Chapitre 2 (bonus + suite)

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Ça faisait longtemps que ça ne m'étais pas arrivé d'être de bonne humeur sur le chemin du lycée. En fait, c'est seulement que je n'ai pas vraiment de raison d'être triste.

Ça me prend par moment, comme ça. Je calme les pensées qui tourbillonnent dans ma tête et les chasse à grand coup de pieds. Et c'est à cet instant, lorsque je suis seule dans mon cerveau, que je réalise à quel point c'est puérile d'attendre un jour précis pour se tuer. En fait, j'ouvre les yeux et je me dis que tout va bien. Que les oiseaux chantent, que le soleil rayonne dans le ciel, que les feuilles des arbres volèrent gracieusement autour de moi, et que la seule chose qui prend l'apparence d'un nuage gris au-dessus de tout ça, c'est le chagrin au fond de mon cœur. Et parfois, ce chagrin perd tout son sens et je me rends compte que ça ne vaut pas vraiment la peine d'être aussi triste.

Mais le soir, lorsque la nuit tombe derrière la fenêtre bien fermée de ma chambre, tous mes sentiments reviennent au galop, et chaque chose reprend son sens. Je suis complètement perdue, et pas seulement physiquement. J'ai perdu le contrôle de mes sentiments, et ça me bouffe complètement.

J'entre dans l'enceinte du lycée, le pas léger. Je ne dirais pas que je déborde la joie, je ne souris même pas. Mais je ne me sens pas aussi encombrée par mes problèmes que d'habitude.

On continue de parler sur mon passage, les filles se donnent des coups de coude dans les côtes et chuchote indiscrètement, leurs yeux trop maquillés rivés sur moi. Il me semble que les papotages vont de bon train, aujourd'hui. Plus qu'avant. Mais je n'y prête pas tellement attention. Je profite seulement de cette sensation nouvelle au fond de moi.

Et tout à coup, le nouveau garçon de ma classe apparaît devant mes yeux, habillés de noir, son regard sombre planté dans le mien. Je me fige, ne sachant qu'elle attitude adopter face à lui. Est-ce que je dois l'ignorer ? Ou est-ce que je dois lui adresser un petit signe de tête ?

Finalement, je n'ai pas vraiment à réfléchir à ce genre de détails puisqu'il arrive vers moi, un sourire aux lèvres.

– Tu as l'air d'aller mieux, aujourd'hui.

Au moment même où il prononce ces mots, mon malaise habituel revient au galop dans mon ventre. Le voilà, ce mal-être que je connais tant.

Je hoche la tête et continue mon chemin. J'ai l'impression que mes chaussures sont remplies de plombs tellement j'ai du mal à me déplacer, lui à mes côtés.

La directrice m'a dit son prénom hier. Mais je n'aime pas l'appelé avec celui-ci. Ça lui donne un côté trop réel. Et je veux qu'il continue à me faire rêver qu'un jour, peut-être, il pourrait me comprendre.

Je fixe un point devant moi et continue mon chemin. Finalement, je n'ai pas eu à attendre l'obscurité de la nuit pour aller mal. Je crois que ça ne m'a jamais vraiment quitté.

Je me rends à mon casier. Il continue de me suivre, le visage joyeux, et marche d'une démarche chaloupée.

C'est fou ce contraste entre ses yeux et le reste de son corps. Ses pupilles semblent grouillées d'histoires passionnantes et de souvenirs colorés. Mais dans l'ensemble, il semble presque aussi triste que moi. C'est seulement lorsqu'il sourit que vous vous demandez : "quel genre de personne est-il ?".

– Tu ne devrais pas baisser la tête lorsque tu marches.

Je relève lentement les yeux sur son visage harmonieux et hausse les sourcils.

– Si tu marches le menton haut, si tu regardes les gens en coin, tu donnes certes un air supérieur, mais au moins, les gens cessent de s'interroger à ton sujet.

365 Jours avant la Mort - [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant