XXXI. L'heure du jugement a sonné

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29 juillet 2019

Un réveil tout en douceur, c’est ce que j’aurais souhaité avoir. Mais un mal de crâne à tuer un éléphant, ça, je m’en serrais passé. Mon esprit reprenant à peine conscience, ma tête semble déjà se faire marteler à coups de marteau-piqueur. Pas le meilleur réveil que l’on pourrait espérer...

Mes yeux encore fermés, je vois déjà la lumière du jour percer à travers. Lumière bien agressive, quand on se réveille avec la gueule de bois. Grognant alors face à cette lance dans mon crâne, je tente de couvrir mon visage avec le drap. Mais alors que je lève le bras dans un bruit de mécontentement, j’entends, à côté de moi, un léger rire. M’arrêtant alors au milieu de mon mouvement, je le repose dans sa position initiale, et tente de toutes mes forces de soulever mes paupières. Alors que j’y parviens tant bien que mal, les rétines brûlant aux rayons du jour, j’aperçois, en face de moi une légère ombre. Quelques secondes passent, et mes yeux s’accoutument peu à peu à la violente lumière. Jusqu’alors entrouvertes, mes paupières se relèvent complètement.

Devant moi se trouve alors la seule personne capable de me faire sourire un matin tel que celui-là. Et, c’est dans un flash, alors que je parviens doucement à distinguer les traits de son visage, que la soirée de la veille me revient en tête. La musique, les danses, le repas, les mots vides de conversations simples, et l’alcool, le vin, le Get, et la musique, encore, et les danses, à nouveau, puis lui, et la piscine, et toutes ces sensations, toutes ces barrières tombées, ce simple contact de quelques secondes, quelques minutes. Et alors que, souvenir après souvenir, mon esprit s’éveille, je sens peu à peu mon visage chauffer, et rougir face à la personne qui se tient allongée en face de moi, visage tourné dans ma direction, et yeux luisants de sommeil, un doux sourire sur le visage.

Alors, le visage chauffé à blanc, et les yeux toujours plantés danss les siens, je brise le contact et me réfugie sous le drap.

Et dans un rire, il tapote ma tête de son doigt.

-Pas la peine de te cacher, je suis aussi gêné que toi.

Mes yeux se sont probablement agrandis au fur et à mesure que la mémoire me revenait, et il semble si calme à côté de mon cœur qui semble danser la salsa dans ma cage thoracique. Pourtant, ce n’est pas cette attitude sereine qui m’étonne, c’est l’ouverture que semble avoir son esprit. C’est le ton léger sur lequel il parle, et avec lequel il exprime cette simple petite émotion.

Je ressors alors seulement le haut de ma tête, ne laissant dépasser que mes yeux, et l’observe quelques secondes en silence. Ses pupilles posées sur moi, elles semblent briller telles des pierres précieuses, péridots brillant au soleil. Une nouvelle teinte de vert, une variante à l’émeraude de la veille. Un péridot. Une pierre vert clair, semblable à une jeune feuille, qui signifie connaissance et pouvoirs magiques. Magnifique, n’est-ce pas ? Peut-être est-ce là le signe de nouvelles découvertes, je n’en sais rien. Mais une chose est sûre, il ne me semble pas avoir autant fait attention à ses yeux jusqu’à aujourd’hui, petit rayon de soleil allongé à côté de moi. Il me fixe, avec patience, et fascination, un visage attentif, des sourcils détendus, des yeux ouverts sur ses pupilles. Quelques mèches tombant nonchalamment sur son front, le soleil qui me fait face y dépose des reflets dorés, dans une masse de cheveux châtains. Un châtain doux, clair.

Perdu dans ma contemplation, son sourire toujours illuminant son visage, mes yeux désormais habitués à la lumière, la batterie dans ma tête semble avoir ralentit le rythme et mon esprit s’être fait plus clair. Alors, dans un mouvement du bras hésitant, j’invite Cole à s’approcher. Un geste auquel je n’ai pas réfléchis, quelque chose que j’aimerais faire depuis longtemps. Pourtant, je viens seulement de le réaliser. Réaliser que j’ai désiré ce simple toucher pendant je ne sais combien de temps. Mais ce n’est pas un contact comme on peut en faire pour dire bonjour, pour jouer, ou sous le coup de l’émotion. C’est différent. Et c’est marrant comme l’esprit peut fermer les portes du regard de quelqu’un sur ses propres sentiments, sur ses propres émotions et sensations. Alors que les signes ne trompent pas, alors qu’inconsciemment on en remarque certains, et que le reste se cache sous une attitude de tous les jours, notre esprit ferme ses paupières. Et ce n’est que quand tout vient nous frapper au visage, que nous réalisons alors ce "tout". Ce n’est que quand ce que notre corps à longtemps désiré lui parvient enfin, que les paupières s’ouvrent, éblouies par la lumière du jour, et que tout s’éclaire. Une belle métaphore, pour un magnifique matin. Et, Cole dans mes bras, il me semble enfin prendre l’inspiration profonde pour laquelle j’étouffais depuis un certain temps déjà.

Le Mystère de MilénaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant