Troublantes retrouvailles.

Chapitre 19

Le weekend s'annonçait déjà bien avec la météo qui prévoyait une forte pluie les jours suivants. Déjà, Kylie savait ce qu'elle ferait. Une grasse matinée et une soirée pyjama n'étaient pas pour lui déplaire. Assise au bord du taxi qui la conduisait à son lieu de travail, elle écoutait distraitement la radio tout en contemplant les ruelles défiler sous ses yeux. Une semaine plus tôt, elle s'était réveillé de son lit une place peu désirable, avec une surprise qu'elle trouvait plutôt adorable et attentionnée. Une équipe de déménagement avait frappé à sa porte le jour même pour lui demander la permission d'emmener certains de ces meubles auxquels elle tenait.

Kylie n'y croyait pas au prime abord mais la villa dans laquelle elle s'était retrouvé dans la soirée l'avait laissé sans voix. Elle n'aurait jamais imaginé vivre dans une pareille maison si ce n'était dans ses rêves les plus déments. De toutes les qualités qu'elle trouvait à pâmer son patron, imprévisible était son mot préféré. En un claquement de doigts, le monde avait changé. Elle avait appris à connaître de nouveau. L'homme avait su lui tendre la main au bon moment mais surtout, lui rendre sa dignité.

Aujourd'hui, elle se sentait plus en confiance et elle devait tout ce changement à Adams Müller. Un pareil homme vivait-il encore sur terre? Ne se trouvait-il pas uniquement dans les contes de fées pour plus petits? Car ce n'étaient que ces derniers qui enseignaient des situations où l'on pouvait quitter les banlieues pour le luxueux. Qu'importait désormais, elle lui devait la vie.

Mais sa petite existence qui commençait à prendre forme venait d'être ralentie encore une fois par William. Elle pensait d'abord que son beau-frère, après cet accrochage au Resort Hotel, avait gardé ses distances. Puisqu'elle avait réussi à le persuader de la laisser vivre sa vie, elle avait vraiment cru qu'il la laisserait tranquille. Mais le revoir, assis dans ce bureau, face à son sauveur, l'avait décomposé. À cause de lui, elle n'avait pas pu discuter avec l'homme et lui décrire ses réels sentiments. En effet, depuis son déménagement, elle n'avait pas pu discuter avec Adams. Ce dernier très occupé n'avait pas pu vraiment l'écouter. En raison du prochain gala qui approchait, il ne trouvait plus aucun intervalle de temps à consacrer à qui que ce soit. Mais puisqu'elle était désormais salariée dans cette divine entreprise, elle finirait tôt ou tard par trouver un moyen de l'approcher.

Une vingtaine de minutes plus tard, la voiture ralentissait lamentablement pour s'arrêter enfin, juste devant l'imposant immeuble devant lequel elle avait tergiversé quelques semaines plus tôt. En descendant du véhicule, elle s'était souvenue de ce jour où elle avait failli être humiliée par cette jeune secrétaire qui avait presque réussi à lui faire rebrousser chemin. Après avoir payé le conducteur, elle entra dans le hall qui était demeuré tel, et se dirigea d'une démarche solennelle vers l'ascenseur. En y entrant, elle croisa bon nombre d'employés, notamment des agents d'entretien qui lui rappelèrent la misère dans laquelle elle avait vécu, des années auparavant. Mais la roue tournait et tout avait changé aujourd'hui. Elle pouvait se faire respecter et désormais, de jeunes femmes également pourraient l'admirer. Mais l'argent et le pouvoir ne pouvaient pas faire un bonheur complet, car même si elle se tenait à un poste surélevé, il lui manquait toujours l'amour. Ce sentiment qui avait le pouvoir de changer tout une personne, et de faire chavirer n'importe quel coeur endurci. Jusque-là, elle n'avait pas trouvé l'amour  et sa vie de célibataire commençait à lui peser lourd sur ses frêles épaules.

Une fois à destination, Kylie sortit de la petite cabine et se dirigea vers son bureau. Ce dernier était situé juste à côté de celui de son patron. D'ailleurs, mis à part leur offices et les quartiers privés du milliardaire, l'étage n'abritait plus aucune pièce. Après avoir posé, son sac en cuir sur son bureau bien rangé, Kylie entreprit de ranger celui de son patron, qui à vue d'oeil, faisait penser à un gigantesque désastre.