CHAPITRE VINGT-SEPT

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N'oubliez pas la musique pour apprécier pleinement le chapitre. Des bisous.

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« Tuez-moi ». Ces deux mots résonnent dans sa tête, se répètent telle une litanie, alors qu'il esquive les attaques devenues maladroites de l'adolescente. De fines larmes tombent de ses paupières tandis qu'elle le frappe, sans relâche, tantôt sans force, tantôt avec une grande puissance. Tout s'enchaîne si vite que le musicien n'a pas le temps de réfléchir à la situation. Seules les paroles de la blonde occupent ses pensées. 

Et pour le moment, il hésite. Tuer lui fait peur. Il ne supporte pas cette idée. La chose lui paraît impensable. Et pourtant, au fond de lui, il sait que c'est la seule solution. Au fond de son être, son cœur crie vengeance, une petite voix lui souffle qu'elle doit mourir, non seulement pour que sa souffrance s'arrête enfin, mais aussi pour venger la mort de son frère, ainsi que de ces nombreux habitants morts sous les décombres... C'est lorsque son adversaire s'arrête brusquement qu'il prend quelques secondes pour penser.

Les poings convulsivement serrés, les doigts blancs, il se répète qu'il doit la tuer, qu'il n'a pas le choix. Mais son corps ne lui obéit pas. La crispation de ses muscles accentue le tremblement incontrôlable de ses mains. Son ventre se contracte pour former un nœud. Ses pensées contradictoires se mélangent, s'entrechoquent dans son esprit troublé. Ce brouillard se disperse un instant de son esprit quand Lucy hausse la voix pour prendre la parole.

- Bon sang, qu'est-ce que vous attendez ?

Sa voix est rauque, tremblante. Comme étranglée, elle inspire ensuite une bouffée d'air et tousse avant de reprendre d'une voix bien plus faible :

- Je n'ai pas beaucoup de temps devant moi... Le monstre est en train m'en faire baver... J'ai l'impression d'étouffer...

Elle halète. Ses genoux fléchissent. Elle tombe et son corps se tend. Elle se sent faiblir un peu plus chaque seconde, et pourtant, elle trouve encore la force de prononcer quelques mots, d'une voix résignée.

- Je vous en supplie...

Elle s'arrête. Elle se relève. Puis elle s'avance vers Natsu, le visage transformé, sombre, pâle, ruisselant de fines larmes. Le musicien la regarde s'approcher, désarmé, son esprit commençant à réfléchir à une solution, malgré les pensées qui se bousculent.

- Tout ça, c'est de votre faute...

C'est une voix bien plus grave qui est sortie de la bouche de l'adolescente. Ce n'est pas elle qui vient de prononcer ces mots. C'est Taurus.

- Si vous ne lui aviez pas dit la vérité, elle n'aurait pas été comme ça... Elle n'avait pas à savoir ça...

Natsu ne répond rien. Il l'observe, s'avancer vers lui avec une extrême lenteur. L'adolescente résiste encore, même si ce n'est que très faiblement, empêchant Taurus d'avoir une maîtrise totale sur ce corps qui n'est pas le sien, l'obligeant ainsi à marcher d'un pas lent. Et le musicien lui, en profite pour se concentrer. Le cœur battant, il se dit qu'il faut qu'il la tue, qu'il n'a pas le choix. Il s'efforce d'enlever ses doutes de son esprit, de se focaliser sur sa magie, sur les images de la catastrophe, sur sa maison détruire, et sur son frère. 

Et enfin, une boule incandescente apparaît dans sa paume droite, en même temps qu'une fine couche d'écailles sur son bras droit. D'abord minuscule, la boule de feu finit par croître peu à peu, devenant ainsi deux fois plus grosse que sa main.

