Chapitre 51 - Rédemption

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Sophie se tenait droite sur le canapé de Léandre. Elle regardait l'écran plat en face d'elle plutôt que d'affronter le regard des Ross qui la fusillait de leurs yeux si semblables. Elle ferma les yeux pour concentrer ses pensées. C'était si déroutant d'être la seule qui ne pouvait pas lire dans les leurs alors que sa tête était un livre ouvert pour eux :

Non. Je ne les laisserai pas faire.

Elle redressa la tête. Léandre se tenait dans son dos. Un sourire en coin lui indiquait qu'il serait toujours là. Il glissa sa main puissante sur son épaule qu'il pressa doucement. Enfin, la porte de son bureau s'ouvrit. C'était l'endroit que le conseil alémanique avait choisi pour se rassembler. Les hommes et femmes illustres de cette famille quittèrent la villa sans un nom, ni même un regard pour les Ross. Seul le grand-prêtre resta.

Emmitouflé dans sa toge de cérémonie, son regard passa sur chacun des Ross présents. Ils n'étaient que cinq : les parents de Maya, ceux de Léandre et lui-même. Le regard délavé de Nicholas Ilrich tomba sur Sophie qui tressaillit. Elle savait qu'en sa position, il n'avait pas le droit de sonder son esprit. Pour lui, plus que pour n'importe quel lucide, c'était un crime grave. Alors, ses petits yeux fatigués la scrutèrent. Il finit par soupirer en s'affalant dans un fauteuil. Ce manque de bienséance fit comprendre à la jeune femme la place des Ross au sein de leur congrégation : ils étaient au sommet. Nicholas retira sa toque et passa sa main noueuse sur son crâne dégarni :

"Après réflexion, nous avons décidé de ne pas tenir rigueur à mademoiselle Duveil pour son crime. Après tout, l'archange du mausolée ne représentait que les crimes de vos ancêtres durant la seconde guerre mondiale. Elle a, en quelques sortes, donné un second souffle à votre famille en lui administrant une nouvelle patronne."

Sophie ne comprenait toujours pas pourquoi la congrégation alémanique s'occupait du mausolée des Ross. Mais, ce qui était certain, c'était que les parents de Léandre ne l'auraient pas laissé aussi tranquille. Elle balbutia un remerciement au grand-prêtre qui les laissa. Une fois seule avec les Ross, elle se tourna vers les parents de Maya :

"Je... je suis désolée, je ne voulais pas...

-C'est une magnifique statue. La coupa Heinrich la voix vibrante. Elle est belle par son humanité. Et peu de personnes voyait ainsi Maya.

-Elle accumulait beaucoup de magie avec ses entraînements alors, elle était souvent... irascible." Compléta sa mère.

Elle sourit de le vague en se remémorant sa fille. Puis, elle étouffa un sanglot et se réfugia contre son mari qui la prit dans ses bras, les larmes aux yeux. Sophie ne pouvait pas imaginer leur douleur. Il n'y avait rien de moins naturel que de perdre un enfant à l'aube de sa vie. Elle s'en voulait terriblement de ce que Maya avait vécu. Ils finirent par les laisser à leur tour.

L'air était encore lourd de leurs sanglots lorsque Léandre se tourna vers ses parents. Ils buvaient un café au comptoir de la cuisine. Même s'ils ne prononçaient pas un mot, Sophie devinait qu'ils déblatéraient à voix basse. Elle ne comprenait pas le contraste avec ces personnes froides et celles qui avaient protégées Léandre de son crime. Il se campa devant eux, bras croisés sur sa poitrine puissante :

"Vous comptez partir quand ?

-Tu nous mets à la porte ? Demanda son père sans redresser la tête.

-À peu près, oui. Tu ne veux pas aller réconforter ton frère ? Il a perdu son enfant !

-Lorsque nous avons perdu le nôtre, Heinrich et Hilda n'ont pas cru bon de s'occuper de notre douleur." Argua sa mère.

Sophie fit volteface sur le canapé. Elle observa ces deux parents prostrés. Ses lèvres bougèrent malgré elle :

Souvenirs de la Côte d'OpaleOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz