CHAPITRE CINQ

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En espérant que vous apprécierez ce chapitre, je vous souhaite une bonne lecture.
PS: Je vous conseille de mettre la musique, juste en haut!

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Il est environ trois heures du matin et les habitants de Birmingham sont toujours sous le choc. Ils commencent, peu à peu, à réaliser. Dans les visages, il y a la peur, mêlée à l'étourdissement et à l'effroi. Une odeur de souffre pique toujours les narines. Des incendies éclairent toujours la ville, et des Klaxons, bloqués dans les rues, sonnent lugubrement.

Assis sur le perron de la mairie, un groupe d'habitants comptant une vingtaine de personnes regardent la scène. Le musicien est parmi eux. Ce groupe est composé d'individus épuisés et tristes. Ces personnes ont perdus les leurs, leur maison, ou encore leurs amis. Ils ne parlent pas, ils ne font qu'observer. Ils regardent les feux, la fumée, les personnes qui courent dans tous les sens et les familles, hagardes, vivantes au milieu de la nuit, blotties les unes contre les autres sur la place à cause du froid.

A un moment, Natsu remarque un talus de sable qui devait servir à la construction. Sur les flancs de ce talus, d'un côté, on allonge les blessés, couverts de sang. De l'autre côté, dans la pénombre, il y a les morts. Il arrive à reconnaître certaines personnes.

Pour éviter de regarder cette vision d'horreur trop longtemps, il baisse la tête. Il regarde Lucy, qui est allongée, la tête sur ses genoux. Il se met à repenser à ce qu'il s'est passé et, inconsciemment, ses lèvres se soulèvent pour former un rictus nerveux.

Plus tard, au dessus des habitants, le soleil reprend ses droits.
Avec les lueurs du matin, un spectacle atroce se présente aux yeux du musicien. Une femme enceinte, éventrée...Un homme à la tête écrasée...

Les divers sentiments qui agitaient les habitants se fondent maintenant, après une nuit d'insomnie, en une folie collective. Ce jour-là, à l'aube, ce vingt-six Décembre 1961, bien des mots sont prononcés, bien des gestes sont accomplis. Il est préférable que vous n'en sachez rien.

Vers huit heures du matin, la jeune adolescente se réveille. Elle est violemment éblouie la blancheur éclatante du soleil à tel point qu'elle referme les yeux avant de les rouvrir à nouveau. Elle se redresse lentement puis regarde devant elle. Ses yeux s'écarquillent et son expression vire à l'effroi. Elle tremble au milieu des habitants qui ne pleurent pas. Le choc a été tellement fort pour eux qu'ils n'ont pas de larmes.

- Que s'est-il passé? Demande-t-elle en se retournant vers Natsu.

Surpris par la question de la jeune fille, il la regarde longuement avant de répondre d'une voix enrouée:

- Tu ne te souviens pas de ce qu'il s'est passé?

Elle secoue la tête en signe de négation, puis, elle réfléchit un instant. D'un coup, elle s'écrie :

- Oh!

Elle tourne la tête vers le rosé, s'approche de lui et lui chuchote:

- C'est la bête, n'est-ce pas?

Il ouvre légèrement la bouche, comme pour dire quelque chose. Il n'a pas le temps de prononcer ne serait-ce qu'un seul mot, elle s'effondre.

- Je vous l'avais dit, hoquette-t-elle. Elle attaque toujours les villes... Elle me pourchasse...

Elle lève la tête et regarde le visage du musicien.

- C'est elle qui a blessé votre œil gauche, n'est-ce pas?

Il ne répond pas à la question de Lucy. Il pose la main sur son œil amoché. Il est surpris. Il ne sait pas quoi dire. Celle qui a fait apparaître ces monstres, c'est elle. C'est elle qui a provoqué ce chaos. Elle ne souvient de rien? Comment a-t-elle pu oublier des choses aussi graves? Un brouillard d'interrogations se forme dans sa tête. Il hésite à lui poser quelques questions mais il se retient finalement.

Après quelques minutes, il se lève.

- Où allez-vous? Demande Lucy.

- Aux brancards, répond l'homme.

- Je vous accompagne...dit-elle un peu timidement.

Il soupire. Ils marchent cinq minutes, direction les brancards de fortune. Là-bas, le personnel hospitalier soigne les horribles plaies. Lorsqu'ils arrivent, le musicien s'affole. Il se précipite vers une infirmière.

- Excusez-moi, demande-t-il en parlant rapidement à cause de la panique. Est-ce que...

Il n'a pas le temps de finir sa phrase, l'infirmière part en courant s'occuper d'un autre blessé. Il lâche un juron. Il s'apprête à aller voir une autre infirmière. C'est alors qu'il entend deux femmes parler entre elles. Il écoute leur conversation.

- Il y aussi l'homme de la cent-quinze... Il était dans le coma depuis longtemps, celui-là, dit l'une.
- C'est horrible... Horrible, répond l'autre. Il était jeune, il ne méritait pas une mort pareille...

Le musicien se paralyse. Il connaît très bien l'homme qui occupait la chambre cent-quinze.

- Oui... Il n'avait que vingt-huit ans... Moi et les autres n'avons rien pu faire. L'hôpital s'est effondré, il s'est affaissé sur lui-même...
- C'est désastreux...
- Il avait un petit frère... Comment allons-nous lui annoncer, s'il arrive?

Dévasté, le musicien se laisse tomber sur ses genoux. L'une des infirmières le remarque. Elle le regarde longuement puis elle s'approche de lui et s'agenouille. Puis, elle commence à lui parler.

- Monsieur, commence-t-elle. J'ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer.

Elle marque une pause puis annonce :

- Votre frère, Zeref Dragnir est mort lors de l'effondrement de l'hôpital... Je suis désolée.

Il n'entend plus rien hormis cette phrase qui se répète inlassablement dans sa tête. La femme continue de lui parler mais il n'entend plus ce qu'elle dit. Il ressent une peine profonde. Son rêve vient de s'éteindre brutalement. La nouvelle lui touche en plein cœur. Son frère est mort. Le seul membre de sa famille encore vivant est mort. Zeref Dragnir est mort. Ses pensées s'assombrissent. Une vague de tristesse et de désespoir le submerge et s'empare de son être. Après la perte de son chez-lui vient la perte de son frère. Des idées noires bouillonnent dans sa tête.

Lucy s'approche d'elle. Elle lui dit quelques mots mais il n'arrive même pas à l'entendre. Elle regarde le musicien trembler. Soudain il lève la tête vers elle. C'est un homme brisé qui la regarde. Un homme aux yeux sombres qui s'est laissé éclater en sanglots.

L'étoile brûlante.Where stories live. Discover now