tu es contente ?

-      Oui. J'ai hâte de faire connaissance avec ta famille.

Il hoche la tête et me sourit gentiment, tout en piquant un popcorn dans mon pot. Encore une fois, je suis obligée de mentir. Bien sûr que je suis heureuse de fêter Noël avec lui. Ce sera certainement le meilleur Noël depuis longtemps. Mais je n'ai pas vraiment « hâte », non. Je ne saute pas de joie à l'idée de rencontrer sa mère. Je suis surtout stressée et  angoissée. Les rapports humains et les sourires jusqu'aux oreilles, ce n'est pas vraiment mon truc. Le contact des gens et l'humour recherché non plus, d'ailleurs.

Ainsi, la veille du jour de Noël, alors qu'il ne me reste que 11 jours à vivre, je me réveille au milieu de la nuit, complètement paniquée : j'ai totalement oublié d'acheter un cadeau pour Luke. Il m'avait fait promettre de ne rien lui acheter, ni à lui ni à sa mère, et j'avais promis, mais je le regrettais. Je veux dire, il embellit ma vie de tous les jours, il me fait cadeau de sa bonne humeur tous les jours, il prend soin de moi, il fait toujours passer mon bonheur avant le sien, et ça compte énormément pour moi. Même mes parents n'en ont pas fait autant pour leur fille unique.

Je sors de mon lit, le visage dégoulinant de sueur et cours dans la salle de bain afin de m'asperger d'eau fraîche. J'ai la tête qui tourne, si bien que je dois m'assoir quelques minutes sur le bord de la baignoire, afin de réfléchir à tête posée.

Une fois les idées bien claires,  j'allume la lumière de ma chambre et parcourt ma bibliothèque des yeux. J'ai bien quelques vinyles, ici et là, mais pas sure qu'il ait un tourne-disque. Alors, faute de mieux, j'allume mon ordinateur et grave sur un CD vierge une liste des chansons qui me parlent le plus. Je trouve cela plutôt pathétique et en même temps assez ridicule, comme cadeau de Noël, mais je suis totalement désœuvrée. Quelque peu rassurée de ne plus débarquer les mains vides chez mes hôtes, je retourne me coucher.

______________________

Comme vous avez pu le voir dans le titre, cette histoire est en pause. Mais je continuerais de poser des chapitres quand ils seront corrigés, seulement, ce ne sera pas à un rythme défini donc ça peut varier 😇

Merci de votre lecture ❤️

365 Jours avant la Mort - [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant