Chapitre 9 - part. 1

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«Are you insane like me? Been in pain like me?»
Gasoline // Halsey (2015)

J'ai la fâcheuse tendance à douter de tout, même lorsqu'il n'y a pas lieu d'avoir des doutes. Par exemple, je ne pense pas que Luke parviendra à me sauver. Il n'y a arrivera pas, c'est sûr. Mais j'ai tellement envie d'essayer d'aller mieux, j'ai tellement envie de lui faire plaisir et de lui donner la possibilité de faire son possible.

- Qu'est-ce qu'il t'arrive ? demande-t-il d'un air soucieux.

- Rien.

- Si, je vois bien que quelque chose va mal.

Je lève les yeux au ciel. Ça c'est clair. Et il n'y en a pas qu'une, de chose.

- Viens là, me dit-il en tendant son bras.

Il me sert contre lui, et je me blottie contre son corps chaud.

- J'ai envie de te montrer quelque chose, souffle-il dans mon oreille, provoquant un frisson dans la totalité de mon corps.

- Quoi ?

- Tu verras.

Son sourire en coin n'annonce rien de bon. Mais je vais jouer le jeu. Je lui fais confiance.

Je le suis jusqu'à l'étage. Nous entrons dans une pièce, elle aussi très jolie. Je crois que sa mère a beaucoup de gout. Il ouvre la fenêtre et se tourne vers moi.

- Donne-moi ta main.

J'hésite une demi-seconde. Une voix dans ma tête me souffle d'arrêter les bêtises. Mais qu'ai-je dis tout-à-l'heure ? Il faut vivre sa vie. Même lorsque les jours sont comptés. Je pose ma main dans la sienne et il enroule ses doigts sur ma paume. I me tire doucement et m'aide à monter sur le toit de la maison.

- Pourquoi est-ce que tu m'as emmené là ?

- C'est beau, tu ne trouves pas ?

J'acquiesce d'un geste de la tête. C'est vrai que la vue est agréable. Nous surplombons une forêt de sapins. Vivement que la neige arrive, le paysage doit être époustouflant dans un manteau blanc. Au loin, j'aperçois le toit du lycée. Ça me ramène un instant à la réalité. Parfois, je me dis que ce n'est pas vraiment une vie, de se lever cinq jours sur sept pour aller en cours. On pourrait juste être libre de faire ce qui nous chante. Mais j'imagine que si tout le monde était libre, la liberté n'aurait plus de valeur. Alors ce genre d'instant dans une vie, c'est précieux. Etre assise là, sur le toit d'une maison, aux côtés de la seule personne que j'arrive à supporter au quotidien, face à la nature, il n'y a rien de mieux pour se changer les idées quelques temps.

- Je viens souvent m'assoir ici. Ça me détend, ça m'aère les idées. Parfois, je n'arrive plus à penser parce que ma tête est trop pleine et qu'elle refuse de fonctionnée correctement.

- Oui. Je comprends.

Nous restons assis en silence, observant le soleil se coucher lentement.

C'est magique, comme spectacle. Et c'est rassurant de se dire que personne ne pourra jamais détruire de si belles choses.

Petit à petit, la nuit tombe et nous entoure.

Au fur et à mesure que mes yeux s'habituent à l'obscurité, je vois naître au-dessus de moi une infinité d'étoiles.

- Peut-être qu'ils nous regardent, là-haut, tous ces gens partis trop tôt.

- J'espère. J'espère qu'ils voient à quel point nous avons su nous relever, à quel point nous avons su combler le vide qu'ils avaient laissé. Ce n'est pas une honte d'être heureux après la perte d'un proche. Ça leur montre ce qu'ils manquent.

365 Jours avant la Mort - [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant