X. Retour à la réalité

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7 juillet 2019

Pdv Antoine

Si on me demandais un jour de décrire la mort, je pense que je décrirais les sensations qui me parcourent actuellement. Ou celles que je ne ressens justement pas. Je n’ai plus de souvenirs. Plus de sensations. Ma tête est vide. De tout. Jusqu’à présent, j’ai l’impression qu’une éternité est passée. Que j’étais enfermé dans le néant. Dénué de toute conscience. Une enveloppe corporelle vide. Je ne pourrais même pas parler d’enveloppe corporelle, de consistance. Je me sentais comme… une légère brise.

Pourtant, alors que, sentant peu à peu ma conscience s’évaporer, je me disais que c’était la fin, me voilà là, pensant, conscient et probablement vivant. Mais pourquoi sentais-je ma conscience s’évaporer ? Que s’est-il passé pour que j’en vienne à cet état là ? Je n’ai pas pour habitude de me mettre à ce point en danger… Du moins je crois ? Peut-être est-ce un accident de la route ? Un incendie ? Ou un bête concours de circonstances ? Peut-être quelque chose qui sort totalement  de l’ordinaire ? Mais quoi …? Mes seuls souvenirs remontent à… à combien de temps ? Je ne sais même pas quel âge j’ai. La dernière image que contient mon esprit, est celle d’un grand parking et de nombreux adolescents. Il me semble qu’à ce moment là… Nous allions… visiter quelque chose ? Mais où ? Et quoi ? Et qui inclus le « nous » ?

Tentant de creuser dans ma mémoire, me viens alors à l’esprit une image floue d’une sorte de manoir. C’est en poussant à la rendre plus nette, qu’afflue alors une vague gigantesque d’images, de sons et d’émotions, défilants à une vitesse hallucinante dans mon esprit. Parmi elles, certaines d’une grande puissance se distinguent des autres. J’y observe alors, dans ce fouillis de souvenirs, de longs couloirs de manoir, un grand miroir, une classe de 3ème de 29 élèves, une longue journée lumineuse et pleine d’émotions, un banal retour en bus, puis de nombreux flashs d’un établissement scolaire, d’un meilleur ami, de nombreux amis, de joies, de peines, de deux années banales de lycéen.

Puis quelques communs mois de terminale, et un soir, dans une grande maison, autour d’un repas, une sœur, puis une nouvelle personne, entourée de doux sentiments… Apparaît ensuite l’inconnu, une peur cachée sous des sourires, et vaincue par une confiance florissante, sortie de terre en réponse au rapprochement de deux nouvelles moitiés. Et puis, l’amour, magnifique rose venant parer un jardin de toutes couleurs et de toutes nuances. Petit bourgeon devenant fleur, une après-midi, un esprit embrumé et une musique, une danse à deux et des rayons de bonheur, toujours éblouissants et sans nuages. Des cadeaux et un magnifique chiot. Pourtant de la culpabilité, petit nuage perdu dans ce grand ciel. Dans ce grand ciel où apparaît, là où on ne le soupçonnerais pas, quand on ne l’attendrais pas, un éclair imprévu, puis une grande vague de peur et de colère, de confusion, de regret. Mais c’est après l’éclaire que vient le son, que viennent des cris de rage et une porte qui claque, puis des verres qui s’écrasent sur le sol, de même que quelques gouttes de cette vague, brisant son bocal de verre dans un fracas d’éclats brisés…

Plusieurs mois passent, et la tristesse et le regret demeurent, sans que rien n’y fasse… Un appartement, des pensées rangées au fond de son esprit… Puis une nouvelle préoccupation, curiosité et souvenirs, obscurcissant la peine et ramenant le sourire. Reviens alors le grand parking, les longs couloirs et le grand miroir… Un bureau et une découverte, une petite boîte, une salle sombre, une valse lumineuse et hypnotisante, lumière perçant la pénombre de la pièce. Puis une grande silhouette, des yeux sombres, un sourire décharné, et des cris, de la peur, de la colère, faisant grandir l’inquiétude, avec la bienveillance, un regard triste et terrifié…
Une voix, et ce même visage, qui reviennent, toujours, accompagnés de cette même bienveillance, de calme, une petit rayon de soleil, voilé pas des nuages noirs, couvrants son regard, regard d’une étincelle seulement naissante, une précieuse étincelle à protéger et chérir, en devenir d’une belle flamme éblouissante. Et toujours la même personne… le même garçon. Je ne me souviens même pas de son nom… Par quelle lettre commençais-t-il déjà ? Un K… ou un M ?…Non... Un L… un N ? Peut-être un Q ?… ou un D ? Un E ? Un C ?… Un C ? Oui, c’est ça, un C ! Un prénom qui commence par C… Cédric ? Non ça c’est dans Harry Potter. Caius ? Non plus, ça c’est un titan dans… Hum bref… Chanwoo ? Aaah ça non plus… hum... Chris ? Ou Chan ?… Ah non, ça c’est un idole. Charlie peut-être ?… Toujours pas, ça c’est dans Charlie et la chocolaterie. Cloud ? … Ah non, personnage de jeu vidéo. Conny ? Non, Shingeki no kyojin… Mais je crois que j’y suis presque… Co… Co…las ? Non, ça c’est un youtubeur. Col… Col… ? Oh ! Cole ! Il s’appelle Cole ! Et ben, c’était long ! Mais j’ai trouvé !
Il s’appelle donc Cole. Et était avec moi. Et cette créature qui a pris possession de moi. Cette créature qui a… Attend… Mais ça veux dire, qu’elle aurait pu lui faire du mal ?! Sans que je puisse rien faire ?! Et si elle l’avait tué… Ou qu’il était blessé ? D’ailleurs où est-il ? Et où je suis, moi ? Est-ce que je suis toujours dans la salle ? Si oui, est-ce qu’il est avec moi ? Et dans ce cas où est la créature ? Comment ça se fait que je sois à nouveau conscient ? Et si il était arrivé quelque chose de très grave ?!

Le Mystère de MilénaWhere stories live. Discover now