Le Mystère de Miléna

XXVII. Par où s'en va le vent ?

24 juillet 2019

Nous sommes tous les deux dans la chambre, l’un en face de l’autre, dans le silence suivant mes paroles.

-C’est plus compliqué que ce que je pensais…

-Mais rien ne dis que ça va mal tourner.

-On peut toujours espérer…

Il se tait et me regarde dans les yeux. Il a raison, il y a de grandes chances pour que d’ici le moment où il partira, ça tourne mal. Il n’est plus la personne que je connaissais. Il semble toujours en alerte, toujours sur la défensive, et ses émotions paraissent presque excessives. Une seconde il est enjoué, et la suivante il est menaçant. C’en est déstabilisant.

Du salon nous parviens alors un bruit de verre qui se brise. Cole et moi sursautons et nous nous précipitons hors de la chambre.

Debout à côté d’un verre brisé (il traînait sur la table à manger), il nous regarde, les yeux écarquillés, le sac de Cole dans la main.

-Pourquoi est-ce que vous êtes si proches ?

Il laisse tomber le sac sur le sol.

-Pourquoi est-ce que tu n’a même pas essayé de me contacter quand on s’est disputés ?

Il fait un pas dans notre direction.

-Pourquoi être si gentil avec lui ?

Encore un pas.

-Pourquoi est-ce que tu n’a pas fait attention à moi alors que j’étais juste là ?

Il tape soudain du poing contre la table à manger.

-Pourquoi tu ne fais toujours attention qu’à lui ?!

Au son de son poing sur la table, sa voix qui s’est élevée brusquement fait sursauter Cole. Je le sens alors se cacher derrière moi, probablement trouvant à son goût bien trop de similitudes avec Karl.

-Regarde ! Encore maintenant c’est lui que tu protège ! Pourquoi ?!

Son poing encore posé sur la table se desserre, et son visage, jusque là déformé par la colère, se détend et laisse apparaître une expression blessée, au bord des larmes.

-Pourquoi ? On s’entendait pourtant si bien... Tu étais la seule personne qui ai jamais écouté mes jérémiades et mes histoires de famille ! La seule personne à qui j’ai jamais pu me confier… Alors pourquoi t’être éloigné si brusquement ? Pourquoi avoir obéit à ma stupide demande de me laisser en paix ?! Tu sais bien que je n’étais pas sérieux… Et puis j’ai aussi été là pour toi… Je pensais que tu me considérais au minimum comme un ami… Je n’aurais pas demandé plus… Alors pourquoi ? Je ne pensais pas que notre amitié tenait à si peu… Qu’elle était si insignifiante pour toi… Pourtant, moi, cette relation je l’ai toujours chérie ! J’ai toujours voulut qu’elle dure ! J’ai tout fais pour… Je t’ai même aidé, quand tu est parti de chez toi ! Je t’ai soutenu quand tu t’es disputé avec ta sœur ! Et quand tu a mis fin à…

-Ashelbi !

Au son de ma voix, il se coupe dans son monologue, relevant ses yeux baissés sur ses mains vers moi.

Je ne veux pas qu’il finisse sa phrase. En réalité, l’instinct a parlé à ma place, je n’ai même pas réfléchis. Car ce qu’il s’apprêtait à dire est encore un sujet bien trop sensible pour moi. Mais, voyant son regard perdu, je reprend la parole.

-Ash’. Calme toi.

-Pourquoi tu veux que je me calme ?! Comme ça tu peux me virer d’ici sans heurter vos petites oreilles ?! Comme ça cet INSIGNIFIANT incident sera oublié ?! Comme ça tu pourras à nouveau m’ignorer ?!