Médusé, entouré d'un halo doré, les mains jointes en signe de prière, Léon observe le musicien tandis que ce dernier se fige en contemplant l'épaisse boule de feu. Voilà que ses doutes reviennent ! L'image de sa mère s'impose à son esprit. Il revoit la scène de sa mort. Les cris du passé l'envahissent. Sa respiration ainsi que les battements de son cœur s'accélèrent, alors que la blonde arrive près de lui. Le corps tremble, incapable de bouger, les deux âmes de Taurus et de Lucy s'affrontant. Et Natsu, lui, ne fait rien.

Ses pensées s'emmêlent, s'opposent à nouveau dans son crâne. C'est à nouveau le chaos dans son esprit, des images et des sensations s'entrechoquant sans aucune cohérence. Son frère, les habitants, la mort de sa mère, sa maison, son suicide raté en haut de l'Eglise, cet enfant qui crevait de froid la nuit de Noël, Dimitri, Lucy... Trop de choses se bousculent en tous sens, et trop vite dans sa tête lourde.

La seule chose qui pourrait tuer Lucy, c'est cette boule de feu. Mais est-il capable d'aller jusqu'au bout ? D'utiliser une nouvelle fois ses pouvoirs pour brûler quelqu'un ? D'être responsable, encore une fois, de la mort d'une personne ?

Son cœur serré crie vengeance contre elle, contre cette fille, et pourtant, le voilà incapable de lui jeter cette boule de feu. Incapable de la tuer. Incapable de reproduire ce qu'il a fait par le passé contre sa mère. C'est au-dessus de ses forces. La boule de feu dans sa paume rétrécit alors. Il ferme ensuite son poing tremblant, et lorsqu'il l'ouvre à nouveau, la boule a disparue. Il se laisse ensuite tomber ses genoux, et, face à l'adolescente, il commence à pleurer doucement, la tête baissée vers le sol. Et avec amertume, il prononce :

- Je ne peux pas...

Il murmure ensuite plusieurs fois « Pardon ». Comme pour s'excuser de sa faiblesse, s'excuser auprès de son frère, et de tous ces habitants qu'il n'a pas pu venger. Il a le cœur serré. Il aurait dû la tuer. Il devait le faire. Alors pourquoi, pourquoi était-il aussi faible? Il s'en veut. Désemparé, sa colère contre lui-même se mêle à la chaleur brûlante que la honte et la culpabilité font naître dans sa poitrine.

- Ce n'est pas grave...

C'est sa voix. Celle de Lucy, celle de la personne qu'il aurait dû tuer. Sa voix est faible.

- Je savais bien que vous étiez... Trop gentil, pour faire... Une chose pareille. Mais quelque part... J'ai voulu croire en vous...

Ses lèvres s'étirent en un sourire triste tandis que Natsu prend ses paroles comme un véritable coup de massue.

- Adieu, Monsieur ...

A peine a-t-elle fini sa phrase que son corps s'illumine d'une lumière dorée. Il s'effondre ensuite au sol, et il ne bouge plus. Il reste immobile.

- Bon sang... Juste à temps, souffle une voix enfantine dans le dos de Natsu.

Natsu tourne lentement sa tête vers une petite fille à la chevelure noire aux reflets bleus, habillée long manteau de pluie tout fripé. Une énergie magique entoure son corps, telle une aura. Elle esquisse au musicien un sourire qui se veut rassurant, tandis que Léon, à côté d'elle, prononce d'une petite voix :

- Tu as fait ce qu'il fallait, tu n'as pas à t'en vouloir. Mon amie, dit-il en jetant un coup d'œil à la petite fille, est intervenue à temps...

Natsu ne répond rien. Il reste au sol, perdu dans ses pensées.

- Il faut soigner Guildarts pour s'occuper du cas de cette fille, dit la fillette en allemand d'une voix autoritaire en se dirigeant vers le corps du brun. Et s'occuper de Max, et de Freed, aussi. Elle ordonne ensuite à Léon : Toi, occupe-toi du Monsieur aux cheveux roses.

La petite part ensuite s'occuper des blessés de ce long combat, tandis que Léon reste auprès d'un Natsu noyé dans ses tristes pensées.

L'étoile brûlante.Where stories live. Discover now