Sanguis : La morsure (Terminée)

Chapitre 8 - Loup

En voyant l'air déçu de Jake, la culpabilité m'envahit. Il a pourtant été honnête avec moi et m'a promis de ne pas me faire de mal.

Avec l'impression de prendre l'une des décisions les plus risquées de ma vie, je l'arrête avant qu'il ne s'en aille de la chambre pour de bon.

- Attends, je-j'aimerais le voir

- Qui ? me demande Jake avec surprise.

- Fang. Si j'ai emménagé ici c'est pour apprendre à te connaître et il fait partie de toi alors...

- Tu en es certaine ? rajoute le loup-garou en me rejoignant. Il peut attendre, tu n'as pas besoin de te forcer

- Non, c'est bon, je préfère le faire maintenant pour avoir le temps de me faire à l'idée, répondis-je en plantant mon regard dans le sien.

Il faut que je sache. Pour une fois, j'ai la possibilité de maîtriser les évènements et d'en garder le contrôle. C'est le bon moment pour tester le prétendu lien d'âme-soeur que Jake ressent entre nous. Son loup ne se laissera pas berner, les instincts sont toujours les plus forts.

- Si tu veux..., viens, lance Jake en me faisant signe de le suivre.

De retour dans le salon, il se tourne brièvement vers moi pour vérifier que je n'ai pas changé d'avis. Ce n'est pas le cas. Je parviens à garder un visage impassible malgré l'inquiétude qui me gagne peu à peu.

Cette rencontre est un véritable test. Je dois savoir si les loups reconnaissent à mon odeur que je ne suis plus tout à fait humaine.

- Bon, je vais sortir pour me transformer. Tu peux rester ici et t'enfermer dans la maison si tu le souhaite, je n'entrerai pas, d'accord ?

J'acquiesce en silence. Mon idée me semble moins brillante tout à coup. Dans quelques instants, je serais sans défense face à un animal totalement imprévisible. Je garde à l'esprit que sous ses airs humains, il reste un animal féroce, un prédateur qui pourrait tuer sans la moindre difficultés si l'envie lui prenait.

Après un dernier regard dans ma direction, Jake disparaît dans le jardin. Moins d'une minute plus tard, un immense loup revient vers moi. Son pelage est d'un brun foncé, presque noir. Ses grands yeux dorés me fixent mais je ne parviens pas à trouver un signe m'indiquant que Jake est toujours là.

Par réflexe, j'attrape la poignée de la baie vitrée et la referme rapidement sans quitter le loup des yeux. L'animal avance d'un pas décidé mais il s'arrête à bonne distance de la maison pour s'asseoir par terre. Ok, il ne semble pas vouloir approcher plus. C'est bon signe, il n'est pas devenu sauvage.

Légèrement rassurée et toujours décidée à obtenir des réponses, je m'installe par terre en lâchant la porte. Assise face au loup, je suis parfaitement consciente que seule une porte vitrée et quelques mètres nous séparent. Après un moment, Jake se relève et vient vers moi. Je me concentre sur ma respiration pour empêcher mon rythme de s'emballer. Tout va bien. Ce n'est qu'un gros chien.

Finalement, il se couche sur le ventre juste devant moi et me fixe avec les oreilles baissées. Cette vision me donne envie de rire, il paraît complètement inoffensif. En faisant ça, plusieurs similitudes avec son comportement humain m'apparaissent.

Puisque je ne semble pas courir aucun danger, je rouvre la porte progressivement. Désormais, plus rien ne me protège à part la promesse de Jake de ne pas entrer dans la maison. Immobile, il n'esquisse pas le moindre mouvement.