XXX. Le temps des incertitudes est révolu

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28 juillet 2019

Réveillé par un rayon de soleil délicatement posé sur mon visage, j’ouvre tout doucement les yeux, émergent d’un sommeil bien profond, plus profond qu’il n’a semblé l’être depuis un moment. C’est gêné par la lumière, et les yeux encore gonflés de sommeil, que je me relève lentement et m’assoie dans mon lit. Nova, allongée au bout, redresse la tête et se tourne vers moi, les yeux également dans le vague.

-On est beaux, tous les deux.

Je ris en un souffle, et mes yeux s’habituant peu à peu à la lumière, je jette un coup d’œil au réveil. Il est un peu plus de 10h, et le repas n’est qu’en fin d’après-midi. Il y a presque une semaine maintenant, la perspective de ce repas me rendait fébrile, en quête de réponses. Mais, désormais, alors qu’il n’est maintenant plus qu’à quelques heures, je commence petit à petit à angoisser. Bien que Lana semble presque disposée à me pardonner, la confronter en présence des parents est une chose bien plus différente que celle de la confronter seul à seule. Un mot de travers, un regard plus insistant qu’un autre, et mes parents risquent de se douter d’un éventuel froid entre nous. Parce que, bien que nous nous soyons disputés, c’est d’un accord silencieux, nous avons convenu de ne pas leur en parler, estimant que c’est une histoire qui ne les regarde pas.

Je commence à me lever, tout doucement et encore plongé dans mes pensées, et mes yeux se posent sur les vêtements posés sur la chaise située dans le coin de la chambre. Me revient alors en mémoire la journée d’hier, et l’insistance qu’à eu Cole pour que nous soyons assortis aujourd’hui aussi. J’ai probablement oublié de le préciser, trop fatigué ou plongé dans mes pensées, mais au même magasin que celui où il a acheté son pantalon, il en a repéré un autre dans le même style, rouge, et m’a alors harcelé pour que je l’achète. Et, évidemment, j’ai cédé. Et, évidemment, au moins ma sœur, voire ma mère également, va remarquer la similitude de nos tenues. Mon père, je ne sais pas. Il est toujours un peu dans les nuages et n’est pas vraiment observateur. Mais il est très probable que Lana s’amuse à nous charrier, et que même en tentant d’éviter le sujet elle arrive tout de même à placer des petites piques ici et là. Mais je ne lui en veux pas, à elle, ou à Cole. Du côté de Cole, je trouve ça plutôt attendrissant, voire enfantin. Un enfant voulant faire comme son modèle. Sauf que là, c’est le modèle qui s’habille comme l’enfant. Du moins je le décrirait comme ça. Du côté de Lana,… je dirais que c’est un prêté pour un rendu. Une petite vengeance. L’expression d’une rancune qu’elle garde probablement depuis des mois et qu’elle n’a pas pu relâcher. Quoiqu’elle aurait pu le faire contre Matt. Matt. Ça faisait longtemps que je ne l’avais pas vu, celui-là. Ça m’a fait bizarre, et c’est arrivé de manière tellement inattendue. Pourtant, en y réfléchissant bien, j’aurais pu essayer de deviner. Entre mon rêve et cette sensation bizarre. Mais bon, imaginer que je le croiserais là, à ce moment précis alors que ça fait des mois que je ne l’ai pas vu, ç’aurait été fort, quand même. Hier soir, après l’avoir croisé, nous sommes repartis en vitesse et j’ai ramené Cole chez lui. Ni lui ni moi n’avons abordé le sujet. Moi car je n’avais pas envie d’en parler, et lui parce qu’il l’a très sûrement senti. Alors nous avons juste parlé d’autre chose, et nous somme quittés sans en parler. Ce soir aussi je serais chargé des déplacements, c’est toujours plus simple. J’emmènerais Nova avec nous, ça fera plaisir aux parents.

Me préparant de manière machinale, les yeux dans le vague, je décide de ne pas manger, l’heure étant trop avancée. Alors, après avoir rapidement enfilé un jogging, je m’assoie sur le canapé et attrape ma guitare. Et, posé à côté d’elle, j’attrape mon classeur de partitions. Il y a de tout là-dedans. De la musique classique, au hard rock, en passant par le reggae et la musique médiévale. Alors, pensif, j’en tourne les pages, à la recherche d’une musique qui me fait envie. Et c’est seulement après quelques pages que je tombe sur une musique de Queen. Un groupe que j’aime beaucoup, et qui a marqué mes débuts à la guitare. Mais ce n’est pas sur mon premier morceau que je viens de tomber, c’est sur l’un de ceux que j’ai joués bien plus tard. Du nom de Love of my life, une musique qui me fait affreusement penser aux quelques mois s’étant écoulés après ma dispute avec Lana. En réalité, à partir des quelques instant qui ont suivis ses pas enragés hors de la maison. Quelques instants, où un mot a suffit pour que j’ai l’impression que le monde s’écroulait autour de moi. Quelle ironie. Parce que ce morceau, je l’ai enfin maîtrisé début février, quelques jours avant qu’il ne prenne tout son sens.

Le Mystère de MilénaWhere stories live. Discover now