CHAPITRE TRENTE-ET-UN

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A mes chers descendants

Tel était le titre de ce livre qui sentait le vieux papier et la poussière. Laïla, tout en contemplant ces caractères dorés, caressa les mots du bout des doigts, en lisant le titre en silence. Rien d'autre de déchiffrable ne figurait sur la couverture ; le nom de l'auteur était à demi-effacé par l'effet du temps. Mais cela n'importait que peu à Laïla qui avait déjà pris sa décision.

Elle commença par prendre le livre avec précaution avant de le feuilleter, pour se rendre compte du volume de mots à parcourir. Les pages voletèrent et un nuage de poussière dorée s'échappa du livre. Il était petit : il ne devait pas faire plus d'une cinquantaine de pages, et pourtant, en le feuilletant, Laïla eût l'impression que ce dernier était tout de même assez dense. Intriguée, elle en lut les premières lignes. Et le nom de l'auteure, écrit dès les premiers mots, captiva immédiatement son intérêt : Anna Heartfillia.

- Bon sang... chuchota Laïla, incrédule.

On ne peut plus surprise, elle relut, comme par réflexe les deux phrases qui étaient devant elle.

« A mes chers descendants. Je suis Anna Elizabeth Heartfillia, votre ascendante, née en juillet 1870. Si vous tenez ce livre entre vos mains, c'est certainement que vos pouvoirs se sont manifestés d'une manière ou d'une autre, tout comme moi.»

Laïla se figea un instant à la lecture de ces quelques lignes, et un vague souvenir lui revint à la mémoire. Anna était son arrière-grand-mère, celle qui lui avait fait juré, petite, de ne pas parler de Taurus, lorsqu'elle l'avait vu pour la première fois. L'idée s'empara alors d'elle qu'un grand secret était consigné dans ces pages et que l'existence des pouvoirs de sa propre fille n'était pas dû qu'à la simple malchance. Avant même qu'elle n'ait pu s'en rendre compte, elle se retrouvait plongée dedans.

Le livre ressemblait à un journal intime : il racontait la vie d'Anna ; une histoire bien plus cruelle et mélancolique que le présent de son arrière-petite-fille. En lisant ces lignes, Laïla découvrit un pan de la vie de son arrière-grand-mère dont elle ignorait finalement tout : cette femme qui pouvait invoquer des monstres avait eu, en réalité, une vie bien mouvementée et magique à la fois.

Les moments les plus marquants de son évolution étaient consignés dans ces pages : son enfance avec son grand-père dans un petit village allemand perdu dans les hauteurs, la mort brutale de ce dernier, la pratique de ses pouvoirs en secret, dans une grande forêt allemande, sa rencontre avec un de ses grands amis : Makarov... Une grande partie de son existence se déroula finalement en une suite d'études et de découvertes sur les pouvoirs magiques, comblant ainsi un peu son vide familial et affectif.

Pas à pas, le récit changeait profondément, un grand rêve étant né dans son esprit vers ses trente ans : un Eldorado pour les personnes comme elles. Ses recherches devinrent alors la grande aventure d'une vie, une grande odyssée fantastique, à la recherche de personnes comme elles, avec des pouvoirs, pour les emmener vers une terre promise où les malheurs n'existeraient plus pour eux : un endroit, caché en Forêt-noire, dans le Sud-Ouest de l'Allemagne, appelé Earthland. Son ami, Makarov, et elle, partageaient les tâches : Anna s'occupait de ramener du monde à Earthland, et, lui, gérait la communauté tout seul.

Les minutes glissèrent comme un mirage pour Laïla qui apprenait peu à peu toute la vie de son arrière-grand-mère, qui, malheureusement, a dû arrêter sa mission à cause de sa grossesse, puis d'une maladie. Tout le reste du livre ne sont que de simples informations et confidences : sur sa vie de mère, sur les pouvoirs magiques, sur l'évolution de sa maladie... Ces informations, en apparence, si anodines, semblaient être finalement le prolongement de ses recherches : ainsi, Laïla apprit, grâce à ces confidences, que les pouvoirs magiques se transmettaient par voie héréditaire, un peu comme une sorte de maladie. Pour autant, ces derniers peuvent très bien ne jamais se manifester.

- Bon sang, pensa Laïla, choquée par toutes ces révélations. Elle se pinça les lèvres un instant, l'air pensif, et ensuite, elle tourna la page. La dernière.

« Mes chers descendants. Je ne saurais jamais quelles épreuves vous avez dû traversées avant de lire ce livre, mais, j'ose espérer que vous les surmonterez au mieux. N'oubliez jamais que, si celles-ci deviennent trop difficiles à surmonter, vous pouvez vous rendre à Earthland. Vous êtes mes descendants, alors, vous serez toujours les bienvenus.

Pour vous rendre là-bas, vous pouvez prononcer la formule « Asurando televordis ». C'est une formule que j'ai inventé en secret : elle n'est connue que par moi, et par vous. J'ose espérer que vous la garderez secrète. Tâchez de vérifier au préalable si vos pouvoirs fonctionnent correctement avant de prononcer cette formule... Pour cela, il vous suffit de tenir cette clé qui servait de marque-pages et de prononcer l'incantation à voix haute : « Ouvre-toi, porte des esprits ! Viens à moi, Taurus » ».

Laïla s'arrêta brutalement dans sa lecture et eut un sourire gêné, tant elle trouvait ces « formules magiques » ridicules. Puis, elle réfléchit un moment, se disant que cela ne coûtait probablement rien de tenter cette expérience. Le ridicule ne tue pas, après tout, et cela pourrait permettre de confirmer – ou non – une bonne fois pour toute les informations du livre.

Elle prit alors la clé dorée dans ses mains et la contempla un instant, tout en prononçant mentalement la formule. Elle inspira ensuite profondément, et, légèrement hésitante, elle prononça l'incantation.

- Ouvre-toi, porte des esprits ! Viens à moi, Taurus !

Aussitôt, une espèce d'aura indéfinissable, magique, se dégagea de la clé et Laïla, pendant un court instant, sentit une onde de chaleur envahir ses doigts. Elle disparut lorsque la créature se trouva devant elle : Taurus, ce Minotaure, à la tête de taureau. Ne pouvant y croire, Laïla resta un temps la bouche entrouverte, légèrement tremblante, se concentrant uniquement sur cette vision. C'est à peine si elle entendit sa porte de chambre toquer doucement.

- Vous avez invoqué Taurus... prononça lentement la créature, que me voulez-vous, descendante ?

Serrant ses mains pour contenir ses tremblements, Laïla bredouilla quelques mots, cherchant dans son esprit une phrase simple pour expliquer la situation. Mais elle n'eut pas le temps de la prononcer : la porte de sa chambre s'ouvrit à grande volée. C'était sa fille, Lucy.



































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Je ne poserais aucune question : je vous laisse simplement écrire vos avis (et n'oubliez pas qu'à défaut de suffisamment d'avis, je n'écrirai/ne posterai pas la suite). J'espère que vous avez apprécié ce chapitre qui était bien différent du moment "lecture" de Natsu dans le chapitre 10 (pour être honnête, j'ai galéré à l'écrire) et j'espère que vous aurez envie de connaître la suite!

Des bisous!

L'étoile brûlante.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant