Chapitre 12

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Il se redresse sur ses pieds, et passe une main dans ses cheveux avant de la poser sur mon épaule. Je sursaute à ce soudain contact mais il ne semble pas le remarquer. Il faut vraiment que je m'habitue à la sensation de sa peau contre la mienne.

-      Tu as raison, déclare-t-il. C'est nul d'en vouloir à ma mère pour un simple prénom que je ne supporte plus d'entendre.

J'acquiesce d'un hochement de tête et m'assois sur son lit.

-      Ta chambre est plutôt chouette, je déclare pour changer de sujet.

Je m'attendais à une chambre en désordre et pas vraiment décorée, et bien qu'il y ait quelques vêtements sales jonchant le sol, je suis plutôt surprise. De nombreuses affiches de festivals de musique sont accrochées aux murs et un grand miroir recouvre le fond de la pièce. Moi qui croyais qu'il n'y avait que les filles qui avaient besoin de miroir pour se regarder.

-      Tu trouves ? s'exclame-t-il en haussant les sourcils. Merci. Ça fait vraiment longtemps que je n'ai pas changé la déco, mais je n'y vois pas d'intérêt. Le temps que je passe ci, c'est pour dormir.

Il m'offre un petit sourire et je lui rends, le cœur battant la chamade. Il est tellement beau, et lorsqu'il sourit, j'ai l'impression que mon cœur se fend en deux et que mes problèmes s'envolent aussitôt, comme une nuée d'oiseaux sauvages aux couleurs flamboyantes. Voilà, lorsque je suis avec lui, le monde n'est plus tout gris. Il prend de jolies teintes bleues et roses, comme un champ de côté au lever du soleil.

Je m'approche de son bureau et découvre ses cahiers, ornés de tas de mots, inscrits d'une écriture penchée digne des plus grand philosophe. J'avais remarqué en cours que lui aussi, il aimait bien décorer les couvertures de ses livres avec des phrases sans queue ni tête.

-      Les enfants, à table ! crie la mère de Luke depuis la cuisine.

Ce dernier me prend la main et me tire vers lui. Je me laisse faire et il m'entraîne au rez-de-chaussée.

-      Profites-en, souffle-t-il au creux de mon oreille d'une voix douce. Ce sera peut-être ton dernier Noël !

Je souris, parce que j'aime sa façon de plaisanter des choses graves.

Je prends place autour de la grande table et sa mère me sert un morceau de dinde de la taille d'une assiette, que je dévore des yeux. Qu'est-ce que j'ai faim, soudain, devant toute cette nourriture qui m'a l'air délicieuse. Je plante ma fourchette dans la viande cuite à la perfection. Je ferme les yeux et savoure. Le repas est délicieux, comme jamais je n'en ai mangé.

A côté de moi, je vois que Luke prend sur lui pour ne pas se mettre en colère contre sa mère. Elle a fait une nouvelle gaffe, quelques minutes plus tôt, dénonçant le fait qu'ils n'aient pas fêtés Noël à plusieurs depuis le mort d'Allison, et j'ai bien cru que Luke allai jeter son assiette contre le mur. Elle ne se rend pas compte de la douleur qui se lit dans les yeux de son fils. Je veux dire, moi, ça me saute au visage qu'il souffre comme jamais. Peut-être que c'est ce que j'aime chez lui. Cette partie cassée de lui, que je comprends si facilement.

Il ne rien dit, se contente de plonger la tête dans son assiette et de déglutir bruyamment. Mais lorsque sa mère part chercher le plat suivant à la cuisine, il ne résiste pas. Il se tourne vers moi et plante ses ongles dans ma peau. Je grimace mais i ne sent rend pas compte

-      Elle me rend folle, me confie-t-il en plongeant son regard tranchant dans le mien. Elle me provoque ouvertement depuis tout-à-l'heure, elle n'arrête pas de dire qu'elle est... tu vois. Ça me gêne.

Je pose une main sur la sienne et détache un à un ses doigts entourés de mon poignet. Il m'adresse un regard désolé et repris son bras contre son corps.

365 Jours avant la Mort - [Terminée]Where stories live. Discover now