CHAPITRE SIX

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Faudra peut-être m'expliquer pourquoi le chapitre six a été supprimé...

PS: Mettez la musique de média. Elle correspond parfaitement à ce que notre personnage peut ressentir, le titre de la chanson, traduit en français étant "Toujours là".


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Il faisait effroyablement froid. Il neigeait depuis le matin. Il faisait sombre et le soir approchait. Le vent s'avançait, sifflait entre les maisons, envahissait les rues désertes. Birmingham hibernait. Les habitants se cloîtraient à l'intérieur. Ils fermaient les portes, les fenêtres, tiraient les rideaux, en espérant que bientôt, la vague de froid prendrait fin.

Le rosé n'était qu'un enfant rondelet. À l'époque, le jeune garçon était resplendissant de santé. Il adorait la musique, il était extrêmement curieux et vif d'esprit.

Mais ce jour-là, dans le grenier, il se cramponnait. Il se cramponnait à son frère. Les parents hurlaient, le cadet hurlait, l'aîné était terrifié. Ce dernier souhaitait revenir en arrière. En arrière, le père ne s'était pas noyé, il jouait de la guitare. Un nouveau père n'avait pas encore fait son apparition, le parfum de la maison n'avait pas changé. De plus, en arrière, l'enfant rondelet n'avait pas allumé lui-même le feu. Ils ne savaient pas que l'enfant était spécial. Les coups et la vaisselle ne pleuvaient pas, c'était merveilleux.

- Il m'a brûlé, Rachel! criait le nouveau père.

En titubant, il s'approcha de la fameuse Rachel et lui dit :

- J'te jure qu'il m'a brûlé! C'est un danger, ton enfant!
- Taisez-vous, hurla l'aîné. Vous n'êtes qu'un malade, un ivrogne, vous vous êtes brûlé tout seul, comme un idiot, en voulant allumer le feu et vous rejetez la faute sur mon frère! Mon frère n'aurait jamais brûlé quelqu'un!
- Menteur ! Menteur ! Avait lancé Rachel à son fils. C'est quelqu'un de bien et il a raison!

Elle s'avança vers les deux garçon, une bouteille à la main. Le cadet souffla entre ses paumes. Elle s'apprêtait à donner une claque à l'aîné quand soudain, deux boules de feu jaillirent et flottèrent au dessus de la peau des parents, comme des feux follets. L'aîné et les parents lâchèrent un cri d'effroi, mais le cadet était étrangement calme. Les boules de feu se rapprochèrent de la peau des parents. Ils brûlèrent, ils se consumèrent ensemble, lentement. Le rosé ne pleura pas, son frère était terrifié. Il avait essayé d'éteindre le feu, sans succès. Ce jour-là, c'était la première fois que le rosé utilisait ses pouvoirs contre quelqu'un. C'était il y a quinze ans. Quinze longues années ont passées depuis ce jour. Depuis ce fameux jour, le musicien n'a plus utilisé ses pouvoirs, jusqu'à ce que le tremblement de terre de la veille arrive. Cela fait un jour que Birmingham a subi un tremblement de terre.

La nuit arrive, le ciel est lourd. Le jour s'attarde: les rayons du soleil orangé se cramponnent aux petits nuages noirs aux bords incandescents. La veille, c'était la deuxième fois qu'il utilisait son pouvoir contre quelqu'un. Cette fois-ci, son frère n'est pas là pour rester avec lui, son frère est mort.
Depuis quelques heures, des soldats anglais viennent amener aux survivants de l'eau, de la soupe, et du pain. Assis sur le trottoir à côté de Lucy, il ne mange pas. Il n'a pas le cœur à ça. Comment voulez-vous manger après avoir appris que le dernier membre de votre famille est mort?

Lucy est à côté de lui. Elle lui tapote l'épaule, et lui demande parfois d'avaler ne serait-ce qu'un peu de mie de pain. Il l'ignore. Son silence paraît pire que n'importe quel mot ou n'importe quel son qu'il pourrait émettre. Lucy est orpheline. Il est certain qu'elle ne peut pas comprendre ce qu'il ressent. Sa famille est morte. Sa maison a été détruite et il n'espère plus rien. Il fixe un instant ses poignets et les cicatrices qui marquent ceux-ci. Ces horribles cicatrices qui stoppaient sa souffrance. Ces cicatrices qui s'étirent sur l'intérieur de son bras, s'entrecroisent et disparaissent sous son vêtement. Il pense à ce qu'elles représentent et à ce qu'elles rappellent. Elles représentent ce qu'était sa vie. Ce qu'il ne voulait plus être. Un homme brisé. Il ferme les yeux lorsqu'il pose son pouce sur son poignet entaillé. Il réfléchit un long moment et lorsqu'il ouvre les yeux, après cette réflexion, une souffrance absolue se reflète dans ses yeux.

- Monsieur?

Il tourne lentement la tête vers elle mais il ne la regarde pas. La tête penchée, le musicien garde les yeux rivés sur le sol. L'estomac de Lucy se serre un peu pour une raison qu'elle ne saurait expliquer. Elle songe qu'elle n'a jamais vu personne dans un état de vulnérabilité. Le visage de l'homme affiche l'horrible masque de la capitulation. Il semble démuni, son dos est soulevé par les profondes inspirations qu'il prend pour essayer de se calmer.

- Monsieur...

Il secoue la tête. Sa lèvre inférieure frémit lorsqu'il déglutit. Elle a envie de dire quelque chose mais elle ne trouve rien. Alors elle ne dit rien. Elle est incapable de trouver les bons mots. Elle se contente de regarder l'homme brisé.

- Ne t'inquiète pas pour moi, murmure-t-il faiblement.

Un silence s'étire ensuite. Elle a senti les larmes dans sa voix. Ses épaules s'agitent à chacune de ses respirations. Il serre ses bras autour de lui, montrant un peu plus l'homme brisé qu'il est devenu. Il sait que Lucy le regarde. Mais il n'arrive pas à poser ses yeux sur elle. Une partie de lui l'apprécie un peu et une autre la déteste et cette dernière l'empêche de planter son regard dans celui de Lucy. La seule personne à se soucier un peu de lui au milieu du chaos.

L'étoile brûlante.Where stories live. Discover now