Troublantes retrouvailles.

Chapitre 24

De retour auprès de son cavalier, Kylie arborait meilleure mine. Un sourire éclatant regnait sur ses lèvres et le champagne qu'elle buvait n'avait jamais eu aussi bon goût qu'en ce moment. Renvoyer la jeune cavalière un peu trop impétueuse chez elle, lui paraissait comme gagner un trophée. Elle n'avait cure des retombées et préférait savourer son champagne. D'ailleurs, en glissant son regard parmi les invités de la salle bondée, elle repéra sans difficultés son beau-frère qui affichait un sourire charmeur. Le même qui avait le don de faire chavirer son coeur.

En jetant un coup d'oeil à sa montre, Kylie put constater que la nuit était deja bien entammée. Heureusement, les félicitations s'atténuaient peu à peu et certains invités prenaient déjà congés. Comme si il comprennait l'impatience inexprimée de sa compagne, Adams entreprit de faire court et s'éclipsa discrètement pour le plus grand bonheur de Kylie. Ils allaient enfin rentrer chez eux. Sans même annoncer leur départ, Kylie et Adams se faufilèrent prmis les quelques personnes restantes et gagnèrent le parking. Là, le chauffeur qui les y attendait, mit le moteur en marche et se mit à leur hauteur. Ils s'installèrent et l'auto branla en direction de la villa de Kylie.

Pendant une dizaine de minutes, aucun mot ne fut prononcé de la part des deux occupants de l'habitacle. Plusieurs fois, Adams avait surpris, à travers le rétroviseur, le regard de son chauffeur se poser sur la personne de sa secrétaire. En regardant pour la énième fois la jeune femme, Adams comprit qu'elle était dans ses pensées. Il se rendit compte d'une chose. La jeune femme était d'une beauté jusque là inégalée, certes; mais sa présence apportait une touche particulière à sa vie. Il comprit et conclut que leur rencontre pour la première fois au mariage de William n'avait jamais été le fruit d'un pur hasard. Cette femme avait été placée sur son chemin pour une raison précise: le rendre heureux.

Adams repensa aux douloureux moments de son existence en particulier le décès de sa femme. Il se souvenait encore du visage blême de son épouse allongée sur ce lit d'hôpital, les yeux clos. Sa respiration s'était arrêté depuis un bon moment et malgré les importantes sommes qu'il avait versé pour ses soins, rien n'y avait été fait. Il avait cru que sa richesse aurait été capable de maintenir son épouse en vie, et maintenant il se rendait bien compte de sa naïveté. Quand le médecin lui avait annoncé le décès de sa femme, son monde s'était effondré. Il n'avait pas daigné se rendre à l'enterrement et se contentait juste de déposer quelques rosiers sur la pierre tombale, chaque année. À quoi bon se battre si une partie de sa personne avait été mutilée et l'autre perdue dans l'abime? Pendant des années, il n'avait plus songé aux plaisirs de la chair. Malgré les nombreuses femmes qui s'étaient précipitées à ses trousses pour essayer de mettre fin à son veuvage, il n'avait pas jeté un seul regard à l'une d'entre elles. Il ne comptait même plus, le nombre de fois où ses amis avaient tenté de lui mettre le grappin dessus pour le trainer dans les clubs nocturnes, les plus branchés des villes. Mais il n'était pas ce genre d'homme qui saisissait la moindre occasion pour s'abreuver d'alcool à en perdre l'esprit. Son veuvage, il l'avait vécu seul, dans le désarroi et la déception. Le décès de sa femme fut un leit motiv pour lui, dès lors et sa participation pendant les donnations avait débuté.

Puis, il l'avait rencontré. Sa notoriété et l'important poste qu'occupait son alter-ego, William, l'avaient convaincu pour se rendre au mariage. Là bas, il n'avait jamais pensé, même dans ses pensées les plus déjantées, tomber sous le charme de Kylie. Elle avait été d'une simplicité troublante malgré les conditions catastrophiques dans lesquelles elle s'était impliquée pendant la réception. Il avait immédiatement ressenti le besoin de partager ses coordonnées avec la belle CAMPBELL même si il avait eu à penser ne jamais avoir de retour. Et voilà que le ciel la mettait sur son chemin encore une fois. Il en était reconnaissant à cette force divine qui avait tout mis en place pour lui. Il pouvait enfin tourner la page et démarrer un nouveau chapitre de sa vie.

- Vous semblez soucieux, entendit-il soudainement. N'êtes vous pas satisfait?

Adams concentra son regard sur les lèvres de son interlocutrice. Il reprima une irresitible envie de les goûter et devia son regard sur le chauffeur, faisant apparaitre à son tour sur ses lèvres, un sourire charmeur.

