CHAPITRE DIX-SEPT

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Je n'avais même pas vu que ce chapitre avait été remis en brouillon. Je me suis donc permis de refaire quelques retouches qui étaient nécessaire pour la suite.

- Zoé (Je vous recommande de mettre la musique.)


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Le voilà à l'extérieur de l'auberge. Il n'y a pas un bruit dans le brouillard de nuit. De gros flocons serrés et drus tombent sur la ville. Ils tombent sans trêves ni repos et obstruent l'atmosphère. On n'entend pas un bruit. Pas même le sifflement du vent. Il n'y a rien hormis un profond silence.

La première chose que le musicien se demande après avoir fermé la petite porte en bois de l'auberge est : « Où aller maintenant ? ». Il n'a même pas songé à retourner à l'intérieur. Parce qu'il a peur et qu'il ne veut pas que cette boule logée à l'intérieur de son ventre prenne encore de grosseur. Il réfléchit jusqu'à ce qu'une évidence lui vienne à l'esprit. Il commence alors à marcher en utilisant des pas particulièrement courts. Il pense à sa mère et à son père. Il ressent l'horrible besoin d'aller les voir pour une raison qu'il ne peut expliquer. Il se remémore les moments dont il se souvient. Avec ses parents et son frère. Il a comme l'intime conviction qu'il ne peut pas commencer à préparer ce voyage sans aller les voir. Il marche longtemps. Très longtemps. Il ressent un sentiment indescriptible mêlant tristesse et malaise. Il prend le temps de réfléchir à sa vie. Qu'est-ce qu'il aurait aimé avoir quelqu'un de sa famille quelque part. Qu'est-ce qu'il aurait aimé être entouré de sa mère et de son père... N'importe qui. C'est pendant sa marche qu'il se rend compte que toute sa famille lui manque et qu'il est complètement seul. Cette simple pensée lui déchire le cœur et fait perler ses paupières. C'est à ce moment-là qu'une pluie fine et serrée se mêle à la neige, comme en écho à sa tristesse.

Il arrive au cimetière lorsque le clocher sonne six heures du matin. Il erre entre les tombes avant de s'arrêter devant celle de ses parents. Il contemple la tombe et les quelques fleurs qui décorent le tombeau.

- Mon garçon ?

Il se retourne lentement. Annie est derrière elle avec un bouquet de magnolia à la main. Il s'attarde un instant sur le bouquet : c'était les fleurs préférées de son père.

- Ce n'est pas souvent que tu viens là... Remarque-t-elle avant de s'accroupir près de la tombe.

Elle dépose le bouquet dans un vase vide et les arrange avant d'admirer son œuvre. Il l'observe faire en se demandant ce qu'elle fait là.

- Tes parents méritent une belle tombe. Voilà pourquoi je m'en occupe chaque matin. Prononce-t-elle comme en réponse à ses pensées.

Il ne répond pas. Annie se relève et propose :

- Prions ensemble pour tes parents. Ils seront contents.

Elle joint ses mains sur son ventre et commence à réciter le Notre père dans sa tête. Le musicien hésite un moment puis croise ses bras avant de commencer à prononcer quelques mots que seule sa tête est capable d'entendre. Il prononce dans sa tête un véritable un discours adressé à ses parents et il espère qu'ils l'entendront de là-haut. Annie ouvre les yeux et tourne sa tête vers le musicien après avoir murmuré « Amen ».

- Je suis contente que tu veuilles enfin reprendre ta vie en main... Que tu viennes enfin devant la tombe de tes parents et que tu acceptes de revenir nous voir... Dit Annie d'une voix encore un peu faible. André m'a dit que tu étais passé à la maison avec ta petite-amie. Tu ne peux pas savoir combien il était heureux...

Il se met à penser à elle. Sa « petite-amie ». Il sent ses poings se nouer et sa respiration et les battements de son cœur s'accélérer. Il serre les dents et essaie de ne rien faire transparaître. La vérité ne doit pas être découverte maintenant qu'il a rassuré les Holden avec ce mensonge...

- Elle n'est pas venue avec toi ? J'aurais aimé la rencontrer...

Il secoue la tête.

- Non... Je voulais venir seul. C'est quand même la première fois que je viens ici...

- Je comprends... soupire Annie.

