Chapitre 18 - Barrière de protection

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Sophie saisit les rebords de la table. Lise la hissa sur ses avant-bras. Elles la sortirent sur la terrasse pour profiter des premiers rayons de l'été. Lise s'assit avec légèreté et étendit ses longues jambes sur les pierres asymétriques en portant son visage à la lumière :

"Je pars dans trois heures. Annonça-t-elle.

-Je sais. Répondit Sophie en mettant les couverts. Merci d'être venue.

-Et toi, tu rentres quand ?"

Sophie haussa les épaules. Elle espérait toujours que Léandre et Maya reviennent avant la fin du mois. Son regard se porta sur Meredith qui ne la quittait pas d'une semelle. Elle avait même autorisé l'animal à dormir dans son lit au grand dam de Jiji et Gribouille qui s'étaient réfugiés dans l'armoire. Lise observa aussi la chienne :

"C'est étonnant, elle a presque un comportement humain..." Pensa-t-elle à voix haute.

Sophie fit la grimace. Elle ne pouvait pas expliquer à son amie que Meredith était le prolongement de l'âme de Léandre et qu'en fait, c'était plus lui que elle qui était présent dans le canidé. Lise croisa les bras :

"Est-ce que tu ne gardes pas le chien en espérant que le maître revienne la chercher ?"

Sophie rougit encore plus fort. Elle secoua la tête mais Lise lisait clair en elle. Elle se mit à rire en cachant son visage sous sa main :

"Enfin ! S'exclama-t-elle. Depuis Ethan, plus personne ne t'intéresse. Je commençais à m'inquiéter.

-Ce n'est pas vrai ! Rétorqua Sophie.

-Coucher régulièrement avec ton collègue de bureau sans rien d'autre à côté, ni sortie, ni caresse, ni mot gentil, n'est pas une relation."

Sophie ouvrit la bouche. Bien entendu, Lise était au courant de cette liaison. Mais, elle n'aimait pas en parler. La wiccane avait suffisamment honte de se comporter ainsi. Ce n'était pas dans ces habitudes d'accepter ce genre de relation. Mais parfois, elle avait besoin de se retrouver dans les bras d'un homme, de se sentir désirée. Lise se pencha sur la table :

"Et, ça ne fait pas de toi quelqu'un de mauvais. Assura-t-elle lisant dans ses pensées. C'est juste que tu aimes être amoureuse et que tu voudrais autre chose. Tu n'en parles jamais mais tu es ma meilleure amie. Je le vois quand tu regardes des films ou des couples dans la rue...

-Ça suffit ! La coupa Sophie. Il n'y a pas que ça dans la vie ! Tout ne tourne pas au tour du couple et de l'amour ! Certains ont des problèmes plus grave, Lise !"

Cette dernière arqua un sourcil. Elle secoua la tête :

"Désolée, c'est juste que tu ne sembles pas très bien. J'ai comme l'impression que cet endroit te pompe ton énergie. Tu es sûre de ne pas vouloir retourner à Paris ? On pourrait revenir avec Louis et les autres ce weekend pour t'aider à finir les cartons. À plusieurs bras, ça ira plus vite...

-Non ! Je tiens à le faire seule. Je sais que je ne présente pas la meilleure image de moi-même mais, je t'assure que cet endroit me fait du bien. C'était comme si j'avais vécu mon adolescence endormie en laissant mes questionnements me noircir. En revenant ici, je trouve les réponses à tout ce que je n'avais pas vu et j'ouvre les portes. Je ne sais pas si tu comprends mais je..."

Lise posa sa main sur son épaule pour la calmer. Ses ongles manucurés reflétaient le soleil comme des petits diamants. Elle offrit un sourire conciliant :

"Je comprends : tu as besoin d'être ici et d'être seule ou avec des gens qui ont vécu ce que tu as vécu. Sache simplement que si tu as le moindre problème, tu me téléphones et j'accoure. N'aies pas peur de le faire. D'accord ?"

Souvenirs de la Côte d'OpaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant