Homo Sum 2 : l'éveil de l'humanité (Episode 2 : Révélation)

34. La mystérieuse coupole

Ils retournèrent tous deux vers leurs activités respectives, satisfaits d'avoir trouvé une marge de manœuvre satisfaisante. L'Amiral, dans l'impossibilité d'informer sa chaîne hiérarchique de la nouvelle tournure des événements, était retournée dans ses quartiers afin de s'accorder quelques instants de réflexion.

Les quatre cadets avaient rejoint leur cabine, s'apprêtant à subir la décélération de leur vaisseau dans une confortable position allongée. Leur mission ayant été accomplie avec brio, le Second leur avait accordé quelques journées de répit, bien méritées... Ils entamèrent une discussion à voix basse avant de s'endormir. Comme s'ils avaient eu peur que quiconque entende ce qu'ils allaient se dire.

— C'est bien beau tout ça, entama l'indiscipliné, mais ça ne nous explique toujours pas ce qui a pu se passer dans notre mystérieuse deuxième coupole...

— Je vous ai déjà dit de ne plus parler, ni même d'encore penser à ça, s'exclama l'ancien. Cela ne nous regarde pas ! Vous avez grandement intérêt à respecter les consignes d'absolue discrétion qui nous ont été assignées, si vous voulez continuer à faire partie de la Cavalerie Spatio-Temporelle !

— À vos ordres Chef, répondit la fille. Mais tu vas tout de même admettre qu'un peu de curiosité s'impose. Il paraît que nous allons larguer ce qui se trouve là-dedans sur la planète des Indésirables... Cela nous concerne tout de même un tant soit peu. Cette planète deviendra aussi la nôtre, pour un certain temps du moins !

— Les coupoles vont devoir s'orienter dans l'axe longitudinal de la frégate durant notre décélération. Cela nécessitera des actions de maintenance et des vérifications, reprit le quatrième cadet. Je connais un des techniciens en charge de ce genre de manœuvre. J'irai m'adresser à lui dès demain matin. Peut-être aura-t-il remarqué quelque chose de suspect. On ne sait jamais...

— OK, répondit l'aîné. Mais ne parlez de ce que nous avons vu à personne. Pas même à ton pote de la maintenance... Demande-lui tout simplement si tout s'est bien passé. Rien de plus !

Ils ne tardèrent pas à s'endormir. Ni la manœuvre de retournement du vaisseau ni l'allumage de ses réacteurs n'arrivèrent à les sortir du sommeil profond dans lequel ils venaient de sombrer. Leurs yeux semblaient bouger frénétiquement sous leurs pupilles, comme s'ils étaient emportés par un rêve agité...

Pendant ce temps, le Second et le professeur déterminèrent les différents profils requis pour la délicate mission qui allait bientôt devoir être accomplie. Ce serait sur les épaules de ces heureux élus que reposerait son succès.

S'ils venaient à échouer, les Indésirables seraient prévenus de l'arrivée de la frégate. Ils pourraient alors décider de se disperser afin d'échapper à leurs poursuivants. Il deviendrait dès lors très difficile de tous les capturer. Et l'arrestation de ne fut-ce qu'une partie d'entre eux prendrait sans doute des semaines, voire des mois...

Dès que la liste fut rédigée, le Second se rendit dans la cabine de l'Amiral. Celle-ci n'avait pas non plus fermé l'œil de la nuit. Elle avait révisé, dans tous ses aspects, le plan qui venait de lui être proposé. Elle se rendait compte que l'option qu'ils avaient choisie présentait d'énormes risques... mais le voyage avait été si long et astreignant.

Elle n'avait nulle envie de perdre les semaines qui lui seraient encore nécessaires à positionner correctement sa frégate avant d'interpeller les Indésirables. Comme le docteur le lui avait fait remarquer, leur nombre devait être assez restreint. Ces derniers étaient certainement éreintés à la suite de leur long voyage.

Elle avait donc décidé d'agir, vite et bien, en profitant un maximum de l'effet de surprise.

— Amiral, murmura le Second d'une voix hésitante en frappant timidement à sa porte, espérant ne pas venir la réveiller.

— Vous en avez mis un temps, lui répondit-elle en lui ouvrant immédiatement.

Bien qu'exténuée par ses heures de veille, elle affichait un sourire encourageant. Elle se rendait pertinemment compte qu'elle demandait un grand effort à l'entièreté de son équipage et que son Second n'avait pas non plus fermé l'œil de la nuit.

— Voici notre proposition concernant le personnel qui devrait faire partie de la délégation que nous allons envoyer vers les évadés Amiral, dit-il en déposant un petit assistant informatique sur son bureau. Il y a peu de chance que nous ayons le temps de préparer plus de deux navettes dans le délai imparti. Une vingtaine d'entre eux sont donc susceptibles de participer à cette mission...

— Merci, je vais étudier votre proposition, répondit-elle. Vous aurez ma réponse dans moins d'une heure. Votre priorité est d'envoyer, dès que possible, nos sondes vers les satellites de ces deux géantes gazeuses. Je veux savoir dans combien de temps elles pourront être lancées... Affectez tous les effectifs disponibles à cette mission. Nous devons découvrir, au plus tôt, où se cachent les évadés ! Et ne perdons pas non plus de vue les préparatifs de notre voyage retour. Tenez-moi au courant de l'évolution de la construction de notre deuxième anneau. Il serait stupide de devoir retarder notre retour une fois notre mission accomplie. Revenez demain, à la même heure, avec des réponses à mes questions et un plan d'action efficace pour l'appréhension des fugitifs.

Le Second sortit du bureau sans même saluer. Il n'avait qu'une journée devant lui, le temps n'était plus aux politesses. Il alla chercher les membres de l'équipage qu'il estimait nécessaire à lui fournir les renseignements demandés par sa supérieure... à commencer par le leader des Bleus : le Commandant de la toute nouvelle escadrille Spatio-Temporelle.

Lorsqu'il entra dans sa cabine, il vit les quatre cadets animés de soubresauts probablement causés par leurs rêves agités. Il réveilla l'aîné, sans déranger ses trois ailiers. Ce dernier le suivit après avoir enfilé, en vitesse, son uniforme.

Ils arrivèrent dans la salle de briefing où le professeur avait déjà rassemblé le reste des membres de l'équipage nécessaires à leur réunion. Le Second leur expliqua quelles étaient les informations qu'ils devraient fournir à l'Amiral. Ils se mirent promptement au travail...