Chapitre 34

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- Comment as-tu pu laisser cela arriver?

Enfoncé dans le canapé de velours rouge faisant face à la baie vitrée du séjour, William contemplait sans pour autant les voir, les oiseaux chanter à tue-tête. Un verre de whisky à la main, il semblait absent, coupé du monde, les yeux hagard. C'était à se demander si il écoutait même son interlocuteur qui se tenait pourtant près de lui. Il avait perdu la notion du temps.

Les images de la veille lui revinrent à l'esprit. Adams à genoux, les doigts tenant une alliance de fortune tournés vers celle qui fut son amante d'une nuit. Il inspira violemment. Et elle? Qu'avait-elle fait? Elle s'était simplement contenté de dire oui à cet homme. Il se demandait même ce qu'elle lui trouvait. Or, il le savait. Elle ne l'aimait pas. Peut être que le milliardaire l'aimait. Mais c'était trop insuffisant pour sceller leur union.

- William, appela encore une fois Olivier dans un soupir. C'est fini. Ils sont déjà fiancés.

William tourna vivement la tête vers son interlocuteur, manquant de relâcher la pression de ses doigts et de faire tomber son verre qui aurait fini en milles morceaux sur le sol qui avait pourtant été si bien récuré par la domestique. Cette fois-ci, il l'avait bien entendu. Que disait Olivier? Cela se voyait qu'il était bien novice en amour. Sinon, il aurait été capable de lui prêter main forte dans le but de reconquérir son amour d'il y a fort longtemps.

- Elle n'avait pas le droit, dit William simplement.

Oliver secoua la tête. Son ami ne se résignait toujours pas. Quelle était encore cette preuve dont il avait besoin pour se séparer de sa belle-soeur ? Peut-être souffrait-il d'un mal être qui devait être guéri au plus vite. Il soupira.

- Si, William. La preuve est qu'elle va bientôt se marier avec lui. Que veux-tu de plus? Elle t'a assez prouvé que tu ne valais plus rien, que votre amour d'antan ne vaut plus rien.

- Nous avons fait l'amour!, répliqua-t-il vivement. Je lui ai fait l'amour.

Olivier resta sur ses mots, la bouche béante. Il ne voulait pas croire ce que lui disait son ami et même s'il le voulait, il ne le pouvait pas. Pas jusque là. A quoi rimait tout cela?

- C'était du passé. Vous aviez à peine dix-huit ans. Vous étiez...

- C'était après le réveillon, Olivier, fit William beaucoup plus calmement.

Olivier fut scotché. Trop choqué pour endurer la nouvelle, il se leva, puis se rassit. Il refit le mouvement à plusieurs reprises. Que se passait-il dans la tête de son ami? Comment avait-il pu tromper sa femme ainsi?

- Tu n'es pas sérieux, William, reprit-il. Vous avez...

- Oui.

Il se passa une main dans ses cheveux. Évoquer les souvenirs enfermés dans la salle de la bibliothèque, lui glacèrent le sang. Il se souvenait de ce moment où il avait rejoint son intimité. Dès lors, ses gémissements n'avaient cessé de s'amplifier. Elle n'avait pas cessé de lui caresser le dos et de murmurer son nom durant leur ébat. Quand elle avait atteint l'extase, ne s'était-elle pas sentie comblée? Ils avaient partagé plus qu'une étreinte à la seule lueur de la lune, seule témoin de leur ébat. Cela devrait suffire pour qu'elle eue crut en lui. Seulement, elle avait choisi de se détourner de lui. Et cette promesse? Elle l'avait foulée du pied, bafouant sa dignité. Et en cet instant? Doutait-elle ou s'offrait-elle corps et âme à cet homme qui ne cessait de lui murmurer ce qu'elle voulait entendre? Cette seule imagination lui fit hérisser les poils de son corps tout entier. Adams la comblait-il mieux que lui?

- Kloée..., murmura Olivier, une pointe de déception dans la voix.

William quant à lui, fit tournoyer le liquide ambré dans son verre. Contrairement à son ami, il se fichait éperdument de ce que pouvait ressentir son épouse ou encore ce qu'elle  aurait pu penser. Peu lui importait. En cet instant, il avait envie de comprendre, de savoir ce qui se passait dans l'esprit de son ex-amante- car oui, elle avait coupé les ponts.  Il se souvenait encore de ce regard foudroyant que lui avait lancé la jeune femme juste avant de quitter la pièce, le soir de leur départ. Elle semblait lui en vouloir. Seulement, il n'avait pas la moindre idée de son péché, encore moins, sa nature.