- Bien sûr que si, répondit-il. J'étais dans mes pensées.

- Je comprends. Vous pensiez à votre défunte épouse.

Kylie souriait légèrement, comme si elle craignait d'arracher trop brutalement cette cicatrice cachée au fond du coeur de son patron. Ce dernier par contre, tourna vivement le regard vers elle. Il fut frappé de plein fouet par la vivacité d'esprit de la jeune femme. Elle lisait en lui comme dans un livre. Peiné, il baissa la face, tandis que Kylie se saisissait innocemment de sa grande main, lestement posée sur sa cuisse. Le contact de ses mains chaudes lui réchauffa le coeur.

- Vous n'avez pas à vous morfondre de cette façon, murmura-t-elle. Vous êtes un homme bien, et vous apesantir sur votre passé ne ferait qu'altérer le rayon de soleil que vous apportez dans la vie de bon nombre de personnes dans cette ville. Ce n'est pas juste.

À travers ces mots, Adams pouvait ressentir toute la sincérité de la jeune femme. Puis, quand elle reposa sa main à sa place, il vit de la tristesse dans son regard. Il n'avait surtout pas envie de faire de la peine à cette femme, encore qu'elle lui avait fait l'immense honneur de l'accompagner au gala d'où, il fut de retour, plus victorieux que jamais avec de nombreux trophées à en faire palir les potentiels acheteurs qui auraient eu la biensceance de lire son palmarès. Il pouvait d'ailleurs affirmer que la jeune femme lui portait bonheur car, il n'aurait pas été capable de prédire si il aurait obtenu un seul trophée à l'issue de la cérémonie, si il y était allé seul.

- Je suis désolé, Kylie. Je ne voulais pas plomber l'ambiance avec mes idées noires...

- Ne traitez pas les souvenirs de votre épouse, d'idées noires, coupa t-elle vivement. Je vous demandait simplement, de ne pas vous laisser abattre, ainsi. L'amour se trouve à quelques pas de vous et vous devriez vous laisser tenter.

Adams en eu la bouche béante. Il ne comprenait plus. Que voulait-elle dire? Lui signifiait-elle ses intentions ou... Était elle réellement ouverte à un possible avenir avec lui? Ce qui fut quand même sûr, était qu'elle avait raison sur toute la ligne. Il n'allait plus rester dans l'ombre et allait désormais essayer de se faire embrocher par l'une des flèches de cupidon. Et pour cela, il n'allait pas y aller tendrement.

Alors que Adams réfléchissait au sens des mots de sa secrétaire, la voiture s'engagea dans l'allée de sa villa après de longues minutes. La luxueuse voiture s'immobilisa finalement devant le perron et, Adams en descendit. Il fit le tour de l'habitacle pour venir ouvrir la portière, incitant sa compagne à sortir. En lui donnant la main, la jeune femme sourit tendrement et se saisit de sa pochette. Elle se sentait nerveuse quand elle pensait encore à ce qu'elle avait fait à William. Elle n'arrivait toujours pas à y croire. Elle ne souffrait pourtant pas du trouble de la bipolarité, si? De toutes les façons, ce qui était fait fut fait.

- Merci pour cette soirée, débuta Kylie, une fois qu'ils furent devant la porte. Je voudrais encore vous féliciter pour votre nomination. Vous le méritez.

Sans rien répondre, Kylie vit Adams franchir le peu d'espace qui séparait leur deux visages pour poser ses lèvres sur les siennes. Le baiser fut tout d'abord chaste, mais la seconde d'après, Kylie décolla ses lèvres pour laisser libre court à la langue d'Adams. Celle ci vint enlacer sa consoeur dans un ballet dont l'intensité grimpant crescendo fut soudainement interrompue par l'apparition soudaine de Bria. Tout d'abord choquée, la jeune femme du détourner le regard, avant d'articuler:

- Vous êtes de retour...

- Oui Bria, répondit Kylie, les joues rouges de honte. Tu es encore debout? Il est pourtant tard.

- Eh bien...

- Je vais vous laisser, interrompit Adams vu que Bria avait visiblement du mal à enchainer plus de quatre mots successifs. Bonne nuit Kylie, termina-t-il avant de déposer délicatement, un baiser sur la joue de sa compagne bientôt blême.

Et sans plus attendre, il leur tourna le dos de sa démarche lente mais assurée. Quand Kylie vit le véhicule de son patron disparaître de sa vue, elle sut que sa nuit n'allait pas être de tout repos puisque le vœu le plus cher de sa meilleure amie venait de se réaliser sous ses yeux...