Troublantes retrouvailles.

Chapitre 13

Cela faisait déjà trois mois que Kylie avait quitté ses amies et sa famille pour s'installer en Louisiane. Grâce aux miettes dont elle disposait sur son compte bancaire et son prêt à la banque, elle avait pu louer un petit appartement deux pièces. Les provisions que lui avaient donné Bria commençaient à s'épuiser et le loyer devenait de plus en plus difficile à payer. Trouver un emploi dans une telle ville était pratiquement impossible pour elle, vu le nombre d'habitants.

Postée devant un gigantesque bâtiment, l'un des plus grands de la ville, Kylie, la bandoulière de son sac jeté négligemment sur l'épaule, regardait encore et encore la carte de visite qu'elle tenait entre ses doigts. Elle n'arrivait pas à se décider et se demandait si il ne serait pas préférable pour elle de se débrouiller toute seule. Elle avait repoussé l'échéance dans l'espoir de se trouver un nouvel emploi, mais à cette allure, elle finirait dans la rue, sans abri. Cet échec serait honteux. Un goût amer se prononça dans sa bouche juste à l'idée qu'une telle situation puisse arriver.

D'un pas décidé, elle entra dans l'immeuble.
En poussant l'énorme porte vitrée, Kylie fut frappée par la largeur des locaux mais surtout par le nombre incroyable de personnes qui se bousculaient ça et là, munis chacun d'outils perfectionnés. De la plus petite oreillette aux tablettes tactiles, tous semblaient préoccupés, chacun ignorant l'autre. D'abord intimidée, elle finit par se diriger vers la standardiste, elle-même sévèrement vêtue, la mine passablement occupée. Pour une simple standardiste, elle semblait beaucoup plus fortunée qu'elle, une ex-fiancée de banquier qui devait pourtant avoir les doigts ornés de bijoux.

-Que puis-je pour vous, mademoiselle?, demanda t-elle en levant enfin son regard avec un sourire forcé.

- Je... Je désirerais voir Mr MULLER s'il-vous-plaît, parvint-elle à dire.

- Avez-vous pris rendez-vous?, demanda la standardiste qui détournait déjà son regard sur le petit écran de son ordinateur.

- Non. Je...

- Alors je suis navrée, mademoiselle. Mr MULLER ne reçois que sur rendez-vous.

Le ton fut sans appel. Son sort semblait scellé. Dépitée, Kylie pensait déjà à la façon dont elle s'y prendrait quand son bailleur reviendrait réclamer son dû. Apparemment, elle était destinée à la rue.

- Vous êtes sûre de...

- Kylie?, dit une voix masculine derrière elle, l'interrompant.

Kylie se retourna pour se retrouver nez-à-nez avec celui qu'elle désirait et redoutait de voir. Adams MULLER se trouvait derrière elle, mains dans les poches et surtout son regard bleu-gris légèrement amusé. L'homme, depuis le mariage, ne semblait pas avoir vieilli d'un cheveu. Mieux, la toison grisonnante qui apparaissait à la naissance de ses cheveux lui conférait une beauté qu'elle ne lui connaissait pas. Toujours aussi beau et élégant dans ses costards, il conservait tout son charme.

- Monsieur MULLER, commença t-elle d'une voix hésitante.

- Adams, coupa t-il, un sourire poli aux lèvres.

Kylie sentit ses joues brûler. Le fait que le patron des lieux se comporte ainsi envers elle devant sa secrétaire la gênait beaucoup.

- Aida, assurez-vous que personne ne me dérange, dit-il à la secrétaire qui hochait déjà la tête.

Sans attendre, Adams se tourna vers Kylie et, posant sa main au creux de son dos, il l'incita à le suivre et ils se dirigèrent vers l'ascenseur.

- Nous allons dans mon bureau, expliqua t-il. Nous serons beaucoup plus à notre aise pour discuter.

Quand les portes de l'ascenseur se fermèrent sur eux, Kylie sut qu'elle ne pouvait que faire appel à cet homme. Elle fut frappée par opulence des lieux. Les tons de l'ascenseur étaient dorés et tout brillait de milles feux.