Chapitre 47 - Eternité sempiternelle

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Sophie s'emmitoufla dans le manteau que Léandre lui avait prêté. Maintenant qu'elle avait pris conscience du froid extérieur, elle ne pouvait plus l'ignorer. Lui-même revêtit des vêtements beaucoup plus traditionnels qui augmentèrent sa masse déjà imposante. Il portait également un sac que Sophie ne parvenait même pas à traîner sur le sol.

Sans un mot, il la guida à travers un chemin de montagne. Ils serpentèrent entre les arbres. Par moment, le ravin était si proche du sentier qu'elle avait le vertige. Elle devait se tenir au flan de la montagne pour reprendre son souffle. Elle fut soulagée de voir que le trajet ne durait pas plus de trente minutes. Ils arrivèrent devant une grotte sombre. Sophie observa le demi-cercle noir qui se découpait dans la parois et dans lequel ils devaient avancer. Elle frémit en sentant un souffle glacé sur son visage :

"Il n'y a rien dedans. La rassura Léandre. Mes ancêtres l'ont construites pour aiguiser nos pouvoirs."

Elle se tourna vers lui. Il était étonnamment proche comme s'il avait peur qu'elle s'enfuit. Gênée de se trouver face à son torse, elle fit un pas de côté pour le pousser à entrer. Son pas lourd résonna dans la cavité rocheuse. Mais, elle ne le suivit pas. Sa tête faisait confiance à Léandre, pas à son corps. Elle risquait de tomber dans une crevasse ou de se cogner contre les murs. Les pas de Léandre cessèrent. Il y eut un trottinement nerveux et Meredith apparut, la langue pendante. Oubliant qui était vraiment la chienne, Sophie se baissa à sa hauteur. L'animal se logea contre elle. La jeune femme le prit dans ses bras la laissant lécher son visage en riant. Soudainement, elle se rappela que Meredith était mue par la volonté de Léandre. Elle se dégagea et se redressa maladroitement pour la suivre.

La présence de la chienne rassura Sophie. Elle garda une main entre ses oreilles et l'utilisa comme guide. La grotte était large, le sol parcouru de petites crevasses. Elle progressa lentement prenant soin de ne pas déraper. Cependant, au fond de l'obscurité, une faible lumière froide l'éclaira légèrement. Elle pouvait enfin poser les yeux quelque part pour se diriger. Elle atteignit sans encombre le centre de la montagne où Léandre se tenait déjà. Ce qu'elle vit lui tira un glapissement d'émerveillement sous le regard malicieux du jeune homme.

La pièce avait été creusée comme l'intérieur d'un coquillage formant une cheminée dans le pic de la montagne et donnant sur le ciel bleu. Sur les stries qui bordaient les murs, des pierres précieuses et des stalactites renvoyaient la lumière donnant des lueurs bleues, vertes et même rosés qui dansèrent sur leurs visages. Au centre, une petite plateforme était encerclée par un ruisseau qui les engloutissait jusqu'aux chevilles. L'eau y était si froide qu'on dirait que des millions d'aiguilles piquaient les chevilles.

Léandre fit tomber son sac sur le sol. Il en sortit son bazar : des perles en bois, des plumes colorées, une pierre semi-précieuse, une espèce de gamelle en cuivre et une pierre incandescente. Il garda tout contre lui ses trésors, laissant son sac gésir sur le côté. Voyant qu'il était un peu brinquebalant à cause de son attirail, Sophie s'approcha du bord. L'eau allait geler ses pieds s'il y entrait ainsi. La wiccane tendit les mains. Il lui fallut à peine quelques secondes pour refroidir l'eau au point de figer le ruisseau. Elle alla jusqu'à le saupoudrer d'une fine couche de poudreuse pour qu'il ne glissa pas. Ce dernier observa, médusé, sa création :

"Tu es devenue une sorcière talentueuse !" S'émerveilla-t-il.

Les épaules de Sophie s'affaissèrent. Elle plissa la bouche avec amertume :

"Depuis que je ne suis plus une lucide, la magie de l'eau se diffuse bien plus facilement.

-C'est logique. Une seule nature magique est bien plus facile à manipuler." Répondit Léandre en la dépassant.

Souvenirs de la Côte d'OpaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant