Just because it's you

Prologue

Dans la vie, il y a deux catégories de personnes. Celles qui se lèvent en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, et celles qui seraient capables de fracasser leur réveil contre le mur, histoire de dormir un peu plus. Je pourrais vous faire une liste détaillée des raisons pour lesquelles j'appartiens à la deuxième catégorie. Mais la sonnerie stridente de mon réveil parvient à mes oreilles pour la troisième fois, ce qui ne peut vouloir dire qu'une chose. Je suis encore en retard. Alors, même si l'idée du mur ne me déplaît absolument pas, je me résigne à regarder l'heure. Merde. C'est pire que ce que je ne croyais. Voyez-vous, je suis le genre de personne qui a besoin d'au moins trois réveils pour être sûre de ne pas se rendormir. Vous me direz que ce n'est pas grave, tant que ça me permet d'être à l'heure. Malheureusement, j'arrive toujours à me mettre en retard. Même pour mes fêtes d'anniversaires. La honte.

Je mets mes écouteurs et me lève pour aller dans la salle de bain, profitant que mon frère ne l'ai pas encore accaparée. Le reflet que me renvoi le miroir me fait presque peur. Mes yeux sont gonflés et de grandes poches violacées me servent de cernes. C'est la tête que j'ai quand je rêve de lui, ou plus précisément de cette journée. Ressasser le passé ne mène à rien de bon. Penser à lui ne mène à rien de bon. Pourtant, il me hante comme mon ombre, il est ancré dans un coin de ma tête sans que je n'arrive à le sortir de là. Mais c'est ce que je dois arriver à faire, l'oublier, lui et notre amitié qui a duré plus de quinze ans. Pour la simple et bonne raison qu'aujourd'hui, personne ne le déteste plus que moi. Je chasse mes pensées négatives et attrape ma brosse à dent. Mon cerveau marche au ralenti, tout comme mon corps d'ailleurs. Je me douche et m'habille d'un jean taille haute noir et d'un croc top blanc. J'attache mes longs cheveux bruns en une queue de cheval haute et me mets une touche de mascara pour faire ressortir mes yeux noisette. J'ajoute un peu d'anti cerne et le tour est joué.

- Grosse tête, dépêche-toi, on va être à la bourre !

Je regarde mon téléphone. 7h05, merde. Je me mets un rapide coup de parfum et sors vite de la salle de bain pour faire face à la tête encore endormie de mon grand frère. Je ris intérieurement.

- Désolée Liam, je n'avais pas vu l'heure, m'excusé-je en le serrant dans mes bras.

- T'inquiète p'tite sœur, ta salle de bain sera bientôt réparée et je n'aurai plus à t'attendre une heure.

- Dit le mec qui contemple son reflet à longueur de journée.

Je lui tire la langue comme l'enfant que je suis et presse le pas jusqu'aux escaliers, pendant que Liam entre dans la salle de bain. Je me perche sur une des chaises hautes de l'îlot central de la cuisine et attends patiemment. Je range mon téléphone lorsque j'entends des pas dans l'escalier et regarde l'heure. A peine dix minutes... c'est facile d'être un mec.

- On y va, grosse tête ?

- Ok, j'arrive !

J'attrape mon sac de cours et le suis.

- D'ailleurs, pourquoi tu viens avec moi ? Demandé-je en fermant la porte.

- Je dois aller voir des potes en ville et ma voiture est encore au garage.

Je hoche la tête et regarde l'heure pour la quatrième fois de la matinée. 7H15. Ça va, j'ai géré.

- Quand rentrent les parents ? Je le questionne en marchant.

- Je ne sais pas, grosse tête. De toute façon, on est bien tout seuls, non ?

- Tu dis surtout ça parce que tu peux ramener autant de filles que tu veux et faire des soirées avec tes potes, dis-je en levant les    yeux au ciel.

- Hum... je ne vois pas du tout de quoi vous voulez parler, jeune fille.

Je lève les yeux au ciel et ouvre mon paquet de gâteau, car comme toute personne non ponctuelle, je n'ai jamais le temps de déjeuner.