Chapitre 41

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Le taxi qui conduisait Kylie stationna lamentablement devant la propriété des Costa dans un ronronnement. Crispée au sein du véhicule, Kylie ne descendit pas toute suite. Elle prit le temps de jeter un coup d'il à travers la vitre pour regarder le portail de couleur noire, en fer forgé qui se dressait devant elle telle une muraille. Elle souffla, puis détourna le regard, comme si elle venait d'y voir un fantôme. Elle se tourna vers le conducteur et hésita un instant avant d'ouvrir la bouche:

- Attendez ici. Je reviens toute suite.

D'un mouvement subtil de la main, elle actionna la poignée pour ouvrir la portière de l'habitacle et descendre. Une fois pied à terre, Kylie referma la portière avant de se rapprocher beaucoup plus du portail qui semblait lui inspirer une profonde crainte. Elle pivota son regard vers sa droite pour lire le nom des propriétaires sur la plaque noire fixée au poteau. Son cur fit un bond dans sa poitrine. Elle n'était plus sûre de ce qu'elle faisait. Pas qu'elle ne reconnaissait plus la propriété de celui qui avait fait battre son coeur et qui continuait d'ailleurs de le faire bondir, mais qu'elle craignait de refaire face à la vérité, sinon au passé. Cette propriété... Elle avait été témoin d'un réveillon des plus éprouvants mais encore de l'une de ses nuits les plus enfiévrées. Comme lancée, elle avança pas à pas, pour pousser le lourd portail. Aucun bruit, sinon, des bruits produits par les ouvriers. Les déménageurs... Elle avança, lentement, allant à son rythme, traversant l'allée de gazon recouvert par la neige. Elle resserra le sangle de son manteau puis enfouit les mains dans ses poches. Jusqu'ici elle n'avait pas ressenti la température glaciale de la matinée. Le désastre qui régnait dans sa vie, ne lui laissait pas le temps de ressentir un quelconque plaisir à la saison. Abandonner Adams avait été l'épreuve la plus terrible et l'énigme la plus horrible qu'elle avait eue à résoudre. Elle eut la chair de poule au souvenir de l'expression dévastée qu'avait affiché Adams quand elle avait eue à lui annoncer la douloureuse nouvelle qu'elle ne désirait plus partager la vie et ce bonheur auquel il avait désiré la conduire. Elle avait lu alors dans ses yeux une douleur indescriptible et cette tristesse sans nom. Elle n'avait pas menti, elle ne voulait pas mentir et demeurer dans cet environnement incandescent que de lui faire miroiter un bonheur qui n'existerait probablement plus après qu'elle lui aurait dit oui devant les hommes et devant l'autel.

Kylie marqua une pause. A présent, elle était libre comme le vent et libre de faire ce qu'elle désirait. Elle pouvait désormais faire ce qu'elle voulait de sa vie tout comme sa sur vivait son rêve en ce moment, celui de fonder une famille. Kloée résidait désormais à Paris avec Olivier et le couple vivait le parfait amour. C'état d'ailleurs sa soeur qui lui avait demandé de récupérer le reste de ses affaires qui étaient resté en Californie, à la propriété pendant le moment du divorce. Kylie sourit faiblement. Sa soeur et son ex-mari avaient su se faire discret à ce sujet. Alors qu'ils avaient divorcés, elle n'avait pas encore eu vent d'une quelconque nouvelle dans la presse. Par contre, elle, elle avait perdu son poste. Pas que Adams l'ait renvoyé bien sûr - il n'avait pas été ce genre d'homme -, mais c'était elle qui avait déposé sa lettre de démission. Elle n'avait pas attendu de le voir, ni même d'attendre une quelconque réponse, qu'elle avait fait ses valises et quitté la villa ainsi que son bureau qui allait d'ailleurs lui manquer.

Le bruit d'un marteau concassant lui parvint, la sortant de ses songes. Elle prit soudain conscience de la raison de sa présence en ces lieux. Prise d'un élan, elle trouva la force de d'avancer encore plus vite. Arrivée sur le perron, elle prit une profonde inspiration et leva la main afin de toquer. Mais une voix chaude et rauque lui fit stopper son geste. Il était là! Kylie sentit son coeur se resserrer violemment dans sa poitrine. N'était-il pas sensé être à la campagne, dans une ferme, entouré de jeunes femmes impressionnées par sa beauté légendaire? Dans sa réflexion, elle n'eut pas le temps de laisser son bras retomber le long de son corps ou même de faire demi-tour, que la porte s'ouvrit, donnant sur un ouvrier stupéfait, visiblement pas averti de sa présence derrière le lourd battant. Il marqua une pause en la regardant, éberlué.

Troublantes retrouvailles.Where stories live. Discover now