Troublantes retrouvailles.

Chapitre 40

- Le déjeuner est prêt, madame ! Monsieur n'attend que vous.

Kylie jeta un regard dans la direction du majordome qui venait de lui faire l'annonce. Elle le fixa, d'un sourire poli puis lança à son tour:

- Très bien. J'arrive !

À peine le majordome disparu, Kylie s'avança ciseaux en main, vers la roseraie. Ses pieds élégamment chaussés, foulèrent la neige recouvrant le gazon qu'elle devinait d'un vert pur et parfaitement tondu, avant de s'arrêter devant la haie de fleurs. D'un coup de main, elle coupa une rose à la racine puis la porta à ses narines pour en humer l'odeur. Ses fleurs lui avaient manquées. Pourtant,  elle n'était partie que  pendant deux semaines. Deux semaines éprouvantes et contraignantes,  mais riches en révélations. Cela faisait vingt quatre heures qu'elle avait atterri à l'aéroport. Épuisée du voyage et sans avoir récupéré ses bagages, elle avait foncé directement à sa chambre pour s'endormir. La nuit passée, elle n'avait pas attendu le réveil d'Adams avant de se précipiter dans le jardin. Elle voulait respirer l'air pur de la Californie avant de se plonger à nouveau dans la triste réalité qu'était devenue sa vie. Le regard tourné vers l'horizon, elle repensa à son séjour à Paris. Ce séjour était parti pour déboucher sur une vie de lait et de miel, mais il s'était finalement avéré être une véritable épreuve pour sa conscience. Elle avait enfin su. La vérité avait toujours été là, sous son nez, se faufilant à son insu, auprès d'elle.

Un flocon de neige tomba sur son manteau. De ses longs doigts fins, elle le récupéra. Le froid de la petite boule lui mordit l'épiderme jusque dans les os. Alors elle frémit, tel qu'elle l'avait fait quand elle avait confronté Olivier, l'amant de sa sœur. Bien que cette tâche ne lui revenait pas, Kylie avait tenu sa promesse: celle d'avouer la vérité à Olivier. Ce dernier se trouvait au pays et bien qu'il avait été troublé par sa présence, il avait vite fait de passer à la familiarité. Quand elle avait osé lui annoncer sa paternité, il avait d'abord blêmit, mais s'était rapidement mué en un père joyeux et heureux. Kylie s'en était même étonnée. Au lieu de grogner ou même de simuler un arrêt cardiaque, il avait simplement crié de joie, avant de lui révéler qu'il avait toujours voulu de cet événement dans le plus profond de son âme. Bien sûr, il avait craint la réaction de son ami, mais celle de Kloée lui avait toujours beaucoup plus importée. Soulagée, Kylie lui avait même donné en gage de reconnaissance, l'adresse de sa soeur. Mais bien avant de partir, Olivier lui avait donné bien plus. Il avait pris la peine de lui révéler l'ultime vérité, celle qui avait toujours constitué une barrière pour son avancement. Elle avait fini par comprendre que ses chances de finir sa vie avec William avaient vite fait d'être anéanties par son Oncle, sous le coup de sa jalousie. Car oui, c'est ainsi elle avait fini par interpréter la situation, après le récit d'Olivier. D'autre part, elle n'en tenait pas rigueur à sa sœur. Même si Kloée avait été mêlée à cette histoire de près ou de loin, ce qui était fait était déjà avenu. Elle n'avait plus le choix, sinon de finir sa vie avec Adams. Durant son vol, elle avait réfléchi aux possibilités d'annuler le mariage sans faire de tort à Adams, mais bien sûr, il n'y avait aucune issue, sinon la folie.

 Une larme roula sur ses joues. Elle s'empressa de les essuyer, aussitôt qu'elle sentit venir vers elle, le majordome. Bien avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit, elle s'élança vers lui, s'engageant sur les pavés recouverts de neige. Quand elle se fut approchée de lui, elle lui remit les ciseaux avant de jeter la rose beaucoup plus loin. Elle abandonna son homme de main, pour se diriger vers la grande demeure, le regard interdit. Elle traversa le salon, puis bifurqua à gauche, dans la salle attenante, celle servant de salle à manger. La décoration intérieure ne lui parut pas étrangère. Elle avait aménagé en ces lieux, quelques jours avant de prendre le vol pour Paris. Elle ne considéra pas plus son fiancé déjà attablé, occupé à déjeuner copieusement. Elle prit donc siège dans le plus simple des silences. Les doigts de sa main droite se saisirent de la fourchette et celles de sa gauche, le couteau. Son assiette avait déjà été apprêtée. La vaisselle plongea dans le repas et elle découpa un morceau de viande. Le morceau atterrit lamentablement au fond de sa gorge. Un silence sans nom s'installa dans la pièce. Adams se saisit de son verre de vin et but une rasade. Une fois satisfait, il se tourna vers Kylie: