XXXII. Alors essayons

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29 juillet 2019

Assis en silence depuis quelques secondes, je cherche mes mots, le meilleur moyen de commencer à parler. Une réflexion bien difficile, avec un esprit embrumé par l’angoisse. Quelques instants, et je veux déjà m’échapper de cette pièce suffocante, partir, courir à en perdre haleine, m’éloigner d’ici sans regarder en arrière. Pourtant, je sais que c’est impossible, et les mots parviennent enfin à faire sens dans mon esprit, et j’emprunte alors le chemin de non-retour.

-Lana et moi… nous sommes disputés, depuis fin février. Nous ne voulions pas que vous soyiez au courant, et nous ne vous l’avons donc pas dit. Jusqu’à maintenant. Mais avant de commencer à vous expliquer les pourquois, je veux que vous sachiez que tout a été réglé, le problème n’est plus là, et je ne vais vous raconter là que des faits. Quoi que vous disiez, quoi que vous fassiez, ça ne changera et ne servira à rien.

Au fond de moi, je sais bien que tout n’est pas entièrement réglé. Et ma mère l’a probablement compris, au regard qu’elle me lance. Mais c’est une manière de leur demander de ne pas s’en mêler, leur dire que nous sommes capables de régler les choses par nous mêmes.

Alors, à mesure que j’entame mon récit, mon esprit, lui, part vagabonder dans des souvenirs bien plus récents qu’ils ne semblent l’être, une éternité semblant s’être frayé un chemin long d’émotions et d’évènements.

9 novembre 2018

Une dissertation sur une question d’analyse psychologique. C’est très intéressent. Ça nous donne l’occasion de laisser libre cours à nos connaissances en la matière et à notre analyse personnelle. Très intéressent, effectivement. Je l’admet… Mais il faut déjà comprendre la question. Ce serait un bon début. Et là, très sincèrement, je n’ai aucune fichtre idée de ce que je dois faire. Mais alors pas une once. Alors peut-on me dire comment je suis sensé faire ?… Moi je vais vous le dire. Je demande de l’aide.

Sur cette vive pensée, agacé, je me tourne vers mon lit et attrape mon téléphone posé dessus. Un bouton enfoncé, quelques clics, et mon téléphone sonne. Quelques secondes plus tard, à l’autre bout du fil, une voix résonne.

-Oui ?

-Matt. On est tous les deux d’accord que tu fais aussi une licence en psychologie ?

-Ah. Laisse moi deviner, tu as ce prof que j’ai aussi eu en première année et qui te donne des dissertations de seconde année en devoirs ?

-Dans le mile.

-Et tu veux que je vienne t’aider ?

-T’as lu dans mes pensées.

-D’accord, donne moi trente minutes, j’arrive.

-Yey, thanks !

Et je raccroche, un sourire idiot sur les lèvres. C’est fou à quel point il peut avoir raison parfois. Un sens de la déduction incroyable.

Alors que je tente encore tant bien que mal de comprendre cette question, une pensée apparaît en flash dans mon esprit. Ma sœur aussi fait une licence en psychologie… Mais c’est à Matt que j’ai demandé. Et alors que cette réalisation tourne dans ma tête, ce n’est que quelques secondes plus tard que j’entends la porte d’entrée s’ouvrir, provoquant alors l’évaporation immédiate de cette ennuyeuse pensée.

Nous sommes samedi, mes parents sont partis voir ma tante à trois heures d’ici, Lana est probablement encore à l’Université, et je suis donc seul à la maison. Enfin, plus maintenant.

Le Mystère de MilénaDonde viven las historias. Descúbrelo ahora