Il se redressa, puis tendit la main vers le bac à glaçons pour ajouter quelques morceaux à sa boisson qu'il trouvait désormais fade, sans gout. Sans ménagement, le premier glaçon atterrit dans le liquide, bien vite rejoint par un deuxième, puis d'un troisième. Olivier, parcourait le séjour du regard, pensif.

- Et Adams?, demanda enfin son ami.

William vida son verre d'une traite avant d'accorder un bref regard à son ami. Entendre le nom de cet homme lui faisait un double effet. Pas qu'il fut son ennemi, mais qu'il eut joué un potentiel rôle dans l'égarement de Kylie. La jeune femme était prête à s'offrir à lui, toute entière. Et maintenant qu'il avait pu faire le point sur ses sentiments, voilà qu'il prenait le devant de la scène et lui volait la vedette. Les yeux de William s'obscurcirent. Une chaleur indécente naquit au creux de son ventre. Il avait fait le point et avait compris qu'il avait plus qu'une envie bestiale de Kylie. Il l'aimait de toutes ses forces, cela fut certain. Pourtant, personne ne semblait s'en soucier, encore moins Olivier qui n'y comprenait pas grand chose.

- Tu viens de le dire, dit William. Il m'a pris Kylie. Le comble, continua-t-il, il me demande d'être son garçon d'honneur.

Olivier réfléchit. Adams jouait le rôle du bouc émissaire depuis le début de cette histoire. Il ignorait tout de ce qui se tramait entre sa fiancée et son beau-frère, mais il avait le sens de l'honneur. Il voulait William comme son garçon d'honneur. La vie offrait de belles occasions à son associé afin qu'il se rachetât alors, il devrait s'en saisir. Mais il voulait connaître ce que fut la réponse du milliardaire à son alter-égo, même si il appréhendait déjà. Il espérait un miracle.

- Que lui as-tu répondu?

- Rien.

Olivier s'interrompit. Sauvé par le gong, pensa-t-il. C'était encore mieux que ce qu'il espérait. Il devait surement lui avoir promis de réfléchir. Mais lui même ignorait  quoi répondre s'il avait été dans pareille situation. C'était assez compliqué. Il n'aurait jamais dû approcher Kylie Campbell.

- Que penses-tu donc lui répondre?, reprit-il.

William se leva pour aller se mettre devant la baie vitrée. Il écarta encore plus les pans du rideau afin d'offrit une meilleure visibilité dans la pièce. Il ignorait encore quoi répondre tant à son futur beau-frère qu'à son ami qui mourrait d'envie de savoir. C'était juste le chaos, la goutte d'eau qui allait faire déborder le vase. Pourquoi l'avoir choisi, lui? Il admirait sa loyauté, mais pas son courage. Il avait osé le prendre à part pour lui faire cette proposition saugrenue et vide de sens. A quoi s'attendait Adams? Ils étaient partenaires en affaires et il avait daigné supporter tous ses débordants caprices qu'il offrait à son amante, mais cela devait s'arrêter. Toute chose avait une fin. Il baissa la tète, rouge de colère. Il avait du mal à s'imaginer là devant un parterre d'invité juste derrière lui, tenant leur alliance et supportant de surcroit le moment fatidique où les deux gens allaient échanger un baiser. Il réprima une vive envie de rendre. Il trouva d'ailleurs Adams trop vieux pour se tenir auprès de Kylie sur leurs photos, encore moins sous les draps, remplissant son devoir pour lui donner une descendance. Trop c'en était. Il retourna s'asseoir.

- Tu devrais accepter, continua Olivier. Si tu ne le fais pas, il pourrait se douter de quelque chose et ce n'est pas la peine de te notifier qu'il sera très déçu.

Face au mutisme du milliardaire, Olivier s'enfonça dans son siège. Convaincre son associé relevait presque de l'impossible. Nul ne pouvait prédire ce qui lui prenait lors de ses réflexions. Il pria intérieurement Dieu afin que son ami l'écoutât , afin d'éviter une éclipse médiatique. Déjà que la presse relayait le fait que les deux amis épousaient deux sœurs afin de conserver leur fortune, il était moins le moment de rajouter l'huile sur le feu.

- Je t'en supplie, William. Ne refuse pas.

Il vit un sourire carnassier étirer les lèvres du milliardaire. Ce sourire n'évoquait rien de beau.

- Tu ne devrais pas autant t'inquiéter, répondit-il. Je viens de trouver la solution.

Troublantes retrouvailles.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant