42. Confrontation mortelle

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 Lorsque les autres membres de l'équipage eurent quitté le bureau de l'Amiral, le Commandant de l'Escadrille Spatio-Temporelle s'adressa à elle d'un ton hésitant :

— Amiral, il faut que je vous fasse part de nos récentes découvertes.

— Je suis tout ouïe, lui répondit-elle étonnée.

— En rentrant de notre dernier saut, nous avons survolé nos deux coupoles durant notre approche par secteur arrière. L'une d'elles était teintée de rouge, comme si du sang s'était répandu dans son atmosphère. Après notre retour à bord, nous avons acquis la certitude qu'il s'agissait de la deuxième coupole, celle qui contient notre mystérieuse cargaison. La première, destinée à nos cultures, était restée intacte... Et, chose encore plus inquiétante, nous nous sommes rendu compte, en parlant à certains techniciens, que l'écoutille de cette coupole n'était plus protégée par aucun système de sécurité depuis son repositionnement imposé par notre décélération. N'allez pas imaginer que nous nous mêlions de ce qui ne nous regarde pas. J'assume l'entière responsabilité de tout cela ! Il m'a juste semblé utile de vous faire part de ces informations qui m'ont paru, pour le moins, alarmantes...

— Vous avez bien fait, répondit l'Amiral. Allez vous reposer dans votre cabine. Je m'en occupe !

C'est enfin libéré du lourd fardeau que représentaient ces informations que le jeune CO s'en alla rejoindre ses camarades dans leur chambre. Il les y retrouva encore somnolents... Mais il ne put s'empêcher de leur annoncer la bonne nouvelle.

— Ça y est... Je l'ai mise au courant !

— Qu... Quoi ? répondit la fille en se réveillant véritablement d'un sommeil profond cette fois-ci.

— L'Amiral... La coupole, lui répondit-il. Je lui ai parlé du sang et de l'écoutille. Et ne vous en faites pas pour le rouquin. J'ai l'impression que l'Amiral n'a pas le Chef technicien à la bonne. Je crois que c'est lui qui va trinquer...

— ... autre chose que son foutu tord-boyaux cette fois-ci, interrompit l'indiscipliné avec humour.

Ils se rendormirent très vite, comme si le monde des rêves leur convenait mieux que la réalité qu'ils avaient réintégrée après leur dernier saut.

L'Amiral, par contre, n'eut pas l'occasion de se reposer. Elle se rendit immédiatement vers l'écoutille en question en s'y faisant accompagner par le Second, le Chef technicien ainsi qu'un détachement d'une dizaine d'hommes de la garde.

Ils constatèrent, à leur plus grand étonnement, que l'écoutille ne possédait effectivement aucun dispositif de sécurité. Tous se retournèrent à l'unisson vers le Chef technicien. L'Amiral lui adressa la parole d'un ton ferme et sévère :

— Cette fois-ci, c'en est trop ! J'en ai assez de votre laxisme et votre manque de professionnalisme. Je vous relève de vos fonctions, sur-le-champ ! Allez de ce pas en faire part à votre second. Dites-lui de résoudre ce problème immédiatement... Il deviendra le chef de notre maintenance à présent. Je vous trouverai bien une nouvelle fonction, aux cuisines ou ailleurs. Peut-être pourriez-vous utiliser votre potion magique pour rehausser la saveur de nos plats. Vous pouvez vous estimer heureux que je ne vous éjecte pas dans l'espace !

Elle se retourna vers le Second et les gardes en leur faisant signe d'ouvrir l'écoutille. Ils se dirigèrent alors le long du même corridor que les trois pilotes empruntèrent à peine quelques heures auparavant. Il était vide, mais les taches de sang y étaient toujours présentes.

Une scène extraordinaire les attendait au bout du tunnel : une vingtaine de petits dragons venaient de prendre leur envol et semblaient se diriger droit sur eux. Leurs cris stridents ne leur rappelaient ceux d'aucune créature connue. Se laissant tomber à toute allure sur le premier des gardes, ils l'agrippèrent à l'aide de leurs petites griffes, de leurs dents pointues et de leurs longues queues.

Le malheureux n'eut pas le temps d'utiliser son arme qu'il laissa maladroitement tomber à ses pieds. Il fut rapidement emmené dans les airs par cette nuée de petits volatiles, assoiffés de sang. Ces derniers le déchiquetèrent littéralement en plein vol.

Les autres gardes se mirent à tirer quelques salves dans leur direction, mais la nuée se dispersa si rapidement qu'aucun de ces petits monstres ne sembla avoir été touché.

— Cessez-le-feu, s'écria l'Amiral horrifiée. On se replie tout de suite. Nous ne pouvons plus rien pour ce malheureux !

Ils retournèrent immédiatement vers l'écoutille qu'ils verrouillèrent promptement. L'Amiral y laissa deux gardes en leur faisant promettre de ne rien révéler à personne, ni même à ceux qui viendraient les relever. Elle se dirigea ensuite vers son bureau, accompagnée du Second. Ils s'y enfermèrent, comme s'ils avaient eu peur d'avoir été suivis par l'une de ces créatures.

— C'était donc ça Genesis II ? demanda le Second tout essoufflé. Vous n'allez pas me dire que le Conseil Suprême a l'intention de larguer ces abominations sur la lune des Indésirables ?

— Je commence à avoir des doutes, reprit l'Amiral.

— Des doutes ? répondit le Second, encore plus étonné qu'après la rencontre qu'ils venaient de faire.

— La Fédération... qu'avait-elle à gagner en nous envoyant ici pour capturer ces évadés ? Trente ans se sont déjà écoulés depuis leur mutinerie. Et nul ne savait réellement combien de temps allait durer notre voyage retour... Quel pouvait bien être le véritable but de notre mission ? Était-ce vraiment l'interception de ces malheureux Indésirables, dont personne n'a jamais entendu parler ? Il me semble à présent que nous en avons la réponse : ces créatures !

— Ces créatures ? répéta le Second toujours aussi étonné...

— Elles viennent à peine de sortir de leurs œufs. Nous les avons nous-mêmes réveillées, en activant le code Genesis II, il y a quelques mois. Quelle taille cauchemardesque et quelle puissance auront-elles lorsqu'elles auront atteint l'âge adulte ? Allons-nous vraiment les laisser envahir un nouveau monde ?

Homo Sum 2 : l'éveil de l'humanité (Episode 2 : Révélation)Where stories live. Discover now