XXIV. Beauté des roses

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23 juillet 2019

La “mission”, de samedi dernier, retardée par cet imbécile de Karl, nous allons y donner un autre essai ce soir. Nous avons décidé, d’un commun accord, qu’au petit matin, après avoir passé la nuit là-bas, Cole et moi partirions directement du manoir pour aller jusqu’à chez moi y passer la journée.  De ce fait, j’irais récupérer Cole à la même heure que d’habitude, aux environ de 18h00, ce soir. J’ai terminé ma journée de travail depuis 16h30, tout à l’heure, en même temps que lui, et nous sommes tous les deux impatients.

Dans le week-end, je suis parti ramener les clés au directeur. Heureusement, celui-ci avait une clé de secours et avait pu ouvrir le manoir sans problème, à l’heure habituelle (il l’a faite faire il y a quelques jours).

Quant à Nova, et bien… Comment dire… Disons que, même si la dernière fois que je suis allé voir Lana, tout s’est bien passé, je ne suis quand même pas encore prêt à lui faire face à nouveau. Si tôt. Évidemment, les gars de mon groupe ne sont pas disponibles (qui est-ce que ça étonne, sincèrement ?), j’ai donc décidé de la prendre avec nous. Avec un peu de chance, au moindre danger, elle partira en courant comme la dernière fois. Je sais que ce n’est pas très responsable de penser comme ça, et égoïste aussi. Et je n’ai pas d’excuse.

Dans tous les cas, il y a une chose que j’espère vraiment, c’est que l’on en découvre plus sur ce manoir. Jusque là, nous savons que ces silhouettes sont des âmes, de gens ayant autrefois vécu dans le manoir, qui sont, pour une raison ou pour une autre, encore accrochées à leur ancienne vie. Mais nous savons aussi, que d’une manière ou d’une autre, la famille de Cole est liée aux âmes. Par forcément celles-ci en particulier, mais ce pourrait être une piste. Autre chose, il est possible d’interagir avec elles. Du moins normalement. Peut-être que celles présentes dans le manoir sont différentes. Ah, et nous avons aussi des suppositions sur ce miroir, qui pourrait en fait être une sorte de portail donnant sur un « autre monde », un « monde des morts », un « manoir parallèle », ou en tout cas, qu’importe la manière dont on l’appelle, une autre dimension. Car derrière ce miroir, dans le manoir qui nous est accessible, il n’y a rien. A part un mur, puis un couloir.

Ça fait maintenant une bonne dizaine de minutes que je tourne en rond et fais les cents pas. Il est 17h, et au fur et à mesure que l’heure approche, j’ai de plus en plus peur qu’un incident comme celui de samedi dernier, ou même comme celui de la première nuit que nous avons passée au manoir, se reproduise. Lorsque je prend le temps d’y penser, je ne peux pas m’empêcher de craindre que cela arrive. Et en y réfléchissant, ce n’est que la seconde nuit que nous passerons là-bas. Qu’est-ce qui nous garantie que rien ne va arriver ? Qu’est-ce qui nous garantie que nous aller trouver des réponses ? Et si on en trouve, seront-elles utiles ? Inutiles ? Insignifiantes ? Ou terrifiantes ? Je n’en ai aucune idée, et je commence à être de plus en plus anxieux à cause de ça. Il reste encore 45 minutes avant que je ne doive partir, sans compter les 5 minutes qu’il me faudra pour descendre, et la dizaine de minutes pour préparer les affaires. Il va donc, encore, falloir que je me triture l’esprit pendant une bonne trentaine de minutes…

Je me suis d’ailleurs rendu compte, je ne sais plus si c’était hier ou avant-hier, que je ne connais toujours pas la raison de l’humeur différente dans laquelle était Cole, avant d’aller au manoir, samedi. Je serais étonné que ce soit la faute de Karl, étant donné que nous ne l’avons croisé qu’après, mais je reste tout de même curieux de connaître la raison. Bien qu’il soit revenu à l’humeur dans laquelle il était avant, après m’avoir confié toute son histoire, je suis quand même embêté de ne pas avoir eu de réponse. En espérant que je ne le blesserais pas en lui posant la question, je pourrais toujours essayer de lui demander. Et si c’est le cas, je suppose qu’il faudra, soit que j’attende qu’il me le dise de lui-même, soit que je me résigne à ne pas connaître la raison.

Le Mystère de MilénaWhere stories live. Discover now