Chapitre 3

244 29 5
                                    

Maman m'a dit d'aller aux toilettes au milieu de la représentation de Lilly, et qu'elle me rejoindrait juste après. J'entre dans les toilettes, elles sont vides. Je m'assois à côté des lavabos, et attends ma mère en faisant une rapide recherche sur une personnalité qui a apparemment inspiré le spectacle de ma sœur.

Les portes s'ouvrent, et un homme entre dans les toilettes. Comme c'est une vieille salle de concert, les toilettes sont mixtes, et je dois dire que je ne suis pas habituée à partager une telle intimité avec le sexe opposé. Mais bon... Il n'a rien fait de mal et moi non plus. Il me regarde de bas en haut, puis me demande si je fais la queue. Je lui réponds que non, et il entre dans une cabine.

Peu de temps après, ma mère arrive, et avant qu'elle ait pu dire quoi que ce soit, je lui fais signe qu'il y a quelqu'un dans les toilettes. Alors elle commence à sortir de son sac à main une trousse de toilette, et entreprend de se maquiller.

L'homme sort des toilettes, et tout en se lavant les mains, nous jette un coup d'œil. Il se sèche les mains, et alors qu'il allait sortir, je me dis que c'est peut-être lui le contact, et qu'il ne sait pas nous identifier. Alors je dis à ma mère :

— Maman, j'en peux plus d'attendre...

Je fais une pause avant de finir ma phrase :

— C'est quand qu'il se finit ce fichu spectacle ?

Heureusement, j'ai réussi avec ma phrase d'accroche à faire se retourner le mec. Il me regarde en fronçant les sourcils, et je lui envoie un grand sourire. Finalement, il referme la porte des toilettes qu'il avait ouverte et s'adosse dessus.

— C'est vous ?

— C'est nous.

Ma mère a répondu, et je la vois continuer de se maquiller comme si de rien n'était.

— Vous êtes pressées ou pas ?

Je ne comprends pas le sens de sa question. On est pressées de quoi ?

— Oui. Moins de deux semaines.

Ah, j'ai compris. Le temps qu'il me reste avant d'avoir un mec collé à mes basques pour le restant de ma vie.

Le type me regarde avec intérêt, puis me demande nos prénoms et nos âges.

— Halmia, quarante-cinq ans.

— Adilya, vingt ans.

Il hoche la tête, puis nous tend un bout de papier. Je le prends, et il sort des toilettes sans rien dire de plus.

Nous ressortons tour à tour des toilettes, après que ma mère m'a bien dit de garder le papier caché jusqu'à ce qu'on soit rentrées à la maison.

Une fois le spectacle terminé, je suis ma famille hors de la salle de spectacle, et au passage je bouscule quelqu'un. J'allais me reprendre et m'excuser, mais quand je vois que c'est un homme, je ne dis rien. En effet, l'Union nous a appris à penser que tout est de la faute de l'homme. Alors je ne veux pas me faire prendre à quelques jours de ma liberté juste parce que je n'ai pas suivi les règles et que je me suis excusée d'avoir bousculé quelqu'un. L'homme se retourne et s'excuse, et je remarque qu'il s'agit du mec de tout-à-l'heure. Je lui fais une grimace pour m'excuser sans le faire, et je le vois faire un sourire en coin. Il ne dit rien de plus, et je le vois rejoindre sa famille.

Je retrouve la mienne qui s'est perdue dans la foule, et monte au dernier moment dans le tramway. Heureusement que je ne l'ai pas loupé, j'aurais dû attendre plus de vingt minutes pour que le suivant m'emmène à destination.

Une fois arrivée, ma mère demande à me parler dans son bureau, apparemment à propos de mon enregistrement de ce matin, et elle envoie mon père s'occuper de mes petites sœurs. Je la suis en silence, et attends qu'elle ait fermer la porte de la pièce pour sortir le bout de papier de ma poche.

L'Union FéminineWhere stories live. Discover now