Elle se tait et laisse Natsu se recueillir devant la tombe de ses parents pendant un instant. Elle se remémore ces moments où les deux frères fondaient en larmes dès qu'elle évoquait le sujet d'une quelconque visite au cimetière avec eux. Ils refusaient catégoriquement de se rendre là-bas parce qu'ils n'acceptaient pas la mort de leur mère et de leur père. C'était trop douloureux à accepter pour eux.

- Nous pourrons maintenant nous occuper de la tombe à deux ! s'exclame-t-elle plutôt enthousiaste à cette idée.

Il tourne la tête vers elle et prononce :

- Tu fais fausse route... Je ne suis pas venu ici pour les raisons auxquelles tu penses.

Il marque une pause puis poursuit :

- Je suis simplement venu pour dire « Au revoir » à mes parents.

Annie lève un sourcil circonspect : Comment ça « Au revoir » ?. Elle pose la question au musicien et prend ensuite le temps de réfléchir. Elle comprend très rapidement là où il veut en venir : son périple en Allemagne. Son visage s'altère et ses traits se contractent. La colère se peint dans ses yeux. Avant même que Natsu n'ait pu répondre à sa question, elle demande :

- Tu n'as toujours pas abandonné ton idée stupide ?

- Elle n'est pas stupide. Lance-t-il avec colère. J'ai besoin d'y aller.

- Tu n'es pas prêt pour cela. Réplique-t-elle en haussant la voix. Je te l'ai déjà dit.

Il ne peut s'empêcher de crisper la mâchoire. Elle ouvre la bouche pour prononcer d'autres mots mais elle la referme lorsque le musicien commence son monologue :

- Qu'importe ce que tu me diras... J'irai quand même. J'irai et je reviendrai ici. Vivant. Dit-il en insistant bien sur le dernier mot. Je reviendrai et je te prouverai que tu avais tort. Je te prouverai que je suis capable de faire ce que ni toi ni Zeref n'avez jamais réussi à accomplir dans votre vie.

Leurs regards se fixent et se croisent. Une étincelle illumine ses yeux noirs. C'est à ce moment précis qu'Annie se rend compte qu'il est parfaitement décidé. Rien ne pourra lui faire changer d'avis. Il soutient son regard d'un air décidé. Un silence s'installe entre eux et s'étire. Jusqu'à ce que le musicien lui dise d'une voix plus douce :

- Je vais m'en aller... Alors à bientôt et prends soin de toi et de Papi Holden. Vous n'avez pas intérêt de mourir durant mon absence : il faut que votre maison soit encore ouverte pour moi à mon retour. Ca me donnera l'impression d'avoir encore de la famille...

Il esquisse un petit sourire et quitte ensuite le cimetière sans se retourner. Ce n'est que lorsqu'il tourne le dos qu'une nouvelle expression traverse les traits de la vieille femme. Ses yeux peinent à retenir les larmes qui sourdent sous ses paupières et brouillent sa vue. Ce n'est pas tant la tristesse qui fait naître les larmes au bord de ses cils mais l'émotion... Il dégage à cet instant un mélange d'assurance et de dignité dont elle ne l'a jamais cru capable. Elle ne l'a encore jamais vu aussi déterminé. Elle est émue : il a définitivement bien grandi.

Natsu se remet à penser une fois qu'il a quitté le cimetière. Il pense, en ayant les larmes aux yeux, à ces heures d'efforts qui l'attendent. Aux efforts qu'il devra déployer pour atteindre ce qu'il veut. Il est décidé : il ira jusqu'au bout et ne reculera pas.

Il planifie ses prochaines journées avant de commencer à marcher vers la ville. Pas un bruit ne vient rompre le vol des nuages. On a l'impression que cet homme est seul avec ses pensées. Ce n'est que bien plus tard que l'agitation reprend ses droits. Les rues de la ville sont chargées et des vendeurs d'eau hurlent pour capter ceux qui ont la chance d'avoir encore un peu d'argent. La première chose qu'il fait en arrivant est de se diriger vers la perron de la mairie. Il s'y assied et observe les quelques habitants. Il pense. Il trouvera un travail. Il ne restera pas dans la mendicité et dans l'attente. Il atteindra l'Allemagne et obtiendra les réponses à ses questions.

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L'étoile brûlante.Where stories live. Discover now