Épilogue - Un livre fermé

12 2 2
                                    

"Le train en direction de Paris Montparnasse va fermer ses portes. Nous demandons aux retardataires de monter dans les wagons et aux accompagnateurs de sortir."

Comme si les haut-parleurs étaient de vraies personnes, Léandre leva la tête faisant sourire Sophie. Elle redressa le sac, qu'il lui avait donné, sur son épaule. Elle n'avait pas de valise n'ayant que peu d'affaires chez lui. Et puis, ce n'était pas juste un aller :

"Tu reviens bientôt ? S'enquit Léandre.

-Je te l'ai dit : après la rentrée."

Il soupira en se massant l'arrière du crâne. Il devait encore attendre deux semaines. Elle s'approche enlaçant leurs mains :

"Tu pourrais venir chez Flamel.

-Je ne suis plus le bienvenu.

-Mais moi, je le veux."

Il planta ses yeux dans ceux de Sophie.

J'en ai envie.

Il esquissa un sourire. Elle avait fini par apprendre à canaliser ses pensées. Même si le brouillon de ses idées résonnait toujours en Léandre. Leur intensité permettait de le calmer. Il hocha la tête.

Demander comme ça...

Un grand sourire barra le visage de Sophie. Elle posa ses lèvres sur les siennes s'enivrant de ce contact pour la dernière fois avant une longue absence.

***

Léandre repensa à cette dernière conversation en soupirant. Il était assis sur la fontaine devant la ruelle Flamel. La noirceur, qui s'en dégageait, ne l'effrayait pas. Très vite, il entendit des talons résonner sur les dalles derrière lui. Il sauta sur ses jambes.

Sophie avait revêtu une simple robe noir et des escarpins de la même couleur. Il fronça les sourcils devant ses cheveux un peu décoiffés et ses joues rouges. Elle haussa timidement les épaules :

"Louis et Lise ont voulu que je visite leur appartement. Expliqua-t-elle.

-Et, ils t'ont offert du vin. Compléta Léandre avec un sourire en coin.

-Du rhum arrangé et du whisky. Rectifia-t-elle.

-Comment tu fais pour rester debout ! Rit Léandre.

-Justement..."

Elle mit ses bras autour de lui pour qu'il la soutienne. Elle avait les yeux brillants et ne parvenait pas à détacher son sourire de son visage. Léandre glissa sa main sur sa joue. Il posa enfin ses lèvres sur les siennes. Ce contact leur avait manqué et ils se détachèrent sans envie. Dire qu'il leur fallait attendre toute une soirée avant de pouvoir réellement se retrouver. Il la conduisit jusqu'à l'alchimiste.

Sophie glapit de surprise lorsque la porte s'ouvrit. Abélard arborait un grand sourire. Des cicatrices recouvraient son visage. Il avait perdu un œil mais, il se tenait debout devant eux. Elle lâcha Léandre pour le prendre dans ses bras. L'assistant eut un mouvement de surprise avant de répondre à l'étreinte de la jeune femme. Puis, il fit une accolade à Léandre :

"Vous allez bien ? S'enquit Sophie.

-Je vais bientôt me faire poser un second œil. Expliqua en tapotant son orbite vide. L'opération est délicate mais comme je suis un somatiste, on m'a assuré que cela sera plus facile et la récupération moins longue.

-Ce sera à Paris ?

-À Buenos Aires, j'en profiterais pour faire un voyage en Amérique du Sud."

Sophie était rassurée. Elle avait déjà deux morts sur la conscience à cause de son arrière-grand-père. Alors, elle reçut les nouvelles que Pernelle lui avait transmise sur Abélard avec quiétude. Léandre passa son bras autour de sa taille alors qu'ils suivirent l'assistant. Cette fois, ils n'allèrent pas à l'observatoire mais s'engagèrent jusqu'à l'arrière de la maison.

Souvenirs de la Côte d'OpaleWhere stories live. Discover now