Chapitre 40 - Réveil douloureux

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Flamel se mordit les doigts en voyant l'état d'Ys. Il se tourna vers Anne de Bretagne. L'illustre grande-prêtresse de sa région fronça les sourcils en observant la terre fissurée, les chaumières dévastées et les murailles effondrées :

"Vous m'avez demandé de cacher une simple jeune femme, voyez le résultat."

Nicolas frémit. Il avait beau être plus vieux et puissant qu'Anne, il était toujours paralysé par son ton autoritaire et ses manières aristocratiques :

"L'important, c'est de retrouver ces enfants. Rétorqua Pernelle en passant devant eux.

-En soi, Sophie n'est pas un dangereuse. Je l'ai moi-même rencontrée et c'est une jeune dame charmante. Catherine l'a adorée.

-C'est pourtant bien sa magie qui parcourt mon île. Quant à savoir qui a apprécié sa compagnie, je m'en garderai bien surtout lorsqu'il s'agit d'une personne comme la grande prêtresse de Moscou.

-L'île d'Ys appartient à Gradlon. Tenta Nicolas sur la réserve. Et puis... ce n'est pas vraiment sa magie à elle qui a provoqué tout ça."

Anne s'approcha d'une buche retournée. Une eau visqueuse s'en écoula. Le liquide remonta le long de la duchesse et se colla sur la pulpe de son index à un endroit où elle s'était fait un point de sang en cousant. Anne détailla son doigt guéri :

"Quelle magie bienfaitrice." Remarqua-t-elle admiratrice.

Son regard bleu se porta sur Pernelle. La vieille sorcière était à terre penchée au-dessus d'un corps alors que les frères Moreau réapparurent contournant la colline de Dahut. Ils tenaient une espèce de gaillard tout en muscles. Elle devina que c'était ce fameux Léandre Ross. En un sens, elle était curieuse de rencontrer un vers dévoreur. Le dernier qu'elle eût vu était ce Vlad Tepes, rendu fou par son propre pouvoir. Elle frémit avec un sourire en coin alors qu'elle les rejoignait :

"Sophie est lessivée, elle a juste besoin de repos." Conclut Pernelle.

Elle se redressa et observa la silhouette trapue de Léandre. Son sourire soulagé disparut. Elle passa une main dans les boucles brunes du jeune homme avec soupire de désolation. Ses épais sourcils retombèrent sur ses yeux alors qu'elle regarda son mari :

"Quant à Léandre, il n'est plus là.

-Il... est mort ? Résuma Alfred Moreau.

-Absolument pas. Rectifia la sorcière. En fait, il est séparé de son corps. Son âme vagabonde mais je ne saurais pas vous dire où, ni comment.

-En somme, Pernelle, résuma Nicolas, tu nous dis qu'il n'est plus qu'un corps ?"

Pernelle hocha sombrement la tête. Elle observa Léandre. Elle avait rarement ressenti quelqu'un avec des intentions aussi pures. Il était vide de but, de sens dans sa vie. Mais, il avait fait le vœux de toujours protéger Sophie, il s'en était tenu au point de lui faire croire qu'il l'avait trahie. Personnelle n'osa imaginer la détresse de la jeune femme lorsqu'elle se réveillera sans lui :

"Que faisons-nous ? Demanda Alfred. Devons-nous les conduire sur le continent ? Au vu de la situation, nous pouvons les faire protéger par la couronne belge.

-Ce ne sera pas la peine. Répondit Anne. Emportez-les à Groie. Il y a peu de wiccans là-bas mais, ils sauront s'occuper d'eux."

Flamel ne cacha pas son excitation. L'île de Groie était une anomalie. Il n'y avait plus de sorcier depuis un siècle mais, les vieilles bretonnes qui y vivaient continuer de perpétuer les traditions à l'écart de la société wiccane. Même lui n'y était pas vraiment le bienvenu.

Pourtant, les vieilles femmes accueillirent avec chaleur Sophie et Léandre. Ils furent chacun placé chez l'une d'elle : Sophie chez Jehane et Léandre chez Gwenaëlle. Elles s'occupèrent de leurs corps blessés, les pansèrent et les bercèrent. Gwenaëlle mit également en place un autel depuis lequel elle pria pour que le jeune homme retrouvât son âme.

Souvenirs de la Côte d'OpaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant