CHAPITRE VINGT-QUATRE

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L'ambiance est si lourde dans le café que personne n'ose plus prononcer un seul mot pendant un long moment. Les deux Anglais demeurent incompréhensifs, chacun se demandant ce que l'autre fait là. Les lèvres légèrement gercées de l'adolescente sont entrouvertes, mais les nombreuses questions qu'elle souhaite poser restent bloquées au fond de sa gorge. Le simple fait de le revoir, vivant, lui paraît irréaliste, incompréhensible.

- Monsieur... Vous... parvient-elle à prononcer d'une voix faible, étranglée, en allant lentement à sa rencontre.

Des foules de questions, de pensées, se bousculent dans sa tête. Peu importe sous combien de facettes différentes elle réfléchit, la situation lui paraît complètement folle, impossible, absurde... Il a été capturé par la bête, après tout ! Alors que fait-il, là, dans ce café, à Smethwick ? Il est censé être mort !

Un soupir agacé se fait entendre. La blonde reprend alors quelque peu ses esprits, range ses interrogations dans un coin de son âme, sans toutefois parvenir à masquer son incompréhension. Elle remarque alors – et se retrouve frappé par - le regard d'hostilité que le musicien lui dédie.

- Allons dehors pour discuter, se contente-t-il de déclarer avec un mépris glacial.

La surprise marque un court instant les traits de la blonde, tandis que le musicien se dirige vers l'extérieur du café. Sa voix, à l'instant, était grave, sèche, coupante, pas du tout aimable. Tout en le suivant, elle sent une boule se former dans son ventre, comme si son corps pressent un étrange danger que son esprit est sur le point de saisir dans peu de temps.

Une fois dehors, la porte d'entrée du café fermée, les deux Anglais se regardent sans rien dire. Le visage du vingtenaire est fermé, bouche close, lèvres comme poings serrés. Il l'observe, elle et son regard fuyant, tout en se remémorant le négatif qu'elle a apporté dans sa vie et dans celles de bien d'autres encore. Il rompt ensuite le silence avec une simple question :

- Tu m'as suivie jusqu'à Smethwick ?

Désarçonnée par sa question qui la prend au dépourvu, Lucy lève les yeux vers lui et fronce les sourcils.

- Pardon ? Elle marque une pause, plantant son regard dans celui du musicien. Il est froid., ne témoigne pas de la moindre sympathie pour elle. Elle reprend ensuite : Non ! C'est quoi cette question ? demande-t-elle en haussant sa voix étranglée.

- La question la plus importante à mes yeux, répond-t-il durement.

- La plus importante ? répète-t-elle en insistant sur le « importante ». Vous vous fichez de moi ? Vous avez été capturé par la bête et la seule chose que vous demandez, c'est...

- Attends, quoi ? l'interrompt-il.

Un horrible et sinistre silence naît pendant quelques secondes. Il la contemple, presque choqué et prononce ensuite d'une voix un peu plus grave :

- Capturé par la bête ? répète-t-il.

Il réfléchit un court instant tandis que l'adolescente prononce un simple « Oui » d'un léger ton interrogatif. La boule dans son ventre grossit, comme une réaction de son corps à la situation, comme s'il savait quelque chose qui échappe à sa conscience, comme s'il pressentait ce qui va arriver... Natsu, lui, inspire profondément. Il révèle ensuite calmement :

- Il n'y a jamais eu de bête, Lucy...

Il ne la regarde pas. Il fuit son regard ; le voir le réduirait au silence et il ne peut pas faire ça. Il ne peut pas se permettre de se taire. Il doit continuer, poursuivre, dire ce qu'il aurait dû dire depuis bien longtemps. Depuis le départ :

L'étoile brûlante.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant