Chapitre 37 - Seuls sur l'île

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Abélard s'arrachait les cheveux et la barbe. Il savait en s'engageant auprès de Sophie Villers qu'il s'entraînait vers des terrains glissants. Mais, il n'imaginait pas la situation aussi complexe. D'après Flamel, Bell avait été repéré dans le Nord du pays à la recherche de cette professeure qui aurait été le réceptacle d'Hubert Villers. Seulement, il était injoignable depuis qu'il avait passé l'Oise :

"Je ne sais pas quoi faire." Avoua-t-il décontenancé.

Sophie esquissa un sourire désolé. C'était bien trop de responsabilités pour un simple assistant. Abélard n'était pas un homme de caractère. Mais ici, il était non seulement le plus âgé mais aussi le plus expérimenté ce qui le mettait devant des choix cornéliens. Léandre prit la parole :

"Si Hubert Villers a été repéré à Phalsbourg, c'est parce que c'était Maya. Maintenant qu'on le sait, on a une longueur d'avance. On peut le prendre par surprise.

-Il est hors de question que vous y allez !

-Je comprend pour Sophie mais moi, je peux l'approcher. S'il garde la couverture de Maya, je suis le seul à pouvoir le faire."

Sophie hoqueta et le dévisagea. Il était hors de question qu'elle le laissât se jeter dans la gueule du loup seul. Son regard parlait pour elle-même et Abélard hocha doucement la tête pour lui donner raison. Il se mit à rougir en triturant ses mains :

"Léandre, tu ne peux pas parce que tu t'es lié à Sophie.

-Notre relation n'a rien à voir. Au contraire même, je veux la protéger.

-Ce n'est pas ce que je veux dire. Même moi, un somatiste, je ressens que votre magie s'est mêlée depuis quelques temps. À travers ta trace, Hubert Villers la retrouvera. Si une personne doit et peut sortir de l'île... c'est moi.

-Bell nous en voudra. Remarqua Sophie.

-La pire des situations seraient qu'Hubert Villers sache où tu es. Or, Léandre porte ta trace et tu es toi. Il n'y a pas d'autre choix. Observa Abélard. Léandre, tu sais refermer la barrière ?"

Ce dernier hocha la tête. Il connaissait les barrières protectrices mieux que quiconque pour les avoir subies toute sa vie. Celle d'Ys était l'une des plus puissantes qui permettait de recréer cette bulle temporel et de garder le corps de Dahut intact. Mais, pour un lucide, elle était visible à l'œil nu. Abélard se tourna vers Sophie. Il prit sa main avec une chaleur paternelle :

"Honnêtement, je ne sais pas si je vais vous revoir. Je n'ai pas vraiment le niveau pour un sorcier tel que lui. Alors, je vais prévenir Bell et Nicolas Flamel dès que je sortirai de l'île. Quoiqu'il arrive, qu'importe qui vous demande d'entrer, ne les croyez pas. Restez ensemble. Et Léandre, enseignes tout ce que tu peux à Sophie. Vous devez vous tenir prêts. Si jamais vous avez un problème..."

Il désigna un goéland qui se tenait sur les bords de la muraille. Sophie l'avait déjà repéré car cet oiseau était le seul qui ne bougeait pas, insensible aux poissons comme au vent. Elle réalisa que c'était le familier d'Abélard qui la veillait. Ce dernier se leva allant préparer ses affaires. Elle songea à l'accompagner mais Léandre l'arrêta :

"Nous devons t'apprendre à fermer ton esprit."

Abélard resta quelques instants pour observer Sophie et Léandre s'entraîner. D'extérieur, les pratiques des Lucides étaient les plus ennuyantes. Ils étaient simplement assis l'un en face de l'autre, les yeux fermés. Son œil de somatiste perçut cependant les tensions dans les doigts et les paupières de Sophie alors que Léandre gardait un calme olympien. Il ignorait en quoi pouvait consister cet exercice mais l'un des deux avait un avantage criant sur l'autre. Il leur dit mentalement au revoir sachant qu'ils l'avaient entendu et sortir de l'île d'Ys.

Souvenirs de la Côte d'OpaleWhere stories live. Discover now