Chapitre 39 - Mère des Atlantes

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Démunie et livrée à elle-même, Sophie ne fit cependant aucun geste de recul. Elle se refusait à abandonner le corps inerte de Léandre. Hubert Villers s'approcha si près qu'elle fut acculée par sa magie. Le sorcier mit les mains dans ses poches en toisant Léandre :

"Tu t'es bien entourée... Je ne savais même pas que les vers dévoreurs existaient encore. Ils n'étaient déjà qu'une poignée à ma naissance. Mais bon, ses pouvoirs ont été bloqués trop longtemps pour qu'il soit une réelle menace."

Sophie frissonna jusqu'aux fondements de ses os. Elle fit un pas de côté mais, son corps se paralysa. Il la jaugea de bas en haut :

"Tu ressembles à Hestia. Lâcha-t-il avec un soupçon de nostalgie dans sa voix sans humanité.

-Je trouve plutôt que l'on se ressemble. Objecta-t-elle avec dégoût.

-C'est vrai aussi. En fait, tu es la copie conforme de Lili."

Sophie eut un tressaillement. Personne n'avait ainsi appelé sa grand-mère. Et, elle n'osait pas imaginer qu'un père aussi absent et horrible puisse donner un surnom à sa fille. Peut-être qu'il l'aimait. Elle avait l'impression qu'un voile couvrait  ses prunelles. Cependant, il reprit son masque narquois :

"Mais enfin, tu as quand même la grâce et l'élégance d'Hestia.

-Tu as fini ?" Le coupa Sophie.

Il écarquilla les yeux. Elle-même frémit en remarquant à quel point elle titillait ses nerfs. Mais, quitte à mourir, elle voulait que cela alla vite. Cependant, Hubert Villers eut un ricanement moqueur. Il retira ses mains de ses poches en s'asseyant sur un tronc d'arbre retourné. Il observa la barrière de feu qu'il avait lui-même créée :

"Je dois dire que je suis surpris. Je n'attendais pas en un moins d'un an que tu parviens à maîtriser les différents états de l'eau. Mais, c'est le moins du monde pour une Atlante.

-Comment tu le sais ?"

Son sourire de diable s'agrandit. Son visage enfantin se plissa comme s'il était fait en silicone. Sophie chancela. Elle aurait eu besoin de se retenir quand il annonça la triste vérité :

"Tu ne croyais tout de même pas qu'il aimait ta mère ?"

L'air manqua à la jeune femme. De grosses gouttes de sueur se formèrent sur son front. Les larmes dévalèrent ses joues. Elle ne parvenait pas à réfléchir :

"Je suis désolé, Sophie. Je pensais qu'il aurait eu la décence de vous donner des indices. Je n'avais besoin que d'un héritier. Tu es née en premier et lucide, qui plus est, alors je lui ai dit qu'il pouvait arrêter mais, il a continué... trois petits frères c'est ça ? J'ai pris du retard aujourd'hui parce que je n'aimais pas la façon dont il a fait souffrir ma petite-fille et mes arrière-petits-enfants.

-Qu'est-ce que tu as fait ?

-C'est n'est pas facile. Il est intelligent. C'est un atlante alors il restait sur la mer où il avait l'avantage. Mais, son bateau a bien dû accoster à un moment. Il ne fera plus de mal à notre famille.

-Tu as... mon père ?... Balbutia-t-elle

-Ne sois pas si choquée ! Tu n'avais aucune affection pour lui et maintenant que tu sais qu'il a été ton géniteur pour un peu de pouvoirs, tu devrais même le détester. »

Sophie tituba. Trop de réalités s'accumulaient dans sa tête, trop de choses venaient s'abattre sur ses épaules. Hubert Villers esquissa un geste pour la rattraper. Mais, sa main désigna le jeune homme inconscient :

"Maintenant."

Il se redressa tendant son bras vers Léandre. Une flammèche sortit de ses doigts et serpenta comme un lasso qui s'enroula autour de son cou :

Souvenirs de la Côte d'OpaleWhere stories live. Discover now