Chapitre 54

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Pour cette dernière nuit, Nikoley a accepté que je la passe avec lui, dans son lit. Il ne s'est rien passé, mais comme c'était peut-être la dernière fois qu'on se voyait...

Ce n'est que le lendemain que l'entièreté de la grange est mise au courant de l'attaque pour le soir-même. Comme ça, l'espion, quel qu'il soit, n'a pas eu le temps d'alerter l'Union pour qu'elle se prépare. Toute la journée s'est déroulée normalement, même si au fond de moi j'avais de plus en plus peur.

Lorsqu'enfin l'heure est venue, chacun d'entre nous s'arme d'un pistolet, ou d'une arme blanche, et s'habille en noir. Ainsi, nous serons moins repérables de nuit.

Le général a demandé à tout le monde de se réunir en bas dans l'allée centrale pour donner un dernier discours. Je suis accoudée à la rambarde du premier étage avec tous mes amis, car en bas l'allée est pleine de résistants. C'est à peine s'ils arrivent à bouger. Le général, placé en haut de l'escalier, a une vue sur nous tous, et nous dit :

— Mes amis, le grand jour est arrivé. C'est ce soir que nous allons attaquer l'Union Féminine !

Aussitôt, un brouhaha se répand dans la grange, mais le général le fait bien vite taire.

— Sachez que certains d'entre-vous ne reviendront pas ici demain. Mais nous devons tous nous battre pour une vie meilleure pour ceux qui survivront à cette nuit ! Vous allez tous être répartis en formations de cinquante personnes, avec deux chefs par formation. Chaque formation a un but, que ce soit un bâtiment à incendier, une personnalité politique à arrêter, ou des familles à protéger ou libérer. Nous vous demandons de ne pas tuer d'innocents, mais de supprimer toutes celles, et ceux, qui se battront face à nous ouvertement, et volontairement. Nous allons maintenant vous appeler, et vous sortirez de la grange par formation.

S'ensuit alors dans le plus grand des silences, l'appel des résistants par formation. Le cœur lourd, je vois être appelés et partir, la presque totalité de mes amis, et mes parents, à qui je n'aurai pas pu dire au revoir. Au bout de trois quarts d'heure, il ne reste qu'une centaine de personnes. J'écoute le général attentivement quand il annonce une nouvelle formation.

— Gwënaël Rihuf et Adilya Següin en chefs de formation, avec pour but de sécuriser le siège du gouvernement, et d'empêcher quiconque d'en sortir. Mission de sécurité et d'importance capitale. Avec vous, Kilyen Groes, Milana Derouf...

Je n'écoute plus le général. J'embrasse Nikoley qui n'a pas encore été nommé, je descends l'escalier, et traverse l'allée presque vide. Je suis cheffe de formation, avec Gwënaël ! Ils m'ont vraiment mise avec lui ?! Ce salaud qui m'a torturé avec Jackson ?!

Je soupire, et sors de la grange. Dehors, cinq personnes sont déjà sorties, dont Gwënaël. Je le regarde. Je ne sais pas comment réagir après tout ce qu'il m'a fait subir.

Lorsqu'il s'approche de moi, je recule instinctivement, mais il m'attrape par le bras et me dit à l'oreille :

— Je propose un cessez-le-feu le temps de la guerre contre l'Union, on est du même côté, et on a cinquante personnes à garder en vie, et une mission à mener à bien. Pour la résistance, nous nous devons de réussir et de mettre de côté nos différends.

— Nos différends ?! Parle pour toi ! Mais d'accord, la mission d'abord.

Il me dégoûte, mais il a raison. Même si je veux bien qu'on ne s'étripe pas le temps de cette nuit, ça ne veut pas dire pour autant que j'oublie tout ce qu'il m'a fait subir.

Lorsqu'il me relâche, je remarque que tout le monde est sorti de la grange, et que notre formation est complète. Je fais un signe de tête à Gwënaël, car même si je le déteste, au point de vouloir le tuer, je sais qu'à nous deux on est capables de mener à bien notre mission.

Nous voilà donc partis tous les deux, à la tête de cinquante hommes et femmes, pour le centre-ville de la société, la place la plus dangereuse de la ville.

L'Union FéminineWhere stories live. Discover now