CHAPITRE VINGT-DEUX

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Bon. Voilà un chapitre assez long (1078 mots, pour moi, c'est beaucoup) très contrasté entre le début et la fin. (En plus d'être totalement inédit) Pardon.

PS : La musique en haut est plutôt adaptée à la fin du chapitre. Vous pourrez la mettre (Si vous le voulez) lorsque vous verrez le petit signe "//". (Donc au moment le plus intéressant du chapitre.)


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Assise à la même place, sa tasse vide dans vide dans les mains, Lucy regarde d'un air perdu la vie au-dehors par les fenêtres du café. Seule la voix de la belle Erza résonne faiblement dans le café. Enfermée dans son monde, elle fredonne une chanson, et bat la mesure, doucement, du bout du doigt sur le comptoir. Une fine pluie frappe les vitres et ruisselle aux fenêtres, de biais, la rayant de diagonales scintillantes ; offrant ainsi aux trois autres qui ne fredonnent pas une distraction bienvenue. Le temps leur donne une telle envie de dormir qu'ils peuvent à peine garder les yeux ouverts.

- On devrait quand même se bouger le cul, Max, prononce Léon. Au moins pour laver ces deux tasses...

Pour seule réponse, Max émet un long bâillement tout en hochant la tête. Le patron de café soupire.

- Max... Les tasses... murmure-t-il ensuite dans sa langue maternelle d'une voix plus grave.

Max émet un petit bruit pour montrer qu'il a entendu son patron. Ce dernier se lève avec lenteur sa chaise et explique :

- Je ne peux pas le faire moi-même. Je dois passer un appel...

Max fronce les sourcils et plante son regard dans celui de son collègue italien.

- Un appel, répète-t-il, étonné, en fronçant les sourcils. Pourquoi ?

Il esquisse un sourire un peu forcé et répond simplement :

- Pour prévenir les autres qu'on est dans la merde.

Max arque un sourcil circonspect, ne saisissant pas la situation. Comment ça, « dans la merde » ? Léon coule alors un rapide regard à sa gauche que Max parvient à remarquer.

- Je pensais que tu l'avais remarqué, mais que tu ne m'en avais pas parlé exprès, sourit-il ensuite avant de s'éclipser.  

L'adolescente blonde lâche un léger bâillement au moment où le regard de Max dévie vers elle. Il l'examine d'un air sérieux. Il fronce un instant les sourcils... avant de comprendre l'allusion de son Léon. Son visage s'altère alors un instant, inquiet comme fasciné. Une énergie semble émaner d'elle, une énergie qu'il n'a jamais ressenti jusqu'à présent. Une sorte d'énergie déchainée qui ne demande qu'à se manifester et à se libérer...

Max inspire profondément et expire lentement, parvenant ainsi à masquer son trouble. Il se lève ensuite et s'approche de l'Anglaise qui, ayant senti le regard insistant du jeune homme, le regarde avec une expression curieuse.

- J'ai une tâche sur le visage ? demande-t-elle en tendant sa tasse vide pour que Max la prenne.

- Du tout, répond-t-il en habillant son visage d'un charmant sourire tout en prenant le mug que la jeune adolescente lui donne. Je ne te regardais pas spécialement, j'étais simplement perdu dans mes pensées...

Lucy, étrangement assez peu convaincue, fronce légèrement les sourcils en murmurant un simple « Ah bon... » tandis que Max se déplace jusqu'à Erza.

- La terre appelle Erza...soupire-t-il. Ta tasse...

Elle s'arrête de chantonner et regarde alternativement Max et sa tasse... encore à moitié pleine. Elle saisit alors brusquement sa tasse et avale d'un trait sa rasade restante de chocolat -devenu froid- avant de tendre sa tasse vide à Max en tentant de cacher au mieux sa grimace.

- T'es pas croyable...commente-t-il en riant avant de remarquer : et tu en as au coin de la lèvre.

Aussitôt sa phrase finie et avant qu'elle ne puisse dire ou faire quoi que ce soit, il se penche sur elle pour cueillir du bout de la langue le restant de chocolat froid qui orne sa lèvre. Gênée, l'adolescente détourne son regard du jeune homme et de la rousse tandis que cette dernière frémit et rougit malgré elle.

- C'était trop tentant, dit-il, satisfait, pour se justifier tout en récupérant le mug vide d'Erza.

Rougissante et gênée à l'extrême, la rousse baisse la tête et baragouine pleins de mots incompréhensibles tandis que la blonde reporte son attention sur la fenêtre, encore un peu embarrassée. C'est alors qu'elle remarque que, dehors, la pluie semble s'être arrêtée. Elle se lève de sa chaise.

- Monsieur Max !

Max s'arrête dans sa marche en direction de l'arrière-boutique et se vrille légèrement la tête de trois quarts.

- La pluie s'est arrêtée, se contente-t-elle de dire la blonde.

Il se retourne.

- Tu veux t'en aller, c'est ça ? demande-t-il.

Elle hoche la tête. Il soupire. Il lui demande ensuite une dernière fois.

- Tu ne veux vraiment pas rester ?

Elle secoue tristement la tête.

- Je ne peux pas, dit-elle à contre-cœur. Je suis désolée.

Un petit sourire s'ébauche sur les lèvres du garçon de café.

- Sache que...

// Il n'a pas le temps de terminer sa phrase : les clochettes du café tintent pour la troisième fois de la matinée. A l'entrée de ce nouveau client, tous tournent la tête. Alors qu'Erza le regarde avec une simple expression surprise, Lucy se met à écarquiller les yeux et porte la main à sa bouche. Elle retient son souffle, choquée. Son monde s'est arrêté de tourner. Elle n'en croit pas ses yeux. Elle essaye de dire quelque chose, mais n'y parvient pas et les larmes lui montent aux yeux.

- C'est pas...possible... prononce-t-elle d'une voix étranglée.

L'homme s'immobilise, ayant reconnu la voix de l'adolescente, et lève les yeux vers elle. Ses yeux s'écarquillent. Il a instinctivement un mouvement de recul. L'adolescente garde sa bouche entrouverte, qui exprime un mélange de surprise et d'incompréhension. Cette dernière la paralyse, elle n'a aucun élan vers celui qu'elle croyait mort, cet homme un peu débraillé, aux cheveux étrangement roses, et à la barbe d'une semaine. Quant à lui, il reste là, les bras ballants le long du corps. Une vague de souvenirs lui remonte à la surface comme une nausée. Il n'ose pas prononcer un seul mot.

L'ambiance du café s'est transformée en un instant. Elle est maintenant lourde, tragique. Un grand silence glaçant règne, et même Max et Erza, qui portent alternativement leur regard sur l'homme et sur l'adolescente d'un air incompréhensif, n'osent pas le briser. La blonde fait un pas vers l'homme et prononce son nom d'une voix brisée par l'émotion :

- Natsu Dragnir...

Elle prend ensuite une grande inspiration tremblante. Il ne répond pas. Il la regarde simplement. Son visage est écarlate, déformé par une colère sourde. Ses yeux sont plus sombres que jamais, et ses poings, fourrés dans les poches de son manteau, sont serrés si forts que ses jointures sont livides. Il rencontre à nouveau la personne qui a détruit sa vie.

L'étoile brûlante.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant