Tahuta, le secret d'une île

Chapitre 28

Ses muscles étaient endoloris par la journée sportive qu'il venait de passer. S'il ne se sentait pas tout à fait en adéquation avec sa tête, il l'était au moins avec son corps. Par son travail et ses loisirs, il ne cessait de solliciter ses membres. Et cette fois-ci, la marche qu'il exécutait, bien que routinière, n'était pas sans peine. En levant la tête, il put observer Vénus, plus couramment appelée l'étoile du berger, naître dans le ciel. Il avait peu l'occasion de la voir apparaître, car à cette heure-ci, il aurait dû être rentré. La nuit était presque tombée, et on lui répétait bien assez souvent qu'il était dangereux de se promener quand on n'est plus capable de discerner ce qui nous entoure. Mais il sentait qu'il avait quelque chose à se faire pardonner. La nuit était douce, et il connaissait le chemin par cœur pour se rendre à la maison un peu à l'extérieur du village. Il arrivait de la plage, car il avait senti le besoin de se recueillir auprès des débris du bateau dans l'après-midi. C'est alors qu'il méditait sur sa situation qu'il s'était rendu compte de l'heure. Au moins, il était sûr de la trouver chez elle et pas en vadrouille à droite à gauche. Alors qu'il faisait plus sombre, il hésita sur la direction. Mais il se fia à sa synesthésie et prit deux fois à droite avant de reconnaître le chemin. La forêt avait une odeur boisée et la nuit provoquait une sensation d'humidité. Le phénomène se répéta quelques fois, et alors que l'obscurité se fit encore davantage handicapante, il en vint à se méfier des moindres bruissements. Il n'avait pas envie de faire une mauvaise rencontre. Les animaux pouvaient se montrer redoutables. Surtout ceux nocturnes qu'il ne connaissait pas. Même les arbres qu'il avait du mal à discerner prenaient une forme austère à cette heure-ci. Il se figea en entendant le craquement sonore de branches dans le calme nocturne. Surement le bruit de ses propres pas l'effrayait. Il n'était plus très loin et les stridulations des insectes, ainsi que les hululements, l'accompagnaient. Soudain, un mouchoir vint se coller sur sa bouche, et tout s'évanouit.