XXV. Mortelle rose argentée

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23 juillet 2019

-Elle a brûlé une rose, et elle l’a maudit.

Lorsque les mots de cet enfant résonnent dans la pièce vide, Cole et moi avons la certitude que la mère de cet enfant, est celle qui a maudit la famille de Cole.

-Et c’est qui ta maman ?

-Castielle* Ariona !

Vous vous souvenez, j’avais expliqué que ce manoir n’avait eu qu’un seul et unique propriétaire ? Le comte Ariona.

Alors que nous regardons sans rien dire ce petit garçon, tentant d’assimiler ce qu’il vient de dire, j’aperçois du coin de l’œil une lumière. Lorsque je relève la tête, se tient devant nous la même âme que celle qui avait guérit Cole la première fois que l’on était restés ici la nuit, celle précédant toujours toutes les autres à la sortie du miroir.

Elle nous regarde tous les trois en silence, durant quelques secondes, d’un regard qui semble être le miroir d’une âme déchirée entre de nombreuses émotions contradictoires. Puis, un sourire attendrit s’affiche sur ses lèvres, elle s’accroupit lentement et pose sa main sur l’épaule du petit. Celui-ci se retourne vers elle, et dans un cri…

-Maman !

...lui saute dans les bras.

Elle l’enlace alors à son tour, et reporte son attention sur Cole et moi.

-Enchantée. Il me semble que vous me connaissez déjà. De vue, du moins.

Incapable de parler, je hoche la tête, apercevant Cole faire de même.

-Pas la peine d’être sur la défensive, je ne vais pas vous manger.

Elle rigole légèrement, d’un rire cristallin qui semble résonner comme sur des parois de verre. Maintenant qu’elle se trouve à une distance relativement proche, les traits de son visage sont alors bien plus clairs. Elle a un visage fin, des yeux en amande et un délicate constitution. Elle donne l’impression d’être une fragile créature, qui risque de se briser en un instant, mais qui est d’une magnifique beauté.

-Je suppose que je devrais commencer par les présentations. Comme vous l’as dit mon fils, je suis Castielle Ariona, femme du comte Ariona, le propriétaire de ce manoir. Mon fils ici présent, s’appelle Atlas. Atlas Ariona.

-Je m’appelle Antoine Filendrick.

-Et moi Cole Johnson.

-Ce sont des jolis noms.

Elle nous fait un gentil sourire, puis se relève. Atlas, qui était encore accroché à elle, la lâche et part en courant dans la salle. C’est en le suivant des yeux, que je remarque que le reste des âmes est en train de sortir du miroir, recommençant leur hypnotisante valse. Lorsque je reporte mon regard vers Castielle, je croise son regard, et elle sourit à nouveau.

-Est-ce que vous voulez que je vous raconte une histoire ?

Lorsqu’elle termine sa phrase, son regard nous fait comprendre que ce n’est pas n’importe quelle histoire.

-S’il vous plaît.

Elle sourit encore une fois, amusée par mon ton presque avide.

Alors qu’elle s’apprête à commencer, je remarque que nous sommes toujours assis alors qu’elle n’a nul part où s’asseoir.

Mais, devinant probablement ce qui me dérange, elle se retourne, appelle l’une des âmes dansantes, et quelques secondes plus tard celle-ci lui apporte un fauteuil, en bois sculpté et matelassé.

Le Mystère de MilénaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant