L'étoile brûlante.

CHAPITRE DIX

Il commence sa lecture, le cœur battant. Qu'y a-t-il à l'intérieur de ce bouquin? C'est ce qu'il allait découvrir. Au début, il y a une préface.

Préface.

Si ma mémoire ne me trahit pas, j'ai quitté Birmingham en 1958. A cette époque, ton commerce, mon frère, commençait à marcher. Et, égoïstement, je suis parti, sans fêter avec toi ta réussite. Mais comprends-moi : j'avais besoin de partir, d'aboutir mes recherches pour t'écrire ce livre et te le transmettre. Il racontera le maximum : une partie de mon voyage ; mais également (et surtout) mes découvertes sur cette civilisation inconnue. Considère cela comme un long message qui t'es destiné.

Cette aventure m'a énormément apporté, et ce, bien plus que tu ne l'imagines. Si je suis parti, si j'ai quitté l'Angleterre, c'était pour apprendre plus de choses sur toi, et tes pouvoirs magiques. Je n'avais pas d'autre choix : étudier sur place ne satisfaisait plus ma curiosité intellectuelle. Trop de questions restaient en suspens, et j'ai donc dû tout quitter.
Mais sache que le besoin de tout te raconter, mais aussi le besoin de laisser une trace, de dire au monde que les pouvoirs existent, qu'une telle civilisation existe avait acquis, dès mon départ, la violence d'une impulsion immédiate. Il me paraissait vital, urgent, de transmettre toutes mes connaissances, non seulement à toi, mais aussi au monde entier. Je prends de gros risques en accomplissant un tel acte, mais tant pis : le monde doit savoir, et tu dois savoir avec lui. Et, comme je ne pourrais probablement pas te raconter tout cela de vive voix, je préfère encore le faire grâce à ce livre.

Aucun faits inscrits dans ce livre n'est inventé, bien évidemment. Tout ce que tu liras sera certainement difficile à croire, mais je vous prie à tous de ne mettre aucun de mes propos en doute. J'ai pour principe de ne pas mentir, et encore moins à mon frère cadet.

Zeref Dragnir.
Paris, Février 1961.
À mon frère. Pardon.

Chapitre 1.

Je suis arrivé en Allemagne un 24 Août après un trajet long et épuisant. J'étais fourbu, et ma déception fut grande lorsque je constatais que je n'arrivais pas avec le soleil. Il pleuvait des cordes, ce jour-là, et je me souviens avoir ressenti une grande peine en arrivant sur le port de Hambourg. Mais cette peine ne dura pas longtemps, du moins d'après mes souvenirs. Bientôt, mon esprit se rappela que j'étais finalement arrivé en Allemagne et que j'étais tout proche de ma destination. J'étais alors emprunt d'une détermination nouvelle qui me motiva à avancer dans cette terre inconnu : l'Allemagne.

Une chose m'a marqué, durant mes premiers jours : l'incapacité des gens à parler un anglais correct et surtout compréhensible. J'étais obligé de mimer comme un idiot dans la plupart de mes conversations avec les gens, surtout lorsqu'il me fallait prendre une chambre dans une auberge ou un hôtel un peu éloigné.

[...] C'était la première fois que j'étais aussi loin de chez moi. Avant cette aventure, je n'ai jamais mis les pieds dans un endroit aussi éloigné de ma belle Angleterre. Inutile de préciser que ce fut pour moi difficile. La solitude me pesait beaucoup, parfois. Mon frère me manquait, et lorsque je pensais à lui, pour me demander ce qu'il pouvait faire par exemple, je ne pouvais m'empêcher de me sentir coupable. Après tout, je suis parti comme un voleur. Je n'avais qu'une crainte : qu'il soit en colère, fâché contre moi. Et c'était une crainte que je ressentais quasi-quotidiennement. [...]

[...] Mes journées se déroulaient un peu près toutes de cette façon : je dormais dans une auberge pour une nuit, deux quand j'avais vraiment besoin de faire une pause et de me reposer ; je partais dès l'aube pour continuer vers la Forêt-Noire, et ensuite, je m'arrêtais dans une autre auberge pour passer la nuit avant de continuer. Le soir, je me couchais tard, puisque je passais la plupart de ma nuit à faire des espèces de comptes-rendus dans un autre carnet. Je notais ma progression, et mon ressenti après chaque journée : ça occupait une partie de mon temps.