Chapitre 7

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-Il vient tout juste de se réveiller. Mais nous n'avons pas réussi à l'approcher depuis qu'il est conscient. Il a peur de nous et ne veut pas qu'on le touche. Quand il dormait j'ai pu le réhydrater et soigner ses plaies. Il a reçu une morsure d'araignée, nous l'avons trouvé évanoui dans la forêt.

Victoire avait compris le message. Du moins, en partie. C'est Talia, la fille du Chef qui avait parlé. Comme elle était médecin, la personne qui avait trouvé le garçon l'avait amené directement chez elle. Et comme, dans un petit village comme celui-ci, tout se sait, l'information avait rapidement fait le tour des habitants. Victoire se risqua à rentrer dans la chambre où avait été amené le garçon inconscient quelques heures plus tôt. Elle se glissa par l'entrebâillement de la porte. La chambre était sombre. Il y avait bien une fenêtre pour laisser entrer la lumière, mais le soleil était bas dans le ciel et n'éclairait que peu la pièce. Dans celle-ci, il n'y avait qu'un lit, et le garçon était assis dessus. Le jeune homme tourna la tête avec rapidité comme l'aurait fait un animal apeuré à l'entrée de Victoire. Il avait les cheveux sales qui formaient comme des dreadlocks. Son visage était bruni par la crasse. Pour ce qui concernait ses vêtements, ils étaient en partie déchirés. Une jambe de son bermuda était plus courte que l'autre et il ne portait pas de t-shirt. Victoire se sentit un peu embarrassée. Elle s'était sentie sidérée par la nouvelle, puis excitée, et à présent elle se sentait gênée. Comment agir avec une personne qui venait comme elle du monde extérieur, mais qu'elle ne connaissait absolument pas ? Elle n'avait aucune idée de comment se comporter ni ne savait pas où commencer.

-Bonjour, dit-elle en anglais.

Elle s'approcha de quelques pas.

-Je m'appelle Victoire, continua-t-elle.

Quand le garçon vit son visage, ses yeux verts d'européenne, ses cheveux brun clair et sa petite taille, il se détendit. Il était vrai qu'elle paraissait moins impressionnante que la fille du Chef et ses un mètre quatre-vingts.

-Bonjour, lui répondit-il également.

Elle entreprit de s'asseoir à côté de lui. Il ne broncha pas, même si elle ne le sentait pas à l'aise.

-Je m'appelle Paul.

Victoire resta figée quelques instants. Il s'appelait Paul... Et cet accent...?

-Tu parles français ? demanda-t-elle précipitamment.

-Bien sûr que je parle français, je suis français, dit tout simplement Paul dans sa langue natale.

Dans leur langue natale. Victoire ne put réprimer ce qu'elle ressentait. Dans sa tête ce fut comme une gigantesque explosion. Elle se mit à rire, fort, et nerveusement. Paul était français, c'était inespéré ! Paul lâcha quelques bribes de rire lui aussi, pour l'accompagner, un peu abasourdi par cette réaction hilare. Il devait être encore secoué par les trois semaines qu'il avait passé seul sur l'île. Cela se ressentait que cette expérience l'avait autant fragilisé physiquement que psychologiquement. Victoire ne pouvait que s'imaginer le calvaire qu'il avait enduré. Rien que prendre de la distance avec l'accident d'avion avait déjà été pénible pour elle.

-Alors tu es française toi aussi !

-Oui, je m'appelle Victoire Lefennec, j'habite au 5 rue du Paradis à Meyzieu, à côté de Lyon, mais je vis depuis un an en Australie, j'ai pris une année sabbatique là-bas après le lycée. Oh mon dieu, je peux pas le croire, t'es français ! Comment t'es arrivé là ? T'étais dans l'avion toi aussi ?

-Ouais. J'étais dans l'avion quand il s'est écrasé. Heureusement je suis un bon nageur, j'ai été sonné par le crash mais je me suis mis sur le dos et quand j'ai repris mes esprits, j'ai nagé. Je suis secouriste à la Croix-Rouge depuis quelques années donc, forcément, je connais les gestes qui sauvent.

Tahuta, le secret d'une îleWaar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu