15. Seul sur Europa

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Marie Madeleine et mes trois compagnons s'étaient glissés dans l'espace restreint du sas pour m'aider à enfiler mon scaphandre. Ils me permirent de m'introduire, non sans peine, dans cet équipement encombrant et peu maniable. Après m'avoir souhaité bonne chance, les garçons sortirent du sas, me laissant seul avec ma compagne pour quelques brefs instants.

Je réalisai une fois de plus l'amour infini qui nous unissait. Il me fut pourtant impossible de l'embrasser une dernière fois à travers mon casque qui avait été irrémédiablement scellé. Je n'étais censé l'enlever que lorsque je me serais posé, sain et sauf, sur le sol d'Éden. Ce désir intense de sentir une dernière fois ses lèvres, si douces et tendres, contre les miennes me torturait pourtant douloureusement.

L'envie me prit soudain de me débarrasser de ce stupide accoutrement pour la sentir tout contre moi ! Elle semblait lire mes pensées. Sa main descendit vers mon entre-jambes pour ouvrir, à ma plus grande surprise, une à une les fermetures assurant l'étanchéité de mes différentes couches de protection à cet endroit précis. Je n'en croyais pas mes yeux, j'avais l'impression de rêver. Après m'avoir lancé un dernier sourire, elle disparut de mon champ de vision...

Nous dérivâmes pour quelques instants, dans l'apesanteur ambiante, unis par un baiser aussi intense qu'imprévu ! Je décidai alors de fermer les yeux et de me laisser flotter au gré de ses caresses rythmées par ses légers battements d'ailes... Il ne fallut pas longtemps pour qu'elle me fasse pousser un hurlement de plaisir, qui couvrit complètement ma visière de buée !

Je me souviendrai toujours du sourire coquin qu'elle me lança ensuite. Je ne savais plus où j'étais ni pourquoi j'avais enfilé ce stupide scaphandre qui m'empêchait de la toucher. Je m'empressai néanmoins de refermer ma combinaison lorsqu'elle ouvrit la porte du sas pour aller rejoindre les autres.

Il ne me restait plus qu'à attendre l'ordre de mon éjection, qui serait donné par Noé. Il le ferait à l'endroit précis où ma trajectoire balistique m'entraînerait vers l'emplacement que nous avions choisi pour notre installation.

Je saisis cette occasion pour ressortir de ma poche ventrale le carnet de bord de notre astronaute solitaire qui venait également d'atterrir sur sa petite lune. J'avais décidé de retarder la lecture de ce passage jusqu'à ce que nous soyons également arrivés à cette phase de notre voyage. J'avais donc pris son carnet avec moi, de façon toute symbolique, afin de lui permettre de partager mon aventure qui s'avérait être tellement similaire à la sienne...

2e jour sur Europa

Je me suis posé exactement à l'endroit prévu par mon plan de vol. La couche de glace de cette région est assez grosse pour ne pas céder sous le poids du Komrad. Elle va néanmoins me permettre d'envoyer mes sondes sous sa surface, après y avoir foré un petit trou d'à peine une dizaine de mètres de profondeur!

Il me faudra tout d'abord déployer mon imposante foreuse laser pour la laisser accomplir cette longue et fastidieuse tâche, qui ne devrait pas durer plus d'une journée terrestre... Après avoir vérifié la programmation de chacune de mes vingt petites sondes, je pourrai les diriger une à une sous la glace vers les endroits où nous avons choisi de les envoyer.

Il s'agit, pour la plupart, de sources de chaleur que nos satellites infrarouges ont détectées au fond des océans de cette minuscule lune de Jupiter. Nous espérons y trouver des bactéries ou même peut-être d'autres formes de vie aquatiques encore plus évoluées, semblables à celles qui peuplent les profondeurs des océans de notre bonne vieille Terre.

J'ai l'impression de me retrouver dans la peau d'un de ces pêcheurs de phoque du pôle Nord allant creuser son trou dans la glace afin d'y appâter sa proie... En espérant que les phoques locaux ne soient pas d'horribles serpents de mer géants!

Homo Sum 2 : l'éveil de l'humanité (Episode 2 : Révélation)Where stories live. Discover now