Troublantes retrouvailles.

Chapitre 33

Kylie regardait, perchée au dessus de la rambarde du balcon de sa chambre, les jardins verdoyants qui s'offraient à perte de vue. Malgré le ciel bleu, les oiseaux piaillant et les papillons aux ailes colorés, elle ne se sentait pas d'humeur. La nouvelle de la grossesse de sa sœur lui avait complètement retourné l'estomac. Pas qu'elle ne voulait pas d'une nièce ou d'un neveu, mais les conditions n'étaient pas adaptées.

Kylie souffla. Qu'elle avait été naïve et ignorante! Elle avait toujours rêvé de passer une nuit dans les bras de son ex-petit ami aujourd'hui son beau-frère et réaliser ce souhait avait d'ailleurs été une expérience plus que délicieuse. À y penser, elle frissonna de tout son être et inspira une bouffée d'air. Elle repensa aux moments qu'elle avait passé en compagnie du bel étalon qu'elle avait fini par laisser retourner auprès de sa sœur. Mais très vite, la vision de son bel étalon à l'œuvre pour donner naissance à sa nièce ou à son neveu la ramena à la réalité. Penser à une telle initiative lui donna la chair de poule et elle réprima vivement une envie de rendre. Elle ne comprenait toujours pas ce qui s'était passé. Était-ce un énième piège pour l'humilier ou était-ce encore une pure coïncidence ?

Elle avait joué ses cartes jusque dans les derniers retranchements pour pouvoir avoir l'occasion de discuter avec l'homme qui occupait toutes ses pensées. Par chance, sa sœur avait daigné l'héberger et voilà comment elle finissait. Elle croyait avoir mis les pendules à l'heure et remis les choses à plat avec son amant; et d'ailleurs celui-ci lui avait-il accordé le monologue de la parole . Mais quand elle pensait à cette folle soirée qu'ils avaient passé à s'envoler loin de tous, juste tous les deux, dans la pénombre de la petite pièce attenante à la bibliothèque, elle reconnaissait avoir fauté. Mais elle n'avait pas non plus souvenir d'avoir entendu William lui jurer amour. Quand elle lui avait posé la question sur ses sentiments, ne s'était-il pas seulement contenté de lui bâillonner les lèvres d'un baiser?

Une larme roula sur la joue de Kylie. Elle comprenait maintenant. William ne lui avait jamais témoigné de réels sentiments et comme pour marteler des mots, il avait tenu à l'inviter au réveillon afin de lui apprendre qu'il avait coupé les ponts. Un bébé venait de changer la donne. Comment avait-elle pu être si aveuglée par ses sentiments au point de se donner à celui qui serait bientôt père ? Et lui, qu'elle cruauté l'avait animée au point de lui signifier une telle haine? S'il n'avait jamais voulu d'elle, il aurait pu le lui dire depuis très longtemps. D'ailleurs, elle en avait souvenir. Il l'avait plusieurs fois mentionné. C'était elle qui avait refusé de raccrocher. Et voilà qu'elle ramassait les peaux cassées. Son cœur était en milles morceaux et c'était peu dire de lui rappeler que sa place n'était pas auprès de William, encore moins chez les Costa.

Kylie nettoya vivement son visage de ses longs doigts fins. Elle retourna à l'intérieur, le temps étant devenu trop froid pour sa peau, pour se laisser glisser contre le chambranle de la porte qui donnait sur la salle de bains. Elle avait été dupe de croire que William éprouvait encore quelque chose pour elle. Et dire qu'elle lui avait ouvert son cœur. Ce qui la blessait encore plus était de savoir qu'il avait été jusqu'à se reproduire avec sa sœur. Ce n'était pourtant pas bien grave ni même un péché d'être père. Cependant, c'était criminel de cacher une telle vérité à son amante. Elle lui avait fait une promesse la veille: celle de quitter sa vie si jamais il avouait ne rien éprouver à son encontre. Il était peut être temps de respecter son engagement.

- Kylie?

La jeune femme se releva vivement pour mieux s'arranger. C'était Adams qui était revenu en chambre, et il était hors de question de porter des soupçons à son esprit.

 - Kylie?, répéta-t-il en s'enfonçant encore plus dans la pièce.

- Qu'y a-t-il mon amour, répondit Kylie en venant à son encontre.