18. Arrivée

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J'attendis quelques instants, en admirant ce paysage fantastique, afin de déceler une quelconque réaction étrange qui pourrait me signaler un éventuel danger. J'étais prêt à refermer immédiatement ma visière, mais aucune sensation anormale ne se manifesta...

Bien au contraire, mon esprit semblait grandement apprécier cet apport d'oxygène, frais et iodé, après les émotions que je venais de subir. Je me sentis littéralement renaître ! Je me relevai, péniblement, afin de me débarrasser de mon lourd et encombrant scaphandre et de déployer la petite antenne qui me permettrait d'entrer en contact avec le vaisseau dès qu'il s'approcherait de mon horizon.

J'émis enfin le message tant espéré :

— Ici Jean... Je me suis posé à l'endroit prévu. L'air y est respirable. Vous pouvez entamer votre descente !

En même temps que ces quelques mots, que je ne cessais de répéter, j'activai ma balise leur signalant que le feu vert était donné pour leur entrée dans l'atmosphère.

Quelques longs instants plus tard, lorsque nos deux soleils furent assez proches de l'horizon donnant au ciel et à la mer une merveilleuse couleur orangée, une lueur apparut juste au-dessus des montagnes. Elle ressemblait à une énorme étoile filante, qui commençait à s'éteindre en atteignant les basses couches de l'atmosphère.

Une formidable explosion retentit soudain au dessus de moi... Elle venait de la même direction. Qu'est-ce qui avait bien pu la provoquer ? Craignant que notre vaisseau se soit désintégré, je priai ce Dieu, que je connaissais à peine, qu'il ne soit rien arrivé de grave à mes compagnons.

Mes prières furent rapidement exhaussées... J'entendis enfin la voix de Marie Madeleine profitant d'être sortie de la zone de silence radio, pour m'envoyer ce message :

— Jean, m'entends-tu ? Nous arrivons !

Je m'empressai de répondre à son appel :

— Oui. Je vous vois... Votre « boom » supersonique m'a foutu une sacrée frousse ! Dirigez-vous vers ma balise. L'endroit me semble propice à votre atterrissage. Je n'ai pas encore eu le temps de l'examiner en détail. Il vous faudra libérer les enfants, comme prévu, lorsque vous aurez suffisamment réduit votre vitesse.

Je pus clairement distinguer dans le ciel d'un bleu sombre et électrique les trainées des coupoles, quittant lentement le sillage de la Nouvelle Chance. Elle était flamboyante, sous les reflets orangés de nos deux soleils couchants. Ses quatre réacteurs crachaient un énorme nuage de flammes et de fumée blanche. Leur pleine puissance lui permit de se stabiliser au-dessus des hautes chaînes montagneuses qui me surplombaient...

Un éclair surgit soudain de sa base, se transformant en une colonne de feu qui s'en alla finir sa course juste derrière moi, dans l'océan au pied de la falaise. Le jet d'eau que provoqua son impact avec la surface fit s'élever une telle masse de vapeur qu'il engendra un petit arc-en-ciel.

Le sol trembla légèrement sous mes pieds, comme si la planète tout entière s'était mise à vibrer sous l'effet du choc. Je n'avais aucune idée de la cause de ce phénomène... Peut-être s'agissait-il d'une décharge d'électricité statique qui s'était accumulée autour de la Nouvelle Chance durant son long voyage ? Je n'eus pas le temps de m'y attarder, car toute mon attention était focalisée sur le comportement des coupoles. La dernière d'entre elles devait certainement abriter Marie Madeleine et Sara Jean. Elles descendirent dans la pénombre vers le plateau, tout en se rapprochant de ma position.

Je pus clairement distinguer nos petits anges prenant leur envol grâce à leur double paire d'ailes. Ils allèrent inspecter la surface pour y chercher l'endroit idéal qui permettrait à ces quatre roues gigantesques de venir se poser, l'une contre l'autre, comme nous l'avions prévu.

Leurs petits casques illuminaient les endroits qu'ils observaient à l'aide d'une très puissante torche. Celle-ci rendait leur tâche plus aisée dans l'obscurité qui s'installait lentement autour de nous. Ils entamèrent alors un véritable ballet aérien, en descendant afin d'inspecter les endroits qui leur semblaient les plus intéressants pour ensuite remonter afin d'en découvrir d'autres et d'y recommencer leur approche.

Les coupoles suivaient leur enfant respectif, descendant et remontant à leur tour pour ne pas perdre ce dernier de vue. Ils étaient à peine plus grands que les oiseaux qui venaient de réapparaître pour accueillir ces nouveaux visiteurs, sans doute encore bien plus étranges que moi à leurs yeux...

Ce ballet flamboyant de lumière me survola, sans me voir, se dirigeant vers une colline surplombée d'arbres. J'essayai, à plusieurs reprises, de leur signaler ma présence, mais aucune réponse ne vint mettre fin à mes appels. Je me rendis compte que les batteries de ma combinaison avaient atteint le niveau rouge.

J'avais dû complètement les vider, durant ces interminables instants passés à attendre l'apparition de mes compagnons, en leur lançant mes nombreux messages sans cesse répétés. Je décidai de me diriger vers eux, à travers les bois qui nous séparaient, en longeant cette falaise qui semblait inexorablement m'attirer vers elle...

Ils avaient disparu de mon champ de vision, derrière la cime des arbres qui se trouvaient en face de moi. Mais le vacarme assourdissant du vaisseau, venu les rejoindre, me guida vers eux.

En atteignant l'orée des bois j'aperçus le spectacle féerique qu'offraient les quatre coupoles, assemblées les unes aux autres, à côté de notre bonne vieille Nouvelle Chance. Celle-ci reposait à la verticale sur son miroir protecteur. Son allure majestueuse lui donnait l'apparence d'un gigantesque buste humain !

Mes compagnons s'étaient posés sur la rive opposée d'un large cours d'eau qui s'engouffrait dans le vide en bordure de l'énorme falaise. Celle-ci ne cessait d'évoquer en moi des souvenirs indescriptibles semblant émaner de l'aube des temps...

Les oiseaux étaient toujours là, venus en grand nombre admirer ce spectacle féerique en survolant notre vaisseau, comme pour lui souhaiter la bienvenue ! Je me rendis rapidement compte que la force du courant me mettait dans l'impossibilité de rejoindre l'autre rive sans risquer de me faire inexorablement entraîner par l'imposante chute d'eau qui nous séparait !

Éreinté par les événements et les émotions que je venais de vivre, je pris la décision de passer la nuit à cet endroit en attendant le jour afin de pouvoir réexaminer la situation... Je m'assis dans l'herbe pour y admirer la disparition de nos deux nouveaux soleils à l'horizon.

Luna se mit à briller de façon de plus en plus intense, réfléchissant leur lumière dans le crépuscule. Son apparence diurne, rendue bleutée par notre atmosphère, se transforma en laissant ses véritables couleurs jaunes, ocre et brunes s'embraser dans le ciel étoilé...

Homo Sum 2 : l'éveil de l'humanité (Episode 2 : Révélation)Nơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